Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

10 Outre qu'ils se battaient entre eux, les C?~munistes allemands se battaient contre les socialistes. Somme toute, sans les socialistes, ces s~ipendiés du capitalisme qui avai~nt été assez _habilespour inciter ces sots d'ouvriers à les suivre, le P.C. allemand aurait pu aller _de l'avant ~ans riva~x pour gagner la classe ouvrière. Il fallait donc dis: créditer le S.P.D. et attribuer chaque revers subi par le P.C. à la trahison du S.P.D., les. S?cialist~s devenant « l'aile gauche de la bourgeoisie», puis des «social-fascistes». Une résolution de !'Exécutif du 9 janvier 1924 déclarait que cc la couche dirigeante de la socialdémocratie allemande n'est à l'heure actuelle qu'une fraction du fascisme allemand portant un masque socialiste». Au, congrè~ ~u P.C. al~emand en juillet 1925, les theses politiques, vote.es par 166 voix contre 4, firent de cc la destruction de l'influence contre-révolutionnaire du S.P.D. sur les masses »la tâche principale du Parti. Goussiev, représentant soviétique à la réunion du Comité central allemand, fin 1929, déclara que le plus important aspect de la lutte était le combat contre le social-fascisme. Un article de Dengel paru un an plus tard (Communist International, 1er décembre 1930) mettait l'accent sur _la lu~e c~ntre le fascisme dans laquelle le Parti devait denoncer cc le rôle des national-fascistes et des social-fascistes pour détruire leur influence dans le prolétariat ». En clôturant la onzième session plénière de !'Exécutif (Communist International, 15 juin 193_1), Manouïlski déclara qu' « en Allemagne le principal obstacle aux crises révolutionnaires est, en premier lieu, le fait que la base de masse de la social-démocratie et des syndicats réformistes n'a pas encore été définitivement brisée». Il mit en garde contre l'argument socialiste selon lequel un régime parlementaire était préférable à une dictature extra-parlementaire, argument du S.P.D. pour cacher cc le fait fondamental que le fascisme et le social-fascisme sont deux aspects d'un seul et même rempart social de la dictature bourgeoise. Dissiper ces illusions des masses assurera la dislocation de la base de masse de la social-démocratie à l'intérieur de la classe ouvrière» (p. 345). Dire que le fascisme est différent en principe de la démocratie bourgeoise ou le parti nazi du S.P.D. cc constitue les erreurs les plus pernicieuses et destructrices pour le mouvement communiste. A l'heure actuelle, c'est là notre principal danger» (ibid.). II poursuivit en se moquant des « experts » dans les partis communistes qui « cherchent littéralement au microscope les plus menus détails qui distinguent la forme fasciste de la dictature bourgeoise d'un type dit normal». Rien d'étonnant si aucun des articles examinés ici ne cite la onzième session de !'Exécutif. Dans la même revue (n° du 15 mars 1932), un long article explique que les difficultés dans la lutte contre le fascisme ne signifient pas « qu'on doive ~iger la principale attaque non con~e la LE CONTRAT SOCIAL social-démocratie, mais contre les fascistes» (p. 149). Il poursuit : Le onzième plénum de !'Exécutif a constaté que la social-démocratie représente le principal rempart social de la dictature bourgeoise, et c'est en conséquence · contre elle que nous devons diriger notre principale attaque afin de rallier la majorité de la classe ouvrière. Certains partis, par exemple nos partis .allemand et autrichien, ont pris cette décision au sérieux : ils ont entrepris une lutte énergique et efficace contre la socialdémocratie. AVEC plusieurs années de retard, le terme « social-fasciste » fut mis au rancart, mais " même alors il fut difficile aux dirigeants du P.C. allemand de cacher que, selon eux, le « front commun » devait être établi aux conditions des communistes. Dans sa résolution du 1er août 1934, le Comité central allemand, au dire de M. Kisliakov, « exigea la réorganisation de tout le travail intérieur du Parti ». Le Parti était maintenant résolu à combattre le sectarisme, l'attitude erronée envers les ouvriers socialistes, ce qui « prit la forme d'efforts pour crée~ le front commun en faisant entrer les social-démocrates au P.C. allemand>>. Cette résolution, selon Pieck, fut cc un tournant » dans la tactique du Parti. Un an et quelque plus tard, la conférence du P.C. allemand à Bruxelles condamna le mot d'ordre cc venez à nous» lancé en été 1933, mot d'ordre qui avait rendu difficile la formation du front commun, et blâma « la fausse appréciation portée sur la social-démocratie comme principal soutien social de la bourgeoisie, même sous la dictature fasciste ». La politique condamnée à Bruxelles est illustrée par une résolution de mai 1933 du Comité central allemand qui affirmait que « l'exclusion complète des social-démocrates de l'appareil de l'État et la dure pression exercée sur les organisations et la presse social-démocrates ne changent rien au fait que, maintenant comme avant, la social-démocratie est le principal soutien social de la dictature capitaliste». Cela, dit M. Kisliakov en un euphémisme d'un rare cynisme, rendit difficile l'unité d'action avec les ouvriers socialistes. A la même conférence, Pieck déclara que « la majorité des dirigeants du P.C. ne faisaient qu'élargir» par leur action « la rupture entre les ouvriers social-démocrates et les communistes». L'offre d'un front commun, déclara la conférence, ne devait pas être considérée comme une simple formalité, « un prétexte pour dénoncer les dirigeants social-démocrates ». Ayant passé seize ans de son existence à combattre les socialistes, à bafouer la République 4e Weimar et à couvrir d'opprobre la « démocratie bourgeoise » (attitudes ayant leur parallèle dans le nationalisme extrémiste), le P.C. allemand, ap~ès presque deux ans de go~vemement hitlé-_

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