JANE DEGRAS et Kamenev pour discréditer Trotski ; il ne dit pas davantage que, peu avant le XIVe Congrès (décembre 1925), Zinoviev et Kamenev eurent le plein appui de Kroupskaïa ; que le principal grief de l'opposition de Léningrad était l'abandon dans lequel on laissait l'industrie; que les partisans de Kamenev furent révoqués de leurs postes ; que Kroupskaïa protesta contre la croissance du « culte de Lénine», invitant à discuter les problèmes au lieu de citer les écrits de son défunt mari ; que Trotski garda le silence tout au long du Congrès où la majorité ne se distingua que par la grossièreté, le cynisme et un comportement de voyous. Malgré tout, il faut rendre justice à M. Rouban. L'article sur le Comintern dans la 2e édition de la Grande Encyclopédie Soviétique ( vol. 22, mis sous presse en septembre 1953, c'est-à-dire six mois après la mort de Staline), disait de Trotski, Zinoviev, Boukharine et leurs partisans qu'ils étaient « à la solde des services de renseignements impérialistes comme assassins, espions et diversionnistes ». Selon M. Rouban, ils « se joignirent à la contre-révolution intérieure et extérieure et devinrent une force antisoviétique ». Il les accuse de « haine contre le Parti et les soviets », mais ne juge pas nécessaire d'expliquer l'origine de cette haine. Et par moments son cœur pourtant vaillant défaille. En écrivant sur la septième réunion plénière de !'Exécutif (décembre 1926), il consacre une phrase au débat et à la résolution sur la question chinoise - qui fut alors la question la plus âprement débattue. L'opposition, dit-il, « profita des échecs momentanés de la révolution chinoise pour attaquer le Comintern ». Un historien de ce calibre aurait pu aisément suggérer que Staline voulut la rupture du P.C. chinois avec Tchang Kaï-chek tandis que Trotski préconisait l'alliance avec Tchang, laissant entendre ainsi l'exact opposé de la vérité, comme il le fait ailleurs dans son article. UN LONG ARTICLE de M. Kisliakov dans Voprossy Istorii (1959, n° 12) concerne « la lutte du P.C. allemand pour établir un front antifasciste commun pendant les premières années de la dictature fasciste». (Personne ne semble avoir eu le courage d'écrire sur la tactique du P.C. allemand avant l'arrivée des nazis au pouvoir.) Les fascistes furent appelés au pouvoir, dit M. Kisliakov, par les milieux agressifs de l'impérialisme allemand avec l'appui des milieux dirigeants américains, anglais et français, et ils Y-urent le faire grâce à la politique des socialistes (S.P.D.) qui avait divisé et désarmé la classe ouvrière. En dix occasions, dit-il, entre juillet 1932 et le 30 janvier 1933 (date à laquelle Biblioteca Gino Bianco 9 Hitler devint chancelier), le P.C. allemand proposa une grève générale au S.P.D. qui fit la sourde oreille. Il proposa même une grève générale le 1er mars 1933, mais le S.P.D. refusa derechef, car «il craignait la révolution plus que la dictature fasciste». (Plus tôt, quand le S.P.D. et les syndicats discutaient l'éventualité d'une grève générale, le Comintern l'avait traitée de « mot d'ordre démagogique » et de «manœuvres abominables et visqueuses » ; cf. Communist International, 15 mars 1932, p. 15r.) Pour prouver que le S.P.D. était «prêt à collaborer avec Hitler », M. Kisliakov va droit à la source : la Pravda. Le même journal lui fournit l'information que, «sur les instructions de Gœring, les dirigeants du S.P.D. (...) visitèrent nombre de pays européens, ayant accepté la honteuse mission de réhabiliter les atrocités fascistes devant l'opinion mondiale». Sur la politique du P.C. allemand pendant les dix années écoulées entre le putsch de Hitler en 1923 et son avènement à la chancellerie, nous n'apprenons pas grand-chose sinon qu'il y eut des «erreurs». L'auteur cite Pieck Pendant les deux ans qui précédèrent la dictature de Hitler, il y eut de sérieuses erreurs, tant statégiques que tactiques, dans la conduite de notre politique (...) dans l'appréciation de la situation et du rapport des forces de classes ainsi que dans l'orientation de notre principale attaque. Le lecteur (mais non M. Kisliakov ni d'ailleurs M. Pieck) pourrait demander : si l'appréciation de la situation était fausse, si le P.C. allemand fut incapable de comprendre ce qui se passait en Allemagne, s'il s'engageait dans la mauvaise direction, qu'y eut-il d'autre que des erreurs dans sa politique ? Que faisaient ses dirigeants qui se prétendaient armés d'une théorie scientifique pour une analyse et des prévisions correctes ? Et ne pourrait-on pas les considérer comme au moins aussi responsables que les infortunés dirigeants du S.P.D. qui, après tout, ne se targuaient pas d'avoir un aussi merveilleux outillage scientifique ? Cependant Thaelmann finit par comprendre, un peu tard il est vrai. A la réunion du Comité central du P.C., le .7 février 1933, nous dit-on, il «mit devant les communistes comme leur première tâche la création d'un front commun, l'organisation d'une lutte de masse contre le fascisme». (M. Korsounski attribue la formulation de cette «première tâche» au camarade Ulbricht 11 .) Mais si le P.C. allemand ne se préoccupait pas avant tout d'organiser la lutte contre le fascisme avant l'arrivée de Hitler au pouvoir, que faisait-il donc? Cette question n'intéresse pas M. Kisliakov, mais il n'est guère difficile de trouver la réponse. II. Voprossy lstorii K.P.S.S., 1960, n° 1, p. 96.
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