Le Contrat Social - anno IV - n. 5 - settembre 1960

314 analysé le travail souterrain du Komintern et de son appareil de liaison (O.M.S.), les méthodes de téléguidage et le financement des partis communistes et de leurs organisations annexes, M. Nollau consacre des pages lucides à la dissolution du Komintern et à la fondation du Kominform, enterré à son tour en 1956. Nous avons tenu à vérifier de nombreux points et nous n'avons trouvé que quelques erreurs secondaires. Ainsi, le suffrage universel en Belgique (p. 30) ne fut pas obtenu par la grève générale de 1913 ( celle-ci se termina par un échec), mais seulement au lendemain de la guerre ; la social-démocratie autrichienne (pp. 33-34) n'eut pas l'occasion de voter les crédits de guerre, le Reichsrat n'ayant pas été convoqué par le président du Conseil Stürgkh; le congrès socialiste italien de janvier 1921 qui consacra la scission ne se tint pas à Milan (pp. 124 et 129) mais à Livourne comme l'auteur l'indique d'ailleurs lui-même à la page 247. Abstraction faite de ces lapsus, le livre apporte une documentation digne de confiance, vérifiée et filtrée par un auteur scrupuleux, érudit et méthodique. Cet ouvrage est en tout cas d'une importance telle qu'il faut souhaiter de le voir bientôt traduit en français. LUCIENLAURAT. Une cause entendue JEANBABY: Critique de base. Paris 1960, Éd. F. Maspero, 256 pp. L'AUTEUeRst un disciple de Staline et un pratiquant du stalinisme. Il a donc approuvé, comme tous ses congénères, il s'est rendu moralement complice des crimes et des atrocités que Khrouchtchev a mentionnés dans son discours secret au :xxe congrès du Parti, ainsi que des abominations de toutes sortes qu'il a passées sous silence. Il est de ceux qui ont vu en Lénine un lamentable minus habens entouré d'espions et d'agents de l'impérialisme : Trotski, Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Radek, Piatakov, Racovski, Rykov, Tomski, Sokolnikov, Préobrajenski, Krestinski et mille autres ; qui ont applaudi aux tortures et aux tueries mises en œuvre par Iagoda, Iéjov et Béria, aux ordres du « chef génial » ; qui ont justifié le massacre de millions de paysans, la décimation des cadres de l'armée soviétique, l'extermination de la plupart des militants communistes ayant participé à la révolution d'Octobre. Il a souscrit comme tous ses pareils au pacte de Staline avec Hitler qui a rendu possible la guerre et ses horreurs ; au nationalisme et à l'antisémitisme staliniens, qui caractérisent encore le pseudo-communisme soviétique; à la déportation de peuples entiers du Caucase, de la Crimée, de la Volga; à l'annexion par l'URSS des pays Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Baltes et d'autres territoires en Europe centrale et orientale; à l'asservissement de plusieurs nations européennes dénommées par antiphrase démocraties populaires ; au militarisme et à l'impérialisme soviétiques qui font peser sur lemonde une menace permanente de guerre et imposent aux démocra-- ties pacifiques des dépenses exorbitantes pour leur armement défensif. Il a loué enfin les répressions sanglantes ordonnées par Khrouchtchev pour mater les travailleurs conscients de Berlin, de Poznan, de Budapest. A présent il publie un livre où, à la première page de l'avant-propos, on apprend que le parti communiste français, le parti des fusilleurs, « a un passé glorieux» et que« l'avenir lui est ouvert». ~ Au moins, on est tout de suite fixé et dispensé de lire les lignes et les pages suivantes. ANDRÉ HAVAS. Marxisme et théologie GASTONFESSARD: De l'actualité historique. I. A la recherched'une méthode. -· II. Progressisme chrétien et apostolat ouvrier. Paris I 960, Desclée De Brouwer (Recherches de philosophie), 300 + 518 pp. L'OBJETde ce travail est défini par les soustitres des deux tomes : il s'agit de mettre au point une méthode de théologie historique qui puisse être utilisée pour la réfutation du progressisme chrétien, source idéologique de la pénible aventure des prêtres-ouvriers, convertis par ceux qu'ils voulaient évangéliser. Dans les deux directions, le R.P. Fessard, S. J., fait preuve de qispositions d'esprit particulièrement originales : il n'estime pas que les armes traditionnelles de la théologie thomiste soient·suffisantespour mener à bien son entreprise et il refuse d'admettre que seul le contact des sacerdotes avec le monde ouvrier puisse expliquer ce qui est devenu une sorte d'hérésie. Ce sont des théologiens dont l'orthodoxie pouvait être a priori difficilementsoupçonnée, puisque plusieurs d'entre eux sont des dominicains, gardiens traditionnels de la doctrine officielle de l'Église, qui ont contribué à égarer les prêtres-ouvriers en leur fournissant la justification intellectuelle d'un procommunisme naïf. . Il convient donc de remonter à la source intellectuelle de l'erreur. Si l'orthodoxie thomiste n'a pas suffi à prémunir contre elle, le P. Fessard admet implicitement, parfois même explicitement, qu'il faut en chercher la raison dans la nature même du thomisme, issu d'un mariage de raison entre le dogme chrétien et la philosophie grecque de la nature, irréprochable dans ces limites, mais auquel manque philosophiquement urie dimension historique. Les théologiens du progressisme, soumis à la pression des circons-

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