258 Mao avait spécialement tenu à renforcer « l'unité des pays socialistes sous la direction de l'Union soviétique ». Il dit alors : « De même que tout parti doit avoir un chef, nous, partis communistes et ouvriers des pays socialistes, nous avons un chef. Le parti communiste de Chine n'est pas digne d'assumer ce rôle. La Chine a de grandes expériences en matière de révolution, mais n'est pas encore très avancée dans sa construction du socialisme. La Chine est un grand pays, mais elle n'a pas assez d'industrie, pas même un quart de spoutnik tandis que l'Union soviétique en a deux entiers... Sans l'Union soviétique, nous aurions été avalés par les autres pays... » ( N eues Deutschland, 30 nov. 1957). Mao exigea donc, contre l'avis des communistes yougoslaves, que fût proclamée la prééminence du communisme soviétique dans l'un des deux manifestes qu'il m~qua de son empreinte. Ces deux manifestes, dit le Jenmin Jibao, « constituent la charte » et aussi le « programme » du communisme universel. Ils définissent la doctrine en toutes matières d'actualité brûlante comme l'impérialisme moderne, la paix et la guerre, la coexistence pacifique, la révolution socialiste, la libération des colonies, l'unité et la coopération des partis communistes ; << ils conviennent non seulement à la situation actuelle, mais servent en outre de guide à la lutte future des peuples de tous les pays du monde». Ils sont donc l'alpha et l'oméga du communisme théorique et pratique, jusqu'à nouvel ordre. Deux ans après leur publication, « les pays du camp socialiste ayant à leur tête l'Union soviétique ont remporté des victoires de plus en plus grandes », répète l'éditorial. Et « l'impérialisme américain est de plus en plus isolé dans le monde». Cependant « les impérialistes ne renonceront jamais de plein gré à leur politique d'agression et de guerre». Eisenhower, au cours de son « voyage de brigand » en Asie, « a répandu partout des germes de guerre». Tandis que « les pays .socialistesayant à leur tête l'Union soviétique ont (...) soutenu la coexistence pacifique ». La Chine, dès 1954, avec l'Inde et la Birmanie, a défendu les « cinq principes de coexistence pacifique» et, en 1955, avec les pays asiatiques et africains, les « dix principes de coexistence pacifique » à la conférence de Bandoeng. Tandis que « les impérialistes dirigés par les États-Unis s'obstinent dans leur politique d'agression et de guerre », poursuit le journal communiste, « l'Union soviétique s'est efforcée d'aboutir à une conférence entre quatre chefs de gouvernement » et ses efforts en faveur de la détente internationale « ont été soutenus par la Chine ». Contre la « mauvaise volonté des impérialistes ayant à leur tête les États-Unis », il y a « l'invincible camp socialiste qui a l'Union soviétique à sa tête » et dont les forces « sont devenues si puissantes qu'il sera réellement possible d'écarter la ~uerre ». J?'ailleurs « plus de 90 % de la population mondiale appartiennent . à la. révolution » alors que les impérialistes « n'en représentent Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL que moins de 10 %, outre qu'ils travaillent à leur propre ruine et creusent leur propre tombe ». De cet interminable fatras où alternent sans · cesse les mêmes poncifs incohérents et absurdes, il se dégage néanmoins · deux affirmations catégoriques : la paix est garantie pour toujours et la Chine se subordonne pour longtemps à l'Union soviétique. De plus, l'organe quotidien de Mao réitère plusieurs fois « la nécessité d'éliminer résolument le révisionnisme et le dogmatisme des rangs des partis ·communistes», réaffirme « l'unité de la Chine et de l'Union soviétique », loue « la position rigoureusement correcte prise par le camarade Khrouchtchev » lors de la conférence qui n'a pas eu lieu à Paris en mai dernier, répète encore tout ce qui précède pour condamner à nouveau le révisionnisme et le dogmatisme .. avant de célébrer enfin « l'unanimité » des communistes dans leur lutte pour « le triomphe du marxisme-léninisme ». COMPARÉE à d'autres textes d'égale autorité, cette profession de foi n'apparaît pas épisodique. Deux jours avant sa publication, la veuve de Sun Yat-sen s'exprimait (abusivement) au nom du fondateur de la République chinoise en ces termes, dans le Jenmin Jibao :. « Notre politique étrangère pacifique n'a cessé d'être calomniée et la machine de propagande des États-Unis redouble d'efforts pour isoler la Chine de ses voisins, l'éloigner de sa grande alliée, l'Union soviétique.» Plus loin : « Nous sommes debout côte à côte avec l'Union soviétique et les autres pays du camp socialiste. Notre amitié est éternelle. »Et quant à la coexistence pacifique inventée par Staline, pratiquée par Khrouchtchev : « La presse et la radio impérialistes bien dressées calomnient la Chine en prétendant qu'elle ne veut pas se prêter à la coexistence pacifique et renonce à sa politique fondamentale. C'est pur mensonge. La Chine est disposée à coexister pacifiquement avec n'importe qui, même avec l'impérialisme. » Certes, Soon Tsin-lin ne fait ainsi que signer ce qu'on lui dicte d'en haut, mais cela n'en diminue pas la portée, au contraire. Son article corrobore d'autres déclarations ni plus ni moins officielles. Sans remonter au-delà de l'année présente ni collectionner. tous les écrits analogues diffusés par le vent <l'Est, on peut retenir celui de Tchen Yi, ministre des Affaires étrangères, paru dans Hongqi (Drapeau rouge) le 1er février 1960, · intitulé : « L'alliance sino-soviétique est le puissant rempart de la paix mondiale». A l'occasion du 1oe anniversaire du traité d'amitié, d'alliance et d'assistance mutuelle entre les deux États communistes, Tchen Yi récapitule une longue série d'accords qui les lient. Il rappelle · les visites de Mao à Moscou en 1950 et 1957, celles de Khrouchtchev à Pékin en 1954, 1958 et 1959. La moitié du commerce extérieur de la Chine se fait avec l'Union soviétique, Celle-ci a
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