Le Contrat Social - anno IV - n. 5 - settembre 1960

N. IASNY doit être réduite d'environ 30 %, ce que leur verse le kolkhoze devrait augmenter de 2,5 fois pour atteindre le but fixé. Nous ne voyons pas que les dispositions du plan septennal permettent d'y parvenir. Et pourtant il ne s'agit toujours que de simples moyennes. Prenons une famille paysanne qui, en 1958, gagnait au total l'équivalent du salaire minimal le plus bas par membre adulte occupé, c'est-à-dire 270 roubles par mois ou 3.240 roubles par an, soit environ un tiers du salaire moyen de tous les ouvriers et employés salariés 19 • Il existe certainement des millions de familles kolkhoziennes dans ce cas. Supposons tout d'abord que le revenu de cette famille augmente de 40 % en 1965. Cela ferait 4.536 roubles par an, soit les trois quarts seulement du salaire minimal le plus bas prévu pour 1965 (lequel doit s'élever à 500 roubles par mois, soit 6.000 roubles par an). La situation relative des paysans serait aussi peu satisfaisante qu'auparavant. N'importe quel travail pour l'État, l'occupation la plus mal rétribuée dans les sovkhozes, même le poste de gardien, procurerait un pouvoir d'achat bien supérieur. Ce qui deviendrait intenable à la longue. Comment cette famille peut-elle atteindre l'augmentation prévue de 40 % de son revenu ? On peut raisonnablement supposer qu'un quart seulement de son revenu total de 1958 venait du kolkhoze sous forme d'argent ou en nature et que 19. Comme dans tout l'article, les revenus en nature sont · calculés aux prix de détail. Bibli.oteca Gino Bianco 307 trois quarts environ étaient le produit net de l'exploitation privée. Supposons encore qu'en dépit de toutes sortes de restrictions, le revenu provenant de cette dernière source ne diminuera que du quart, c'est-à-dire s'élèvera à 1.823 roubles. Dès lors, pour que le revenu total augmente de 40 %, les versements du kolkhoze devraient passer de 810 à 2.713 roubles, soit beaucoup plus que tripler. Ces versements devraient augmenter de 2,6 fois dans le cas improbable où la famUie aurait réussi à conserver intacte son exploitation privée. Des mesures sont-elles envisagées qui permettent de faire ce bond ? Le problème n'est même pas discuté. Il est possible que les dirigeants ne saisissent pas toute son importance. Mais ils sentent bien que la tâche à accomplir est immense ; c'est ce qui a dû inciter Khrouchtchev à parler des revenus élevés que quelques kolkhoziens tirent de leur kolkhoze, alors que ce qui le préoccupe ce sont les bas revenus de la masse des kolkhozie~s, qui entravent la marche vers le « communisme ». Il semble qu'il y ait une menace sérieuse d'aggravation du rapport entre les revenus des paysans et ceux des ouvriers et employés aux bas salaires ; ce à quoi les dirigeants soviétiques ne paraissent pas non plus prêter attention. En tout cas, rien n'indique que la société soviétique s'achemine vers un rapport entre les revenus des paysans et ceux des salariés qui corresponde à celui d'un pays industriel parvenu à maturité. NAOUM IASNY. (Traduit de l'anglais)

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==