304 qu'on s'employa pour la première fois à réduire l'éventail des gains, déjà très large en 1928 (caractéristique d'un pays arriéré) et qui s'était encore ouvert pendant la période d'industrialisation. Suivant les estimations faites pour 1955, plus de 20 % des salariés avaient gagné en moyenne 3.000 roubles par an, le salaire moyen étant d'environ 8.500 roubles 5 • Le salaire le plus élevé était de plus de I oo fois supérieur au salaire le plus bas. A dater du 1er janvier 1956, des salaires minimaux furent établis pour tous les salariés. Ces salaires (270-350 roubles par mois ou 3.2404.200 par an) représentaient 40 à 50 % du salaire moyen de 1956. Seul le premier de ces deux pourcentages est vraiment significatif. Les baisses de prix, la suppression des emprunts et la réduction des impôts en 1952-58 affectèrent aussi les revenus des paysans, tandis que le montant de leurs revenus augmentait sensiblement. Cette augmentation présentait toutefois des particularités importantes que l'on oublie trop souvent. Le produit des exploitations agricoles privées des kolkhoziens - qui constituait çnviron la moitié de leurs revenus réels en 1952 6 - ne s'accrut que modérément en ces années-là, de quelque 15 % seulement par tête d'habitant. D'autre part, les gains provenant des fermes collectives doublèrent presque en 1952-58 ( officiellement, l'augmentation pour 1952-57, à des prix constants, aurait été de 82 % par kolkhozien occupé). Les pourcentages donnés tant pour la part du revenu provenant des activités privées des kolkhoziens que pour les augmentations des deux types de revenus sont de simples moyennes qui accusent des variations très sensibles. Les gains provenant de l'activité privée des kolkhoziens, qu'on estime avoir représenté en moyenne plus de 50 % en 1952, ont pu constituer jusqu'à 80 % des revenus paysans dans le nordouest du pays où les rentrées provenant des kolkhozes étaient très faibles, mais ne pas dépasser 20 % du total sur les terres à coton. Les variations des revenus que les paysans tirent de leur activité privée sont difficiles à établir. Les augmentations de revenus provenant des kolkhozes ont de même varié considérablement selon les régions, les territoires, les kolkhozes et même à l'intérieur de ceux-ci. 5. Commentary, p. 172. Des données officielles ne semblent exister que pour les ouvriers industriels, et seulement pour les années précédant la deuxième guerre mondiale. Voir Abram Bergson : The Structure of Soviet Wages (Harvard 1946). 6. Cette affirmation se fonde sur des calculs très sommaires. Il n'existe de certitude que sur les revenus des paysans versés par les kolkhozes en argent et en nature (évalués par Khrouchtchev dans son discours de décembre 1958 à 47,5 milliards de roubles aux prix constants d'une année non précisée) et sur le produit des ventes aux marchés kolkhoziens dont le gros est effectué par les paysans. Le montant des salaires des sovkhozes et des M.T.S. n'est lui-même pas connu avec précision. L'exactitude n'est heureusement pas indispensable en l'occurrence. Biblioteca· Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Il en résulte que les revenus totaux des paysans provenant de toutes les sources ont probablement augmenté en 1952-58 de moins d'un tiers à environ deux tiers, les augmentations les plus faibles ayant peut-être coïncidé avec les plus petits revenus. Il apparaît ainsi que si l'on entreprenait de réduire l'éventail des salaires, au village l'évolution allait en sens inverse. Revenus comparés des salariés et des paysans LA CONFUSION règne au sujet du rapport qui existe entre les revenus des paysans et ceux des salariés en URSS. Une délégation de fermiers américains qui visita l'Union soviétique en 1955 fut amenée à croire que les kolkhozes les plus prospères qu'on lui montrait étaient typiques : ils en conclurent que les revenus des paysans étaient comparables à ceux des salariés. Nous avons montré qu'en 1952-58 les revenus moyens des paysans augmentèrent de 55 %, soit un peu plus que le salaire moyen, qui s'accrut, lui, de 45 %-Néanmoins les revenus des paysans demeuraient beaucoup plus faibles que ceux des salariés. Les données sur le commerce de détail, entre autres, jettent une vive lumière sur ce dernier phénomène. Malgré certaines difficultés dans l'appréciation des données 7 , il ne fait pas de doute que les habitants des campagnes, en particulier ceux qui vivent de l'agriculture, continuent à être nettement défavori~és par rapport à la population urbaine. Jusqu'en 1958 la population rurale constituait 53 % de l'ensemble de la population 8 • Cependant les ventes du commerce officiel (commerce d'État et coôpératives) dans les régions rurales ne s'élevèrent _pendant cette année-là qu'à 26 % de l'ensemble du commerce officiel9 ; les ventes accrues des coopératives n'y comptaient que pour 30 % 10 • Même sur la base de ces dernières, les achats per capita de la population rurale ne représentèrent proportionnellement que 40 % environ de ceux des zones urbaines. La population agricole constitue à peu près les trois quarts de la population rurale. Ses achats par tête d'habitant ont dû être encore. plus réduits que ceux de la population rurale dans son ensemble. 7. Ces difficultés sont multiples. A part les données pour l'ensemb-le du pays, il n'en n'existe que pour l'ensemble du commerce rural ou même seulement pour le Tsentrosoiouz, dont le rayon d'action s'étend surtout aux régions rurales. Les achats PP' capita de la population agricole sont cependant de beaucoup inférieurs à ceux de la population rurale non agricole. D'autre part, la population rurale s'approvisionne aussi dans les magasins urbains du réseau commercial officiel, alors que le Tsentrosoiouz fournit de son côté les régions urbaines. Enfin, la population non agricole se ravitaille en partie dans le commerce kolkhozien, surtout dans certaines régions. ~- L'Écunomie nationale de l'URSS en 1958, p. 7. 9. Ibid., p. 709. 10. Ibid., pp. 708 et 736.
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