Le Contrat Social - anno IV - n. 4 - luglio 1960

250 aucun aspect de son sujet : politique à l'égard des pays et des territoires d'outre-mer, politique à l'égard des peuples sous-développés, guerre d'Algérie. Deux appendices, l'un sur les conditions économiques d'une société efficace, l'autre sur les conditions économiques d'une société libre, reprennent les idées de l'auteur,. mais sur un plan abstrait et général où se retrouve le théoricien éminent que demeure fondamentalement l'auteur du Traité d'économiepure. LOUIS ROUGIER. Contrepoison JEAN MAZE : L' Anti-Système. Paris 1960, Libr. Arthème Fayard, 319 pp. ALORSqu'en 1951 il publiait un ouvrage intitulé Le Système, traitant du régime instauré en France depuis la guerre, M. Jean Maze ne s'attendait pas à enrichir d'un mot magique l'actuelle terminologie politique ou polémique ; son nouveau livre n'est pas un jeu dialectique, encore moins w1e palinodie, mais un essai constructif applicable à la démocratie française. Il commence d'ailleurs par renouer avec le précédent en réitérant le procès de notre ancien régime parlementaire, du bavardage des assemblées, du byzantinisme des partis, des fausses et mortelles conceptions de la liberté ; particulièrement -heureuses sont · les pages qui rabaissent la vanité pédante des idéologues du parti «intellectuel», celles aussi qui reprennent l'examen de la tactique communiste et montrent comment elle trouva en la débilité de nos institutions, en la corruption de nos mœurs civiques, en l'incompréhension de ses vrais principes, des facilités propres à faire trembler. J. Maze n'éprouve donc aucune nostalgie·; il tient pour irréversible la révolution du 13 mai 1958, il prend les choses telles qu'elles sont et admet qu'elles contiennent des chances d'avenir qu'il s'agit de déceler et d'expliciter. Soucieux de dépasser une situation qui, dans le présent, se.définit par le prestige et l'autorité d'un homme, de réconcilier réalisme et liberté démocratique, de prévenir les périls de la dictature technocratique, de rendre à la jeunesse le goût de l'action civique, il sent comme beaucoup d'autres analystes le besoin de faire vivre des corps intermédiaires capables •de solidariser le pouvoir et les citoyens. Mais il entend dissocier cette doctrine de son ascendance conservatrice aussi bien que d'un nationalisme étroit et-désuet. · Au centre de ses réflexions, J. Maze place donc. l'idée de communauté naturelle ou spontanée, d'une association à l'échelle ·humaine répudiant ou limitant le centralisme bureaucratique ou jacobin. En sa forme économique, hr communauté fut, il y . a peu, minutieusement étudiée par Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL M. François Perroux; mais on peut la considérer aussi comme un groupement d'affinités, d'intérêts et d'efforts rejetant dans l'ombre partis et synd.i..: cats, rajeunissant les structures étati~ues et réveillant les énergies. On entend bien d ailleurs que la notion communautaire prend valeur à d.ifférents niveaux et pour ainsi· dire en des dimensions très variables. Régionaliste• convaincu, J. Maze la projette sur l'organisation de nos provinces, mais il se garde d'oublier qu'elle a aussi un sens européen et un sens africain. C'est parce que la France est insérée dans l'Europe occidentale, parce qu'elle a charge des destins · de !'Eurafrique qu'elle est impérieusement sommée de rénover ses structures internes, d'accroître sa puissance économique, de se discipliner sans renier sa vocation humaine et libérale. " On arguera que• c'est plus facile à dire qu'à faire, que J. Maze s'exagère peut-être les vertus du régionalisme, qu'il parle trop peu de l'organisation professionnelle, qu'il néglige des problèmes capitaux tels celui de l'école et celui de la presse écrite ou sonore. La réponse est aisée : ce n'est pas en trois cents pages ni en trente mille qu'on fournit des solutions à tout ; il suffit qu'on ait fait œuvre utile et opportune. Quand on s'est montré en mênie temps alerte écrivain et lucide observateur, on mérite d'être lu et remercié. LÉON EMERY. Une pensée non engagée SIMONEWEIL : Écrits historiques et politiques. Paris 1960, Gallimard, collection« Espoir», 413 pp. LARÉUNIONdes écrits politiques et historiques composés par Simone Weil de 1932 à 1940 - textes inédits ou épars connus seulement de quelques amis jusqu'à présent - attire justement l'attention sur l'aspect non métaphysique de la pensée de celle qu'on a pu considérer tour à tour comme une militante en dehors des partis et comme une sainte en dehors de l'Église. Les écrits historiques, que l'on ne peut séparer entièrement des écrits politiques parce qu'ils sont toujours motivés par le souci d'éclairer le présent, comprennent des réflexions sur les origines de l'hitlérisme, la destruction d'une civilisation' (le résultat de la croisade contre les Albigeois), un soulèvement prolétarien à Florence au xve siècle d'après Machiavel. Le lecteur ne manquera pas d'être frappé, non seulement par la sévère contestation des légendes relativesà la constance des caractères nationaux (répudiation explicite de « l'Allemagne éternelle » et de « la · France éternelle»), mais aussi par le profond pessimisme historique qui inspire l'auteur. Ce pe3slmisme contraste singulièrement avec l'optimisme entretenu dans les milieux de gauche qu'elle

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