Le Contrat Social - anno IV - n. 4 - luglio 1960

QUELQUES La voie du salut MAURICE ALLAIS : L'Europe unie, route de la prospérité. Paris 1960, Éd. Calmann-Lévy,.. 368 pp. MAURICE ALLAIS, professeur d'économie générale à !'École des mines, n'est pas seulement un savant de réputation internationale dont on a pu écrire, en raison de ses multiples contributions à l'économie mathématique, qu'il est le digne continuateur de Cournot, de Wairas et de Pareto. Son nom s'attache aussi au renouveau de la pensée libérale, dont le colloque d'économistes tenu à Paris en 1938 a donné le signal. Opposant à la planification de la gestion, qui caractérise les régimes communistes, la planification des structures qui modèle le cadre juridique dans lequel s'exerce le libre jeu de l'offre et de la demande, cadre juridique que M. Rueff appelle le marché institutionnel, il a montré comment, par des procédures libérales qui respectent la liberté de choix de la personne humaine, on peut réaliser les fins généreuses que se proposent les socialistes, l'élévation des niveaux de vie, l'avancement des travailleurs, l'accession à la culture et aux loisirs grâce aux techniques hautement efficaces de l'économie de marché. Pour le démontrer par l'exemple, dans une communication remarquée à l'Académie des sciences morales et politiques en avril 1955, il avait ·comparé, en se fondant sur les statistiques les mieux établies, les productivités, niveaux de vie et rythmes de croissance en Russie soviétique, aux États-Unis et en France, de 1880 à 1955. Insistant sur les souffrances inouïes du peuple russe, il y montrait que, si le régime soviétique, en sacrifiant l'agriculture et les industries de consom- .mation, a pu obtenir, grâce à la concentration des efforts, des hommes et des moyens, des résultats impressionnants dans le domaine de l'industrie lourde,·les mêmes résultats et sans doute de supérieurs eussent été atteints « sans la révolution d'Octobre et les violences qui l'ont suivie» si l'économie russe avait poursuivi sa croissance rapided'avant guerre. Aujourd'hui,dans L'Europeunie, route de la prospérité, qui lui a valule GrandPrixde la comBiblioteca Gino Bianco LIVRES munauté atlantique, Maurice Allais s'est proposé d'évaluer, par les mêmes méthodes statistiques, l'élévation des niveaux de vie que les Européens pourraient attendre du fonctionnement d'un marché commun effectif. Au départ il analyse les causes des différences de niveaux de vie et de productivité entre l'Europe et les États-Unis. Passant en revue les différents facteurs d'intervention, il établit, à l'aide des méthodes de concordance, de différence et des variations concomitantes, les ordres de grandeur de leurs effets respectifs. Contrairement à l'opinion communément reçue, l'efficacité de l'économie américaine n'est due primordialement ni aux richesses naturelles, ni aux dimensions du marché intérieur, mais au système concurrentiel qui la caractérise. Muni de ce fil d'Ariane, M. Allais recherche les conditions de fonctionnement d'un marché commun effectif et les obstacles à surmonter, en partant des localisations et des spécialisations économiques actuelles. Il réfute le sophisme de l'égalisation préalable de toutes les conditions de la production et celui du processus cumulatif de régression relative qu'une union économique tendrait à déclencher dans les pays les moins développés. Son analyse économique conduit à la politique. Il est impossible de surmonter les obstacles de la période transitoire et de faire fonctionner avec efficacitéun marché commun sans une intégration politique suprana~ionale. L'Europe du Marché commun n'est et ne pourra être qu'une étape ver.sune Europe politique. A ce·sujet, il énumère les lacunes essentielles du traité de Rome. Une Europe intégrée, où l'on aurait surmonté l'opposition du marché des Six· et de la zone de libre-échange des Sept, ne serait encore qu'une étape vers cette communauté atlantique, chère à Clarence Streit, qui seule pourrait donner au monde libre sa véritable dimension et sa pleine efficacité. « Là, et là seulement, est la voie du salut effectif de l'Occident et de sa civilisation millénaire. » Une si sèche analyse n'épuise pas la richesse des investigations de l'auteur qui ne néglige

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