E. DEL/MARS plus productives, notamment celles qui sont destinées aux cultures industrielles et à l'élevage. Nombre d'engins en service à l'heure actuelle ne répondent plus aux exigences du travail intensif. Khrouchtchev le constate lui-même : J'ai visité l'exposition qui montre les succès de notre économie et présente les meilleurs types de machines et mécanismes ... Il s'y trouve un pavillon où sont exposés des échantillons de l'équipement technique vieilli, mais dont nos usines continuent la fabrication. On voit là., camarades, un spectacle qui peut provoquer chez le visiteur une grave crise cardiaque. Dire que ces machines et mécanismes., médiocres et antédiluviens, sont toujours fabriqués dans nos usines ... Certaines machines ont tellement vieilli qu'elles ne sont plus que les arrière-· grand-mères des machines modernes. Il est certain que l'organisation d'un système de modernisation de l'équipement doit être mis sur pied. Pour le moment, pareil système n'existe pas chez nous 23 • Cette situation est d'autant plus grave que les machines modernes de cette exposition ne sont en grande majorité que des prototypes non encore produits en série. G. I. Paramonov, président du kolkhoze Staline, le confirme : « Nous avons vu beaucoup de bonnes machines à l'exposition ... mais elles ne sont pas en vente 24 • » Les doléances de ce kolkhozien, que les merveilles exposées ont laissé sur sa faim, devraient être méditées par les touristes étrangers qui reviennent de l'URSS profondément convaincus du progrès de l'agriculture soviétique, démontré selon eux par ladite exposition. Quant à la modernisation de l'équipement agricole, elle rencontre beaucoup de difficultés à chaque étape du lent cheminement que toute nouvelle machine doit parcourir depuis le bureau d'études jusqu'à sa mise en fabrication. La peur des responsabilités, lourd héritage de l'époque stalinienne, leur éparpillement, cher à la bureaucratie soviétique, font qu'il s'écoule souvent plusieurs années entre l'adoption et la réalisation d'un projet. Vieilles recettes TOUTES CES CITATIONS prouvent que l'agriculture soviétique n'est guère à même de satisfaire aux exigences du plan septennal. Il faut donc avoir recours aux palliatifs traditionnels : extension des surfaces cultivées et intensification du travail. 23. Discours du 29 juin 1959. 24. Pravda, 26 décembre 1959. Biblioteca Gino Bianco 231 Le 13 mars 1960 la radio de Moscou annonçait la formation de 23 nouveaux kolkhozes céréaliers au Kazakhstan et la création d'un nouveau ministère des sovkhozes de cette république, lequel siégera à Akmolinsk et non pas à Alma-Ata, la capitale en titre. Au plénum de décembre 1959, Béliaev avait déjà annoncé que « dans les diverses régions du Kazakhstan il est possible de mettre en culture encore 4 ou 5 millions d'hectares » 25 • De plus, on est en train d'assécher 600.000 ha. en Ukraine, 700.000 en Biélorussie, autant en Lettonie, et 600.000 en Ouzbékistan, etc. 26 • Selon Khrouchtchev, dans la région de l'Amour, en Extrême-Orient, il y a encore 600.000 ha. de terres vierges à mettre en valeur. Toujours préoccupé du développement de l'élevage, il propose de plus d'ensemencer les guérets des régions humides, qui ne servent aujourd'hui que de pâturage pour le bétail privé des kolkhoziens, en herbes fourragères ou en maïs et d'y semer ensuite du froment pour l'année suivante. Khrouchtchev prévoit une bonne récolte de blé et affirme : Nous avons déjà mis en exploitation 36 millions d'ha. de terres vierges dont 7 millions d'ha. sont laissés tous les ans à l'état de guérets. Une fois ensemencés en herbes fourragères ou en maïs, ils donneront une masse énorme de fourrage sans nuire à la récolte de froment de l'année suivante ... Si, à 6 millions d'ha. de guérets de la zone humide, on ajoute 6 à 7 millions d'ha. au Kazakhstan, on obtiendra 12 à 13 millions d'ha. de terres nouvelles d'une espèce particulière 27 • L'avenir pourra seul confirmer ou infirmer la belle assurance de Khrouchtchev, celui-ci croyant ne pas épuiser le sol par ces méthodes et obtenir toujours de bonnes récoltes, malgré la pénurie d'engrais. Mais il est fort probable que la masse kolkhozienne opposera toute sa force d'inertie à cette nouvelle modification de l'assolement traditionnel, tant que son application dans les sovkhozes n'aura pas prouvé sa réelle utilité. Quoi qu'il en soit, la mauvaise récolte de 1959 constitue un lourd handicap pour la réalisation du plan septennal. Bien que l'afflux des jeunes gens libérés de l'armée doive résorber quelque peu la crise de main-d'œuvre, -le triste état de la mécanisation ne semble pas permettre une amélioration rapide. E. DELIMARS. 25. Ibid., 23 décembre 1959. 26. Cf. les discours de Podgorny, Mazourov, Pelché et Rachidov publiés dans la Pravda des 23, 24 et 25 décembre 1959. 27. Pravda, 29 décembre 1959.
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