E. DEL/MARS mach, une grande usine qui sort toutes les six minutes une moissonneuse-batteuse perfectionnée « SK-3 », met le doigt sur la plaie : Je ne sais pourquoi, mais tout le monde est persuadé qu'une moissonneuse-batteuse peut être confiée à n'importe qui... Un grand nombre d'avaries ne proviennent que de là... Ces machines hivernent souvent à ciel ouvert ; en automne elles ne sont pas nettoyées de la boue et des résidus du battage; les courroies, chaînes et accumulateurs ne sont pas déposés. Naturellement, beaucoup de pièces doivent être remplacées à la saison suivante 16 • Le problème à résou~e au Kazakhstan est d'autant plus ardu qu'il es·t pratiquement impossible de concilier la formation sur place au cours de l'hiver d'un contingent important de mécanisateurs avec l'entretien du matériel pour lequel on n'a pas même de toit et sur lequel les élèves vont s'exercer à un rythme intensif. C'est ce que èonstate D. A. Kounaev, le successeur de Béliaev. Mais pour Khrouchtchev il n'est rien d'impossible. Voici sa solution : Pour assurer la rentrée de la récolte, il aurait fallu avant tout former des cadres, engager des conducteurs de tracteurs et de moissonneuses-batteuses et autres mécanisateurs. S'il était difficile de les trouver sur place, il fallait demander de l'aide. Il aurait été possible de transporter par avion dans le nord du Kazakhstan de 30 à 50.000 des meilleurs conducteurs de moissonneuses-batteuses d'Ukraine et du Caucase... Chaque homme expérimenté aurait travaillé pour dix. Nous avons une grande possibilité de manœuvre, camarades : notre pays est immense et il est toujours possible de venir en aide à une république fédérée ... Il est fort probable qu'à cet endroit de son discours Khrouchtchev comprit de lui-même combien ces équipes volantes de mécanisateurs sillonnant le Giel de l'URSS sont éloignées de toute saine conception économique. Le souvenir de détails tels que prix de revient, entretien du matériel, etc. dut briser son élan, car il proposa aussitôt une variante plus raisonnable : ...ou bien choisissons dans les usines locales un certain contingent d'hammes hautement qualifiés, apprenons-leur à manier les moissonneuses-batteuses, afin qu'au début de chaque récolte le directeur de l'usine puisse les envoyer dans un kolkhoze donné pour y conduire ces machines 17 • Aucune des mesures proposées par Khrouchtchevne peut résoudre lesdifficultésdu Kazakhstan et il est probable que Kounaev se trouvera en 196o dans la même situation que Béliaeven 1959, à moins qu'une réeolte exceptionnelle comme celle de 1958ne vienne le tirer d'embarras. 16. Pr(Jf}da, 25 décembre 1959. 17. Ibid., 29 d~cembre 1959. Biblioteca Gino Bianco 229 Réparations et pièces de rechange CETTESITUATIOdNifficile de la mécanisation pose une série de problèmes : grosses réparations, pièces de rechange_,réparations courantes, locaux d'hivernage pour le matériel. Aucun de ces problèmes n'est à la veille d'être résolu. Les grosses réparations de tracteurs et camions faites dans les stations spécialisées ou dans les kolkhozes et sovkhozes ne sont pas rentables. A. F. Zassiadko, vice-prêsident du Conseil de l'URSS, propose même d'y renoncer : . Nous fabriquons à présent la même quantité de pièces de rechange pour les tracteurs en service que de pièces détachées pour le montage de nouveaux tracteurs. Le montage de ceux-ci est fait à l'usine et il est mécanisé, tandis que la grosse réparation d'un tracteur, qui au fond équivaut au montage d'un tracteur nouveau, est faite presque toujours à la main, sans aucune mécanisation... Les pièces nouvelles sont montées pêle-mêle avec les pièces anciennes et cela diminue beaucoup la durée de service de l'engin réparé. De plus, la grosse réparation faite dans ces conditions revient très cher. Actuellement, le coût de la réparation de tracteurs et de camions est plus élevé que celui de la construction d'engins neufs, qui durent deux ou trois fois plus longtemps que l'engin réparé. Il me semble avantageux de mettre au rebut, après un délai d'amortissement économiquement justifié, le matériel usagé et de compléter le parc avec des engins neufs 18 • Cette proposition fut aussitôt combattue par P. A. Prozorov, président du kolkhoze Octobre rouge, région de Kirov : Certains camarades ont proposé de réduire la production de pièces de rechange, de travailler sur les tracteurs jusqu'à complète usure et de les mettre ensuite à la ferraille, car, selon eux, les kolkhozes, les sovkhozes et les stations de réparations montent pendant les grosses réparations des tracteurs neufs avec les pièces d~ rechange dont ils disposent. Cette affirmation est tout à fait inexacte ... La mise au rebut des tracteurs qui ont besoin d'une grosse réparation obligerait l'État à augmenter de 2,5 à 3 fois la production annuelle des tracteurs, ce qui n'est pasIFationnel. .. J'estime qu'il ~aut augmenter et non pas réduire la production de pièces détachées 19 • De toute façon, il est indispensable d'avoir ces pièces en quantité suffisante. Or leur fabrication présente peu d'intérêt pour les usines de tracteurs et d'automobiles : il leur est en· effet beaucoup plus facile de réaliser le plan en fabriquant de grosses pièces plutôt que des petites. De ce fait on observe toujours une certaine réticence à l'égard de la fabrication des pièces de rechange et leur fourniture aux usagers reste toujours 18. Ibid., 27 décembre 1959. 19. Ibid., 23 décembre 1959.
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