Le Contrat Social - anno IV - n. 2 - marzo 1960

B. SOUV ARINE alternant avec des menaces, modifiait les données réelles de la situation ou la ligne de conduite d'adversaires io;éductibles. Il est pourtant clair que le ton ne saurait aller indéfiniment crescendo sans rendre toute diplomatie impossible. Ce qui compte, ce sont les exposés de principes longuement mûris dont les formules essentielles ont été rigoureusement pesées, soigneusement rédigées pour servir d'instructions impératives aux cadres communistes qui les transmettent au rank andfile. Le rapport du Comité central présenté par Khrouchtchev au xx.e Congrès du Parti, en 1956, est un de ces textes qui font autorité, et auquel on ne peut éviter de remonter puisque· le XXIe Congrès, en 1959, fut consacré aux problèmes économiques du plan septennal et n'a pas révisé la t'osition du congrès précédent en matière de politique internationale. Un document tout récent, la nouvelle Histmre du parti communistede l'Union soviétique, publiée dans le deuxième semestre de 1959, véritable Bible du monde soviétique, confirme d'ailleurs les vues én0ncées par Khrouchtchev. Plus récemment encore, les organes officiels du Parti à Moscou ont explicité la notion de « coexistence pacifique » de façon à prévenir les risques de déviation qui inciteraient au « révisionnisme ». On pourrait en outre se référer au Manuel d'économiepolitique ou à de nombreux articles des encyclopédies soviétiques, mais ce serait dépasser sans nécessité les limites d'une démonstration suffisante. SUR LES 150 PAGES du rapport de Khrouchtchev au xx.e Congrès, le tiers environ traite de la situation internationale, pour conclure à la nécessité d'une « détente » et d'une « coexistence pacifique». Le sens et le contenu des slogans finals sont précisés, motivés comme suit (résumé fidèle et citations textuelles). Il existe deux systèmes économiques mondiaux et antagoniques, le capitaliste et le socialiste, qui se développent selon des lois différentes et dans des directions opposées. L'économie socialiste a tous les avantages, toutes les vertus. Au contraire, · « l'économie capitaliste se développe dans l'enrichissement croissant des monopoles, l'accentuation continue de l'exploitation et l'abaissement constant du niveau de vie de mHiions de travailleurs, la militarisation croissante de l'économie, l'a~gravation de la concurrence entre États capitalistes, de la maturation des crises et des bouleversements économiques ». En un quart de siècle, « l'Union soviétique a accru de plus de vingt fois sa production industrielle, alors que les États-Unis (...) n'ont pu augmenter la leur que d'un peu plus du double » (procédé trompeur de comparaison qui n'a pas varié depuis Staline). « Les pays du socialisme ont le souci constant de développer par priorité l'industrie lourde » ( donc celle des armements). Les progrès réalisés en Chine avec l'aide soviéBiblioteca Gino Bianco 65 tique sont sans exemple dans l'histoire. Bref, « le système socialiste, qui ignore crises et boulevers~ments, poursuit sa marche triomphale». A l'inverse, « la crise générale du capitalisme continue de s'approfondir». Les États-Unis conn1issent dépression sur dépression et leur crise de 1948 « ne fut enrayée que par une course effrénée aux armements liée à la guerre de Corée ». En cinq ans, de 1950 à 1954, les dépenses militaires « ont quadruplé aux Etats-Unis ». La ruine de l'Europe occidentale après la guerre a permis aux Américains « d'exploiter à fond cette situation en mettant en œuvre le plan Marshall». De 1914 à 1955, les charges militaires « ont été multipliées par plus de 70 » aux États-Unis, où l'on compte « 3 millions de chômeurs complets et plus de 9 mi11ionsde chômeurs partiels». Les États-Unis « s'attachent à réduire par tous les moyens les emblavures, à diminuer les récoltes, alors que dans le Sud-Est asiatique et en Afrique des mi11ionsd'hommes ont faim ». Les principaux pays producteurs sont cc mécontents des ÉtatsUnis qui désorganisent le marché mondial en pratiquant un commerce à sens unique (...), en recourant au dumping des produits agricoles », etc. « L'antagonisme anglo-américain se manifeste dans un grand nombre de problèmes. Sous le drapeau de la communauté atlantique, les concurrents <l'outre-Océan s'emparent des positionsclés, stratégiques et économiques (...) Quoi d'étonnant si, en Angleterre comme en France, le désir se renforce d'en finir avec cet état de choses où la communauté atlantique ne profite qu'à un seul partenaire ? » (Passage qui éclaire la tactique de Moscou vis-à-vis de l'Angleterre et de la France.) Les États capitalistes ont adopté une législation antiouvrière cc féroce», ils imposent l'arbitrage dans les conflits du travail, restreignent les droits syndicaux, répriment les grèves. Entre eux, la lutte s'envenime cc pour les débouchés et les sphères d'influence». Ainsi le capitalisme va-t-il « au-devant de nouveaux bouleversements économiques et sociaux ». Aux États-Unis comme en Angleterre et en France « les milieux réactionnaires, militaristes», dominent la politique. Leur tendance aboutit à des cc situations de force». Ils aspirent à la domination mondiale, « à la répression des mouvements ouvrier, démocratique et de libération nationale», à des « aventures militaires contre le camp du socialisme». Ils ont créé une psychose de guerre, empoisonné l'atmosphère internationale, commencé la « guerre froide», formé des blocs militaires et des groupements a_gressifs contre la « volonté des peuples». Les Etats-Unis veulent « s'assurer une position dominante dans le monde capitaliste et ravaler tous leurs partenaires au rôle d'exécutants dociles ». Par contraste, les positions solidaires de l'Union soviétique, de la Chine communiste et de leurs satellites se renforcent, « le camp international

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