Le Contrat Social - anno IV - n. 1 - gennaio 1960

44 celle-ci avait déclaré publiquement que « le divin avait déserté la scène»). Chtcheglov et son article (« Le réalisme dans le théâtre contemporain») lurent de nouveau jetés en pâture à la critique. Le principal grief de Sourkov contre l'équipe de Théâtre était dû à son propre ressentiment envers !'écrivain polonais,« qui n'est pas un inconnu », Jean Kott et son article : « Hamlet après le XXe Congrès », interprétation tendancieuse d'un Hamlet monté à Cracovie et qui fit grand bruit dans les milieux littéraires polonais. Sourkov fut exaspéré de l'opinion de Kott pour qui cette pièce était « bâtie sur des allusions politiques à des faits contemporains... Cet Ham.let est tout action, au lieu d'être réflexion. C'est un forcené, ce jeune intransigeant, ivre de sa propre indignation, qui trouve soudain une occasion d'agir. C'est Ham.let après le XXe Congrès, un parmi tant d'autres ... » De manière menaçante, quoique ambiguë, Sourkov regretta qu'au lieu de dénoncer « le plus franc des révisionnistes polonais », les « novices en politique» dellla revue Théâtre eussent cru bon de paraphraser avec un'Tplaisir évident l'interprétation « si personnelle » de Kott, sans se douter un seul instant dans les bras de qui (souligné par Sourkov), on peut tomber quand on a perdu le nord, tel qu'il est donné par le marxisme-léninisme. Voilà vers quels rivages on risque d'être drossé, à se soumettre passivement « au gré des flots... » Pendant toute l'année 1958 le régime se livra à des pressions de ce genre. En décembre 1958, le 1er Congrès de l'Union des écrivains de la R.S.F.S.R., nouvellement fondée, reprit l'offensive. Sourkov donna le ton en consacrant l' essentiel de son discours aux « attaques des révisionnistes contre nous ». Bien qu'il s'attachât surtout à démontrer le danger du révisionnisme en Europe orientale, il exhorta les écrivains soviétiques à fourbir de nouveau soigneusement leurs «armes idéologiques (...) pour s'assurer qu'elles ne sont ni ébréchées par le révisionnisme, ni rouillées par le dogmatisme ou le sectarisme » 18 • 18. Lit4ratournaia Gazeta, 14 décembre 1958. Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE CES DERNIERS TEMPS, certains indices donnèrent à penser, qu~ pourrait s'ouvrir une p~a,se.~ouv~lle, plus attenuee, de la campagne anttrev1s1onruste. Au congrès de l'Union des écrivains tenu en mai dernier, les porte-parole du régime ont donné dans leurs discours l'impression qu'ils s'efforçaient de se montrer plus conciliants, répétant que cc le passé, c'est le passé ». Mais si leur ton était plus amical, ils ne cachaient pas que le gouvernement tenait toujours les idées et les critiques révisionnistes contre la nouvelle orthodoxie pour des dangers dont il fallait se garder avec une extrême «vigilance». Aujourd'hui, les écrivains soviétiques qui sympathisent avec le « révisionnisme » ne peuvent prendre ouvertement la défense de leurs idées. Cependant les faits, aussi bien que la logique, montrent que les révisionnistes cc silencieux» selon l'expression de Smirnov - continuent de nourrir leurs idées comme « quelque chose de .. , sacre». Que l'on puisse attribuer une bonne part de la vigueur et de l'originalité du révisionnisme au rôle de la jeune intelligentsia soviétique est peutêtre son aspect le plus significatif.Pour la première fois dans l'histoire soviétique, les efforts du Parti pour extirper ce qu'il considère comme une forme d'hérésie intellectuelle se sont heurtés à la résistance prolongée de l'élite. Pour la première fois, cet élément actif et si utile à la société n'a pas été ébranlé par les rappels à l'ordre du Parti lui enjoignant de s'aligner sans arrière-pensée sur l'orthodoxie officielle. Bien au contraire, il s'est affirmé résolument contre le conformisme, peut-être sans même se rendre compte qu'il menaçait par là le fondement de la dictature communiste. Il ne fait pas de doute que cette catégorie d'intellectuels est, selon les propres termes du poète Evtouchenko, « profondément liée à sa génération». Est-elle ou deviendra-t-elle «le porte-parole des tendances intellectuelles du peuple tout entier », l'avenir le dira. (Traduit de l'anglais) VÉRA ALEXANDROVA. ,

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