Le Contrat Social - anno IV - n. 1 - gennaio 1960

L.LABEDZ ce « culte de la personnalité de J. V. Staline » qu'il condamne. Non plus d'ailleurs qu'on n'en apprend les causes et les conséquences. Le nouveau manuel parle des « violations de la démocratie du Parti et des Soviets» ainsi que du« principe de la direction collective » : «Nombre de problèmes importants étaient tranchés par Staline personnellement.» Mais on ne dit pas ce qu'étaient ces problèmes. Toutes les décisions politiques prises à cette époque et mentionnées explicitement sont louées sans restriction. Le même double traitement est appliqué à toutes les causes célèbres idéologiques d'après guerre. Les résolutions du Comité central de 1946 et 1948 qui eurent pour conséquence la persécution d'écrivains et d'artistes sont mentionnées favorablement. Et cela, bien qu'elles aient été en partie abrogées par la suite comme dues à la pernicieuse influence exercée sur Staline par Béria et Malenkov. L'affaire Lyssenko, les contributions de Staline à la linguistique et ses Problèmes économiques du socialisme sont aussi évoqués d'une façon à demi approbatrice, quoique elliptique. Ces « discussions conduites dans diverses disciplines scientifiques sur l'initiative du Parti contribuèrent à éliminer une série d'erreurs idéologiques, renforcèrent le principe de partiinost [ esprit de parti] dans la science et aidèrent à élever le niveau de la recherche scientifique. Toutefois, sous l'influence du culte de la personnalité de J. V. Staline, ces discussions eurent aussi des suites pernicieuses ». Le verdict final sur Staline n'en est pas moins très favorable : L'essence de la critique du Parti contre le culte de la personnalité consistait à éliminer les effets nocifs de ce culte pour renforcer les positions du socialisme, et nonpas à nier en bloc le rôle positif de J. V. Staline dans la vie du Parti et du pays. Sous la direction du parti communiste et de son Comité central, où J. V. Staline jouait un rôle de premier plan, l'Union soviétique a rempo~é d'immenses succè~ hist~ri9ues. J. V. Staline a fait beaucoup pour l'Uruon sov1ét1que, pour le P. C. de l'URSS et pour l'ensemble du mouvement ouvrier international. C'est ainsi que Staline sort de cette opération quelque peu entamé, mais moins malmené qu'il le fut dans le « discours secret » de Khrouchtchev. Il demeure un « héros positif» de notre temps, en dépit « des graves erreurs commises pendant la dernière période de sa vie ». Il a été évidemment décidé que la légitimité du régime légué par Staline à _ses~ér!tiers pom:- rait être gravement compronuse s1 1on classait le défunt parmi les puissances des ténèbres. Lea procù de Moscou LEs PROCÈS de Moscou de 1936-38 ne sont tout simplement pas mentionnés dans la nouvelle c histoire ». Le Précis aJ?pelait Trotski, Zinoviev et Kamenev les « véritables organisateurs de Biblioteca Gino Bianco 35 l'assassinat de Kirov ». Le nouveau manuel annonce diplomatiquement que l'assassin était un «renégat irrité » (porteur d'une carte du Parti) qui «était en rapports avec d'anciens membres du groupe antiparti de Zinoviev ». Pourtant, quoique les membres de l'opposition soient encore stigmatisés comme ennemis du Parti, on ne les accuse plus d'être << une bande de mercenaires fascistes» se livrant à des «activités d'espionnage et de sabotage». Mais un seul accusé des procès de Moscou est réhabilité jusqu'à présent, Akmal Ikramov, premier secrétaire du parti communiste ouzbek, fusillé en 1938. Sa réhabilitation avait été révélée dans le tome III de la Petite Encyclopédie Soviétique. Le nouveau manuel n'en parle pas, comme il passe sous silence les procès de Moscou et toutes leurs victimes. Toukhatchevski Le traitement réservé à d'autres personnages importants n'est pas moins révélateur. Le nouveau manuel tire un rideau de silence sur le maréchal Toukhatchevski. Le Précis affirmait que le succès dans la guerre soviéto-polonaise de 1920 fut «rendu vain par les actions suspectes » de Trotski et de Toukhatchevski. La dernière édition de la Grande Encyclopédie Soviétique accusait Toukhatchevski de « collusion avec l'ennemi». Mais le tome LI de la même Encyclopédie, publié en 1958, le réhabilite en le qualifiant de «chef militaire de grande valeur ». La «réhabilitation » ne dura guère. Après le limogeage du maréchal Joukov, le nom de Toukhatchevski disparut des listes de chefs militaires cités pour mention honorable dans les revues soviétiques; à présent l'omission paraît officielle. Il ne figure pas dans la nouvelle histoire du Parti. Deux de ses coaccusés au procès de 1937, I. P. Ouborévitch et I. I. Iakir, «réhabilités» aussi, manquent dans la nouvelle galaxie des héros militaires de la guerre civile dont certains, comme le maréchal V. K. Blücher, n'ont été rappelés que récemment du séjour des morts. La «dé-réhabilitation» de Toukhatchevski a probablement empêché de rappeler le rôle qu'il Joua sous les ordres de Trotski dans la répression de la révolte de Cronstadt. C'est.« l'héroïsme et la bravoure » de Vorochilov qui sont toujours évoqués à ce propos. Séria et Iéjov La Grande Purge, si meurtrière, est décrite de manière indirecte, la chronologie des événements ayant été délibérément embrouillée. Béria, qui remplaça léjov à la fin de l'épuration, le précède dans le manuel. Iéjov, mentionné favorablement dans la première édition du Précis mais disparu de la deuxième, a maintenant réap-

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