Le Contrat Social - anno IV - n. 1 - gennaio 1960

Débats et recherches QUELQUES SUBTILITÉS DU MARXISME par Aimé Patri I - Le déter1ninis1ne historique DANS UNE PRÉCÉDENTEÉTUDE 1, nous avons tenté d' « axiomatiser » la doctrine marxiste, considérée dans ses grandes lignes, afin d'examiner plus commodément ses postulats fondamentaux. Nous n'avons pas caché, dans la conclusion, le caractère nécessairement superficiel de cet examen consacré surtout à la partie vulgaire - ou vulgarisée - d'une doctrine qui a des aspects plus subtils. A l'un de ces aspects est réservée la présente étude. Les axiomes marxistes que nous avons cherché à dégager étant supposés connus, notre méthode est maintenant plus philosophique que scientifique. Nous admettons en effet que tandis que les sciences ont pour objet la nature des choses, la philosophie se propose, suivant lal tradition socratique, d'étudier le sens des mots. Activité qui demeure utile quand on sait quel usage est fait du « saint langage » qui, selon le poète, devrait être « l'honneur des hommes », le but visé étant de savoir clairement et distinctement ce que nous voulons dire. Si cette activité est souvent exercée à rebours, nous le déplorons autant que l'auteur d'un amusant petit pamphlet récemment paru 2 • Présentement, c'est à propos de la partie dite subtile du marxisme que nous voudrions l'exercer, autant que possible à l'endroit, en choisissant quelques lieux connus pour inté1. Cf. Contrat social, novembre 1959. 2. J.-F. Revel : Pourquoi des philosophesr Paris 1957. Biblioteca Gino Bianco resser les doctes, et d'abord l'épineuse question . du déterminisme historique. IL NE PARAIT PAS DOUTEUX que lematérialisme historique, tel que l'ont conçu ses fondateurs au XIX8 siècle, est une doctrine d'esprit déterministe. On pourra épiloguer tant qu'on voudra sur le sens précis (ou imprécis) qu'il convient de donner, d'après la langue germanique, aux termes employés par Marx ou par son collaborateur pour exprimer la fameuse relation de l'infrastructure aux superstructures des sociétés humaines considérées historiquement. Il demeure que Marx et Engels partageaient la conviction courante à leur époque, souvent attribuée à Claude Bernard, selon laquelle le déterminisme serait le postulat de toute reclierche scientifique. Ayant dessein d'étendre à l'histoire globale de l'humanité la recherche scientifique afin d'édifier un socialisme de même nom, il ne leur paraissait faire aucun doute qu'ils devaient être « déterministes » au même titre que les astronomes, les physiciens, les chimistes, les biologistes, etc. D'autre part, il ne leur paraissait pas décent d'entourer leur conviction déterministe de réserves philoso~hiques touchant au libre arbitre, comme le faisaient encore plusieurs chercheurs en d'autres domaines, intimidés par les philosophes professionnels plus ou moins solidaires des théologiens. De telles réserves

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