Le Contrat Social - anno III - n. 6 - novembre 1959

B. SOUV ARINE d'un/armer améric.ain. Plus récemment N. Valentinov, socialiste très rompu à l'étude des données soviétiques, a calculé que 6. 730.000 / armers et ouvriers agricoles aux États-Unis (environ 10 pour cent de la population active) produisent au minim11m 30 pour cent de plus que 37.104.000 kolkhoziens et sovkhoziens (environ 40 pour cent de la population active). On ne se propose pas ici, sur les thèmes de la production, de la productivité, de la répartition, d'abonder en chiffres et en références : quelques faits, quelques traits frappants peuvent suffire à illustrer le réel état des choses. (Quant aux expériences astronautiques réalisées au moyen de satellites artificiels et de fusées, elles n'infirment en rien les observations courantes ; au contraire, leur coût fantastique particulièrement odieux par contraste avec la misère ambiante alourdit démesurément le fardeau des dépenses improductives que, d'autre part, le pouvoir comm11niste impose à la multitude exploitée pour de vaines raisons de prestige et au nom d'une volonté de puissance inutile.) * ,,,. )f Au DÉ.BUTD. E CE ·MOIS de novembre, les ÉtatsUnis ont cédé à la Pologne 200.000 tonnes de graines fourragères dont ce pays avait un urgent besoin 1 : à qui fera-t-on croire que l'Union soviétique voisine aurait consenti à cette transaction si elle pouvait prélever sur son fonds le moindre excédent ? Autres témoignages de prospérité : la KomsomolskaiaPravda du 28 de ce même novembre publie des lettres dépeignant la situation dans les coopératives du Kazakhstan ; elles sont signées des secrétaires de comités du komsomol et signalent le manque de vêtements d'hiver, de chemises, de bonnets, de gants, le manque de tous les objets de première nécessité, le· manque de conserves, de charcuterie, et enfin, dans cette région qui a livré tant de blé à l'État, le manque de pain parfois deux jours de suite, la très mauvaise qualité du pain quand il est en vente. Que l'URSS agricole ne puisse fournir du fourrage à la Pologne inféodée, que le pain fasse défaut au Kazakhstan producteur de blé, ce sont là des « détails » comme on pourrait en accumuler des centaines pour l'année, singuliers correctifs aux fallacieuses colonnes de chiffres, aux indices arbitraires qui éblouissent tant de politiciens et d'universitaires en Occident. Leur signification n'est pas épisodique, Khrouchtchev lui-même en dévoile I. New York Times du 4 novembl'C. La même information de Washington indique que la Pologne communiste avait bmfficié en 1957 d'un crédit américain de 30 millions de dollars, a d6 acheter des « surplus » agricoles de même origine pour 65 millions de dollars. En 1958, elle a eu 25 millions de dollan de crédits, a acheté des produits agricoles américains pour 73 millions de dollars. Et ce pays, qui n'a pas indemnilé les citoyens américains dont les propriétés furent spoliées par ratat lors de la nationalisation de tous les biens, ne cesse de solliciter l'aide capitaliste, sous les yeux complaisants de l'Empire contigu qui se vante d'etrc la première puissance du monde.A ver,er au d01sier du • dift ». Biblioteca Gino Bianco 325 la permanence dans certains discours à l'usage interne qui jurent avec ses déclarations tonitruantes proclamant la supériorité, aujourd'hui relative, demain absolue, de son « système ». Sans remonter plus haut que juin dernier, son rapport au comité central du Parti (Pravda du 2 juillet) dévoile des vices de ce système et des tricheries statistiques affectant l'industrie, mais non moins nocives dans l'agriculture. Il montre combien les affirmations officielles du ré~e, y compris les siennes, sont sujettes à caution, et implicitement à quel point les économistes libres ont raison d'en rabattre. Il cite des exemples de gaspillages monstrueux et d'artifices comptables que certaines publications spécialisées ont reproduits à l'étranger, que la presse « d'information » se garde de reproduire : machines neuves à l'abandon, délais interminables dans les constructions urgentes, fabrication de matériel mécanique deux fois trop lourd afin de réaliser le plan au poids, incurie dispendieuse et bureaucratisme parasitaire. Boulganine avait dénoncé les mêmes tares congénitales dans un discours très remarqué en juillet 1955. Si l'on prend la fin de la guerre civile (1921) comme point de départ, il y aura bientôt quarante ans que cela dure. · A la suite de son dernier voyage en Chine, après sa visite aux États-Unis en septembre, Khrouchtchev dut reconnaître en passant à Vladivostok que sa présence avait suscité dans cette ville l'apparition soudaine de marchandises introuvables la veille, « chaussures, tissus, lait et beaucoup d'autres » (Pravda du 8 octobre). Faisant halte à Bratsk où l'interrogation anxieuse et pressante : « A quand la baisse des prix ? » lui fit sentir la nécessité de répondre, il crut s'en tirer en disant : « Certes on pourrait baisser inconsidérément les prix des marchandises (ou augmenter les salaires), mai_soù prendrions-nous les moyens de développer ultérieurement notre économie ? » (Pravda du 1.0 oct.). Le lendemain, à Krasnoïarsk, il ajoutait après réflexion qu'une baisse des prix alors que manquent les marchandises ne résoudrait pas le problème (Pravda du II oct.). Dans ces conditions, il semble prématuré de prendre son défi au tragique. Aussitôt après son retour à Moscou, le Comité central décrétait (Pravda du 16 oct.) d'accélérer 'la production des objets de consommation, laquelle accélération ne figurait pas au programme septennal, donc ne se ferait qu'au détriment d'un autre secteur de l'économie. Cette improvisation en dit long sur la planification soviétique. Khrouchtchev n'avait pu, aux États-Unis, se dissimuler l'abondance débordante qui sollicite le consommateur. Devant quoi sa hâblerie naturelle lui faci..; litait contenance, en paroles, sans le rassurer au fond sur la portée de ses vantardises. Il y a surtout préconisé la reprise, sans restriction, du commerce international : on sait qu'il espère séduire le big business par la tentation d'énormes commandes, en échange de crédits amér.ic.ains atteignant jusqu'à 2 milliards de dollars. Dans son idée, c'est •

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