A. PATRI la méta-mathématique de Hilbert, ce qui devrait e-aJmer les passions. Nous reconnaissons toutefois que .ce genre de démarche facilite la position des hérésies, moins aisément tolérées par les marxistes que par les mathématiciens, ces derniers admettant la légitimité de systèmes non classiques. Indépendance. - L'ordre de nos axiomes n'est pas arbitraire : on ne saurait le bouleverser sans nuire à l'intelligibilité du systè~e. Cependant ces axiomes sont indépendants, au sens requis par les axiomaticiens : les précédents n'impliquent pas logiquement les suivants. C'est ce que nous pouvons démontrer par voie de théorèmes métamarxistes : a. M1 n'implique logiquement ni M2 ni M3. En effet, on conçoit logiquement que l'aliénation humaine soit un fait déplorable, sans qu'il puisse lui être apporté de remède temporel, contrairement à ce qui résulte de M2 et de M3 pris conjointement. Le méta-marxiste entraîné sur cette voie est tenté d'abjurer la théologie de l'athéisme, en embrassant une autre (conversion religieuse) ou rejetant toute théologie (positivisme agnostique). · b. M2 n'implique pas logiquement M3. A supposer que l'aliénation économique fût la clé de toute autre et qu'il dût y être mis fin, il ne s'ensuit pas que la collectivisation soit le remède. Pour tel méta-marxiste admettant en gros la 2 vision économique de l'histoire, il se pourrait que celui-ci fût trouvé en quelque libéralisme capitaliste amendé (keynesisme, américanisme, etc.). c. M3 n'implique pas logiquement M4. A supposer la collectivisation souhaitable, ou même inévitable, voire l'un et l'autre à la fois, il ne s'ensuit pas qu'elle soit le fruit de la lutte ouvrière. On conçoit qu'elle puisse procéder de l'initiative des milieux dirigeants (capitalisme étatique), ou d'une fraction d'entre eux (managerialisme au sens de Burnham), ou encore d'un groupe d'aventuriers politiques (« nouvelle classe >> au sens de Djilas). d. Sans porter préjudice à sa relation avec les autres postulats, M3 peut être intérieurement disjoint. En effet, il se pourrait que la collectivisation fût inévitable sans pour autant mettre fin à l'aliénation économique, l'aggravant au contraire par la contrainte renforcée résultant de la confusion des pouvoirs économique et politique (thèse annexe de Djilas, qui a de nombreux devanciers). Ainsi, pour des raisons simplement logiques (puisque nous ne nous inquiétons pas J?résentement de la validité de fait des assertions), nous concevons qu'hérésies soient appelées à fleurir sur champ de marxisme. Suffisance. - Le système est-il suffisant pour prouver tout ce qu'on entend d'ordinaire par marxisme ? De ce point de vue, d'assez sérieuses objectionssemblent pouvoir être formulées.Elles Biblioteca Gino Bianco 377 procéderaient cependant d'un malentendu : nous avons prévenu que nous n'irions point au-delà de ce que l'esprit contemporain a retenu de la pensée de Marx. C'est ainsi que, n'ayant pas à tenir compte des épigones nonobstant leur influence actuelle, nous n'avons pas introduit d'axiomes propres au bolchévisme ni à ses séquelles. Notre système du marxisme orthodoxe est en ce sens minimal. Mais si l'on y tient, nous pouvons le compléter, ce qui ne nous paraît point dépourvu d'intérêt, à condition de distinguer soigneusement les postulats additionnels des • premiers : M5. - En tous pays, la lutte de la classe ouvrière est dirigée par le parti qui admet la doctrine précédente et dont le siège est à Moscou (léninisme). M6. - Il est possible de construire le socialisme dans un seul pays, modèle de tous les autres (stalinisme). M7. - Il est possible de construire le socialisme en substituant à l'outillage technique capitaliste l'effort musculaire humain (maoïsme). Le contenu des axiomes M5 à M7 constitue l'état présent du système marxiste bolchévique orthodoxe, réserve faite peut-être quant à l'orthodoxie de M7 (nous n'avons pas qualité pour décider). Le système marxiste bolchévique orthodoxe sera désigné par MB, pour le distinguer de M qu'il contient. Les axiomes constitutifs de MB sont présentés dans un ordre à la fois logique et chronologique. En un sens, ces axiomes additionnels sont eux-mêmes méta-marxistes puisque le premier contient une allusion à « la doctrine précédente» ou M : le« parti» dont il est question en M5 s'improvise gardien de l'orthodoxie de M et, par suite, joue le rôle d'une Église. Nous pouvons prouver l'indépendance de M par rapport à MB, ce qui explique logiquement la scission bolchévique : le rôle du «parti» n'était pas précisé en M, où la classe ouvrière apparaissait seule comme Sauveur suprême (MS). Il en résultait des controverses entre syndicalistes et sociaux-démocrates, que nul ne paraissait avoir qualité pour trancher avant la position résolue de M5 et Lénine. D'autre part, on aurait pu considérer historiquement deux états de M5, puisque la scission bolchévique fut nationale avant de devenir internationale en 1917. La révolution permit l'élection géographique du « siège». M6 n'est pas logiquement impliqué par M5 mais situé historiquement dans le prolongement de la controverse entre sociaux-démocrates menchéviks et bolchéviks, non seulement sur le rôle et la structure du parti, mais aussi sur l'opportunité d'entreprendre la construction du socialisme en pays techniquement arriéré. L'entreprise ne se confondant pas avec l'accomplissement, nous maintiendrons l'indépendance de M6 qui représente l'apport original de Staline. Nous n'avons pas cru devoir introduire un axiome de « coexistence pacifique >) qui, selon certains •
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