Le Contrat Social - anno III - n. 6 - novembre 1959

H. F. SCHURMANN proclamé au début - nivellement de la condition économique des paysans riches et pauvres et des collectivités riches et pauvres - a été supprimé pour favoriser un accroissement de la productton. En rapport avec l'accent remis sur le stakhanovisme, l' « égalitarisme » a été l'objet de violentes attaques. Ni le socialisme ni le communisme ne signifient « égalitarisme», déclarait un article publié dans Houng-tchi (Drapeau rouge), revue théorique du Parti. L'auteur poursuivait : Le travail de chaque ouvrier diffère en quantité et en qualité : les uns font beaucoup, les autres peu; ici la qualité est élevée, là elle l'est moins... Les classiques du marxisme, le C. C. de notre parti et le camarade Mao Tsé-toung ont critiqué il y a déjà longtemps l'erreur que représente ce genre d'égalitarisme. Au cours de l'histoire, les travailleurs ont souvent nourri des illusions d'égalitarisme. Lors des révoltes d'esclaves et des luttes paysannes, ils ont tâté de l'égalitarisme. Cela montre que les travailleurs n'avaient pas encore mûri dans la lutte pour l'émancipation. En réalité ils n'ont jamais atteint et ne pourront jamais atteindre le résultat espéré. Nous devons nous opposer à l'égalitarisme et, dans la phase socialiste, maintenir le principe de la distribution selon le travail et des échanges selon le prix. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut aider à développer la solidarité de la classe ouvrière, renforcer les communes et développer la production socialiste 9 • Un autre article de la même revue soulignait que le système : « Travailler beaucoup, gagner beaucoup » continuerait pendant longtemps et qu'en fait« ce système., comparé à celui de gagner sans travailler., est beaucoup plus équitable» 10 • Il est clair que ce sujet restait préoccupant., car le Drapeau rouge y revenait encore une fois quelques mois plus tard dans un article théorique verbeux qui cherchait à démontrer que Marx lui-même tenait pour la « distribution - selon le travail ». L'un des principaux points · sensibles était évident dans l'aveu que « les salaires des travailleurs sous le capitalisme semblent être aussi distribués d'après le même principe » 11 • Des appels ont été lancés à maintes reprises pour réduire le gaspillage dans la gestion des communes. Un journal allait jusqu'à déplorer que dans certaines communes on mangeât trop en raison du système de « fournitures » 12 • Il y a eu de nouveau des signes d'une pénurie persistante de main-d'œuvre et des exhortations à préparer la récolte de blé d'été. A ce propos il a été conseillé de consacrer moins d'efforts aux grands travaux à long terme dans les communes et de se concentrer sur la production agricole jmmédiate. Constatant que les communes ne peuvent se développer très rapidement en raison de l'état primitif de l'agriculture., le Drapeau rouge publiait cette mise en garde : 9. Drapeau rouge, 1 cr avril 1959, p. 20. 10. Ibid., 16 mars 1959, p. 4. Ir. Ibid., Ier juin 1959, p. 22. 12. Quotidien du Peuple, 17 mars 1959, p. 7. Biblioteca Gino Bianco L'accent sur les constructions de base dans les communes concerne les constructions de nature productive. On ne peut pas gaspiller trop de capitaux sur des constructions non productives, et les normes de construction ne doivent pas être trop élevées (...) les communes ont entrepris de grands travaux à long terme, tels qu'usines hydrauliques, reboisement, amendement du sol, développement des ressources minérales, amélioration de l'habitat, etc. Ces travaux sont importants. Mais ils ne doivent pas monopoliser trop de capitaux et de main-d'œuvre pour ne pas entraver la croissance de la production 13 • Pour une plus grande unité A PARTIR du début de 1959., l'accent est remis sur l' « intégration nationale ». Un article du Drapeau rouge du 16 février (pp. 9-12) forge un nouveau slogan : « Tout le pays comme un échiquier. » L'auteur., Ko Tching-chih., explique qu'il s'agit d'une politique qui « combine parfaitement la direction et la gestion collectives aux différents échelons., les forces centrales et régionales, la force de l'État et celle des masses ». Puis., se demandant si une telle politique ne risquait pas de « paralyser le développement de l'initiative à l'échelon local et à l'échelon individuel », il répond - d'une manière étrangement ·confucéenne - que le plan économique est pareil à la partition d'un orchestre symphonique ; chaque exécutant doit cultiver ses propres talents., mais en même temps obéir au chef d'orchestre et suivre la partition. Au lieu de la décentralisation dont on avait tant parlé en 1957-58., le mot-clef est à présent l'unité. Un autre auteur note que si la commune est devenue l'unité de base de l'organisation sociale « elle est en même temps l'unité de base du pouvoir politique » 14 • La « contradiction » entre la « production en vue de l'autonomie économique» et la « production de marchandises » (pour le marché nation~) d~s l~s co~munes est un autre problème qw rettent 1 attentton. Ce fut l'un des plus impor- ~an~s sujet~ disc~tés à U?e co~ér~nce de 24 ~ em1nents economistes qw se reururent en mai derni_er à Çhani~aï : le débat fit apparaître une ce~ame d!-ve~1te de vu.es. Beaucoup d'éconolDIStes estimaient que s1 les communes orientaient trop la production vers la satisfaction de le11;1'p8~°&res besoins., elles ne pourraient prodwre s ~amment pour le marché national et vie~versa. Auc?lle déclaration nette ne fut publiée, mais un certam accord se fit : la contradiction pourrait être résolue si les communes s'en tenaient strictement au plan économique national tout en tenant cependant compte des conditions locales particulières. En général on convint toutefois que les communes devaient observer le principe : « La nation en premier et la 'collectivité' [c'està-dire la commune] en second )) 15 • 13. Drapeau rouge, 1•r avril 1959, p. 22. 14. Tchoung-kouo tching-nim (Jeunesse de Chine), 1959 n° 2, p. 36 ; cf. aussi China News Anal sis, n 26 , p. 2 15. Quotidi,n dtl Peuple 1°r juin 1959 p. . • •

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