362 Parti sur l'ensemble du processus. Le ·titre 6 de la résolution contient ce passage décisif : · Le problème fondamental pour faire marcher . une commune populaire est de renforcer la direction du Parti ... Il en est pour croire qu'avec les commun~s le Parti n'est plus nécessaire et qu'il est possible de réaliser une prétendue unification du Parti et de. la commune. Cette opinion est fausse. Ainsi donc, si la résolution pouvait représenter une retraite tactique par rapport aux extrê~es de la première phase, elle marquait; ce qui. est plus important, le début d'un resserrement systématique de l'étreinte du Parti sur un « mouvement de masse » qui, sous bien des rapports, semblait lui échapper 6 • En fait, la résolution dans son ensemble_allait dans deux directions à la fois. D'une part, -elle prescrivait la modération dans le travail, la discipline et l'organisation. Les membres de la commune devaient disposer d'au moins huit heures de sommeil. Ils pourraient jouir d'une certaine propriété privée, par exemple des arbres entourant leur maison, de leurs outils et d'un peu de bétail. La « distribution selon le travail >> serait rétablie comme principe fondamental de la rémunération de façon qu'à un effort plus grand correspondît une rétribution plus élevée ; et il_était dit que 90 pour cent des membres de la commune devraient jouir les années suivantes de revenus accrus. La famille ne serait plus détruite : les membres de la commune pourraient continuer à vivre avec leurs parents âgés et leurs enfants. Toutes ces stipulations corrigeaient évidemment les excès commis dans de nombreuses communes par des cadres trop zélés ou fanatiques, ce qui avait suscité un grand mécontentement chez. les paysans. D'autre part, la seconde partie de la résolution contrebalançait ces « con~essions » par des stipulations destinées de toute· évidence à resserrer l'organisation et la disciplin~. Le rôle dirigeant du Parti devait être renforcé de façon décisive. Les communes· op~reraient _·selon le principe : « Direction et gestion unifiées ·aux différents éche~ Ions». A- l'échelon inférieur (ou commune indiviC:tuelle),la « direction u.ajfiée »· ~ait ç_Qnfiée_ .. àu comité ··8-clministratif de . la:. co_~~une · .(dotn:iné bien entendu par le Parti)-; tout~fois les ·l?rigaçles 4e production devaient jouir d'rin~ c~rt~e liperté d'action destinée à « favoris~r leur esprit positif» (c'est-à-dire l'initiative). ·Les communes rie dev~ent plus être seules à .avo4" la ··haute main sur leurs formations de· milice, lesquelles seraient désormais placées sous la double ·autorité de_s administrations des communes et des « organes de commandement de la mili~e à l'échelon supérieur». Enfin, il était pre~çrit ~-to1;1te~.les communes .d'entreprendre « 1~ -t~~v~·- d'éçlucation, de mise .en ordre et de consolidation » .p·ar·.une critique et une rectification constantes. . 6. Voir · 1, interprétation anâlogu~ · d'un ·6.lisériateur chevronné de Hong-Kong dans China News Aiialysis, 2~ janvier 1959, p. 5. Biblioteca ·Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE , Les communes en 1959 . DEPUISla résolution de Wouhan, les communes ont fait l'objet de moins en moins de publicité et ce qu'on en dit dans la presse communiste et les déclarations officielles est remarquablement modéré et réservé. Dans son rapport du 18 avril 1959 au Congrès national du peuple, le premier ministre Tchou En-laï résumait brièvement les tâches futures des communes. La consolidation (littéralement, « durcissement »), déclarait-il, est la condition préalable d'un heureux. développement de la production agricole. Le système des salaires continuera à se fonder sur le principe de la « distribution selon le travail » et tous les échanges se feront à prix équivalents : c'est-àdire qu'il n'y aura pas d'échanges sans argent. La direction, la gestion et la comptabilité unifiées à chaque échelon continueront à être les principes fondamentaux d'organisation et une stricte économie sera pratiquée 7 • A l'exception de l'accent . mis sur l'économie, rien ne diffère ici de la politique arrêtée à Wouhan. Un aspect des communes qui, malgré une publicité plus discrète, continue à provoquer de fréquentes discussions depuis Wouhan est le système des salaires. Nous avons vu que beaucoup de communes, influencées par le slogan marxiste : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins», avaient commencé par adopter un système «avancé» de rémunération : celui-ci réduisait l'importance de la production comme élément déterminant du salaire. Mais l'on comprit bientôt que cela décourageait les meilleurs ouvriers et la résolution de Wouhan · réaffirma le principe de la cc distribution selon le travail ». Conformément à cette politique, les communes Ol)t généralement remis en vigueur le système de la « journée de travail », familier depuis longtemps aux pays communistes. Pour résumer, une « journée de travail» se décompose en dix« unitéstra~ail >> ~t refrésente !héoriquement. la quantité de travail qu un ouvrier moyen p~ut effectuer en une journée.- (les ·unités-travail variant bien eJ?,tendû ~elo1:1les .différentes activités). Il existe une norme mensuelle standard de· 28 journées de . travail pour _les hommes e~ de 2,5 · pour les femm~s .. Une prune est versée pour chaque 11nité fourme au-delà de la norme (on peut travailler pl,u~ d~ 28 jo~rné.es de travail pen4ant la !Dême penode), tandis que. pour ceux qw n'atte1grient pas la norme le salaire de base peut être réduit en proportion. Autrement dit, il y a eu dans les communes un retour au stakhanovisme pur 8 • Notons que ce repli concordait avec les objections de Khrouçhtchev et Mikoïan, qui soulignaient la nécessité d'encouragements matériels. Quoi qu'il en soit, l'un des grands avantages des communes 7. Quotidien du Peuple, 19 avril 1959, p. 3. 8. Ibid., 10 mars 1959, p. 3.
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