Le Contrat Social - anno III - n. 6 - novembre 1959

L'expérience communiste LES << COMMUNES >> EN CHINE par H. F. Schurn1ann L Y A un peu plus d'un an, le régime de Mao Tsé-toung lançait officiellement la grande «communisation » de la Chine rurale. Une excitation insensée suivit l'annonce d'août 1958 qui « présentait » au public la commune modèle dite «Spoutnik». Le 10 septembre, une résolution du Comité central du P.C.Ch. du 29 août portant transformation de toutes les exploitations collectives en communes était rendue publique. Jour après jour, tous les moyens de diffusion de la Chine continentale déversèrent un déluge d'informations enthousiastes sur les progrès de la vaste réorganisation. Deux mois plus tard, la grande majorité des coopératives agricoles avaient fusionné en « communes populaires» géantes. La presse commença à parler avec exubérance d'un début de transition vers le communisme. Les voyageurs étrangers coururent voir les nouvelles formations dans les campagnes et leurs observations furent portées à la connaissance des lecteurs avides. Les réactions du bloc soviétique furent marquées de froideur et de méfiance, mais l'expérience chinoise n'en attira pas moins l'attention du monde entier, éveillant la curiosité, la consternation et même la peur. Quatre mois environ après le début de toute cette agitation vint une nouvelle résolution du C.C. sur les communes, adoptée le 10 décembre 1958 à Wouhan. La note dominante de cette directive était un appel à une modération prudente dans le développement du système des communes. L'intense exubérance des mois précédents commença à décroître et, avec le temps, la presse parla de moins en moins des communes. Le ·peu qu'elle en disait était plus sobre, plus réfléchi et analytique. En même temps des nouvelles sur les dures conditions d'existence et le malaise social dans les communes commencèrent à filtrer au dehors avec une fréquence croissante et eurent beaucoup de publicité en Occident. Certains observateurs 9ccidentaux en conclurent hâtivement que l'expérience avait échoué, que les Biblioteca Gino Bianco - communistes avaient trop présumé de leurs forces en tentant d'embrigader totalement les paysans d'une manière beaucoup plus intensive que celle de Staline dans les années 30 en Union soviétique - avec des conséquences quasi catastrophiques. Mais malgré la disparition de l'enthousiasme initial, rien ne prouve que le régime de Mao . considère le moins du monde les communes comme un échec. Assurément certains changements significatifs ont eu lieu, qu'il faut tenter d'éclaircir. Mais au préalable il est utile de récapituler brièvement les principaux points de la naissance et du développement des communes. Genèse des communes VUES dans une large perspective, les communes semblent représenter une étape vers l' organisation totale de la classe paysanne. Il y eut tout d'abord la réforme agraire, puis la formation d'associations d'entraide, le groupement de cellesci en coopératives élémentaires, la transformation des coopératives élémentaires en coopératives de « type avancé ». Mao annonça au début de 1956 qu'à la fin de 1958 des coopératives avancées seraient établies dans tout le pays. Les communes constituèrent l'étape suivante dans le processus d'organisation totale des paysans poursuivi systématiquement depuis 1949. Il y eut cependant des raisons précises, immédiates, qui contraignirent les comm11nistes à aller de l'avant en inaugurant des communes au cours de l'été 1958. Le mobile · le plus important fut peut-être l'urgent besoin d'accroître la main-d'œuvre agricole. Dans la seconde moitié de 1957, le régime avait compris que ses plans de développement industriel dépendaient directement d'une expansion simultanée de la production agricole 1 • Cela I. Cf. Choh Ming-li : Economie DftJelopment of Communist China, Berkeley 1959., p. 221.

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