184 prêtres, croient que le devoir leur commande de résoudre le problème ouvrier et s'adonnent aux questions sociales avec une sincérité et une ardeur qui n'ont d'égale que leur ignorance. CLAUDEHARMEL. Littérature soviétique Ostlicht. RussischeLyrik und Prosa der « Tauwetterperiode » 1956 und 1957. Édité par Vladimir Shabinsky. Berlin, Verlag fuer international en Kulturaustausch, 1958, 178 pp. TABLEAUdes courants de résistance qui se sont manifestés dans les belles-lettres soviétiques au cours des années 1956-1957, ce recueil reproduit quantité de textes, dont certains anonymes, parus dans des publications d'étudiants plus ou moins clandestines. Ils sont pour la plupart LE CONTRAT SOCIAL groupés par sujets: « Village kolkhozien», « Jeunesse», « Détenu politique», « Amour», etc. Le résultat est fort intéressant. Il faut toutefois regretter que l'éditeur se soit laissé guider par une sorte de « réalisme socialiste» à rebours : seul le contenu politique de la production littéraire a retenu son attention, les valeurs artistiques étant totalement négligées. Cela s'applique tant aux commentaires de M. Shabinsky qu'à la façon . dont il ·a découpé les œuvres présentées pour mettre en évidence les passages · proprement politiques. Or, même si l'on est entièrement indifférent aux aspects esthétiques, on risque de se tromper lourdement dans l'appréciation du sens et de la portée , politique d'un · poème ou d'un roman en l'assimilant à un éditorial ou à un pamphlet. Comment se représenter, par exemple, le rayonnement d'un Boris Pasternak lorsqu'on le trouve " confondu parmi les scribes insipides qui abondent dans la littérature soviétique ? PAUL BARTON. • CHRONIQUE Le péril jaune LE MONDEest aussi bien informé des choses de la Chine communiste que des affaires de l'Union soviétique, la politique de Pékin n'est pas plus mal comprise que celle de Moscou. Devant les évidences, publicistes et politiciens rivalisent de cécité, d'ignorance ou, trop souvent, de complaisance intentionnelle envers l'impérialisme soviéto-communiste. Les rares commentateurs compétents en la matière sont tenus à l'écart et ne peuvent guère se faire entendre. De prétendus sinologues ne cessent d'abuser l'opinion publique quant aux perspectives chinoises, tout en faisant étalage d'une érudition hors de propos qui masque leur incompréhension to_tale des réalités actuelles et futures. Toutes sortes de notions fictives ou embrouillées aboutissent au paradoxe de faire prévaloir à la fois l'idée d'un péril jaune menaçant la civilisation occidentale et un sentiment de sympathie, voire d'admiration, pour le régime totalitaire incarné en Mao Tsé-toung. Au cours des dix ou douze dernières années, il a ·fallu subir en Occident (et en Orient) une succession de formules ou de clichés qui tendaient diversement à servir les intérêts du pouvoir communiste en Chine et par conséquent son expansion dans toute l'Asie, son influence dans le monde. D'abord on ne devait s'inquiéter de rien, car le peuple chinois a la singulière capacité d'absorber, de «digérer» toute domination étrangère ou indigène contraire aux traditions Biblioteca Gino Bianco nationales. Ensuite il s'agissait de ne pas confondre les comm11nistes chinois, variété respectable de- libéraux et réformateurs agraires, avec l'espèce stalinienne de même étiquette. Puis il était. indiqué de s'entendre à tout prix avec Mao, de le soutenir sous tous les rapports, afin de l'engager dans la voie du titisme, de l'ériger en Tito grand format, capable de troubler les nuits de Staline. Enfin, quand Moscou et Pékin ont délibérément provoqué la guerre de Corée, les adjurations et mises en garde se sont multipliées pour interdire de toucher au « sanc- . tuaire ,mandchou », donc d'infliger une défaite à l'agresseur, sous peine de guerre mondiale. Pendant et après, il n'a été question que de reconnaître sans conditions le gouvernement de Mao, · d'admettre la Chine comm11niste aux Nations unies, d'abandonner Formose et le Kt;iomintang· à leur triste sort afin de résoudre d'un coup tous les problèmes apparemment insolubles et d'assurer ainsi la paix universelle. Les dçtenteurs de ces secrets importants et de ces solutions élégantes savaient, plus tard, que Mao inspirait et appuyait le « révisionnisme » en Yougoslavie, en Hongrie, en Pologne, contre les (<durs» de Moscou. Ils ont révélé ensuite que le même Mao exigeait la répression impitoyable de tout révisionnisme, faisant pièce aux « libéraux » du genre Khrouchtchev, se mêlant constamment et de manière décisive aux querelles intestines •
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==