Le Contrat Social - anno III - n. 3 - maggio 1959

QUELQUES LIVRES corrompues pour qu'il pût conserver sa chaire à la Faculté_de Belgrade. Depuis lors il a fait du chemin. Nommé ministre adjoint de la Constituante en 1945, il copia la Constitution soviétique : les textes comparés révèlent qu'à part _.deux chapitres, la Constitution yougoslave · n'était qu'une simple traduction de la Constitution «stalinienne». Sachant parfaitement accabler ses anciens maîtres, M. Djordjevic prétend maintenant que cette Constitution « n'a pas été une simple copie, à la différence des pays de l'Europe orientale ... » (p. 18). Cette fois, il a rempli quelque 200 pages de textes législatifs yougoslaves, complétés par son commentaire ou par des citations du maître d'aujourd'hui: E. Kardelj. Il est capable d'avancer les affirmations les plus fantaisistes ou mensongères sans même tenter d'~pporter la moindre preuve. A propos du coup d'Etat du 27 mars 1941, fait par un groupe d'officiers - ce que tout le monde sait et qu'on pouvait lire dans toute la presse, - .M. Djordjevic prétend : <<••• Le 27 mars, les peuples yougoslaves organisaient des manifestations publiques et des protestations contre les dirigeants fascistes, qu'ils réussissaient à renverser, y compris leur chef, le prince régent Paul » (p. 3). Le conflit entre Staline et Tito en 1948, qui éclata à la surprise générale de la population yougoslave, et même des membres du parti communiste, reçoit l'interprétation suivante : « Cette tentative se heurta à la résolution de résistance de l'énorme majorité du peuple» (p. 25). Sans scrupule devant les faits historiques connus, M. Djordjevic n'en éprouve évidemment aucun dans l'usage des formules juridiques et théoriques. Pour justifier le système du parti unique en Yougoslavie, il se sert des plus anciennes jongleries de la propagande communiste : Il y en a en effet des États qui possèdent plusieurs partis, sans que cela implique l'existence de démocratie en leur sein (...) La démocratie socialiste aspire à un niveau de développement supérieur de la démocratie. Fondée sur le socialisme, elle apporte au peuple des possibilités plus larges de liberté et de pouvoir. Elle est une démocratie plus réelle (pp. 100-101). Rien ne prouve que M. Djordjevic prenne au sérieux ce qu'il écrit et que, dans de nouvelles circonstances, il n'écrira pas exactement le contraire, comme il l'a fait du système soviétique qu'il qualifiait en 1945 de « démocratie socialiste » et, plus tard, de « système antidémocratique ». Mais que cette propagande grossière paraisse sous l'égide d'une « Bibliothèque de la science politique » et que le livre soit préfacé par M. Marcel Prélot et révisé par M. René Capitant, tous deux professeurs et ex-députés gaullistes, c'est peut-être flatteur pour la prétendue « démocratie socialiste yougoslave », mais certainement pas pour la science politique française. BRANKOLAZITCH. Biblioteca Gino Bianco • 179 De bonnes intentions GEORGESAUGE: Échec au communisme. Paris, Les Iles d'Or, 1958, 208 pp. « LES HOMMES qui veulent lutter, doivent savoir (...) C'est donc surtout pour soutenir une lutte que cette brochure sera diffusée ... », tel est l'avertissement de l'auteur dès l'avant-propos de ce petit volume, recueil de conférences publiques prononcées devant des auditoires catholiques. Malheureusement, les 60 pages qui suivent, consacrées à l'analyse du communisme, témoignent étonnamment à la fois d'une ignorance et d'une incompréhension totales du communisme. M. Sauge fournit la preuve qu'un chrétien sincèrement anticommuniste peut s'avérer tout autant étrang~r à la connaissance du communisme qu'un chrétien progressiste, victime, lui, d'une autre optique. Le communisme est une affaire d'importance vitale et le charlatanisme ne contribue pas, tout au contraire, à la traiter efficacement sur .le plan idéologique et spirituel. Si M. Sauge avait lu et assimilé au moins un seul livre substantiel sur la question, il aurait évité d'accumuler d'innombrables erreurs de fait, de jugement et d'interprétation en si peu de pages. En fin de compte son livre, au lieu de servir à faire « échec au communisme», pourrait plutôt aider les communistes, et même .les chrétiens progressistes, à réfuter, ·preuves à l'appui, une telle argumentation anticommuniste comme dépourvue de toute connaissance du sujet et par conséquent inspirée de raisons vraiment peu convaincantes. A titre d'échantillons prélevés sur une trentaine de pages, voici ce que l'auteur a pu, entre autres, écrire à tort et à travers : De 1909 à 1912, Lénine était à Paris, archiviste à la Bibliothèque nationale. Il rassembla dans un bâtiment acheté par le Parti pour en faire un musée ses dixhuit premiers camarades dont Marcel Cachin (p. 28). Après avoir liquidé le vrai fascisme, analysé comme un des derniers sursauts de l'impérialisme international décadent, le communisme continue la désagrégation des peuples libres et, tournant le mouvement par la réserve africaine, s'apprête à bondir dans le nouveau monde, en introduisant, au Brésil comme réserve, et au Mexique comme plaque tournante, la terrible loi de contradiction (p. 31). C'est pour avoir commis cette erreur, pour avoir préconisé la théorie de « la révolution permanente))' que les trotskistes et Trotski lui-même furent liquidés physiquement. La théorie bolchévique et la force minoritaire de Lénine avaient éliminé la force majoritaire : le trotskisme (p. 34). Les menchéviks eux aussi furent liquidés (cette liquidation s'identifie à peu près à la liquidation de koulaks), ainsi que les poumistes, et bientôt il ne r t, plus que les bolchéviks, authentiques interprèt s d , la pensée marxiste (p. 35). Car c'est en France, près de Lyo11, qu'ont été fi rm aux méthodes communi tes Ho Chi-min et Mao T - toung. Marcel Cochin fut 1 ur profi ss ur (p. 43).

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