Le Contrat Social - anno III - n. 2 - marzo 1959

108 investissements et des méthodes de gestion et de direction : la conférence de production examine les plans de construction à usage industriel, locatif ou culturel., aussi bien que les mesures projetées en vue d'une utilisation effective des ressources destinées aux investissements ; présente des propositions tendant à perfectionner la direction à l'intérieur de l'entreprise et à améliorer le travail de son appareil. Bien plus modestes s?nt les prérogatives .de la conférence de productlon en fait de protection de la main-d'œuvre, de formation professionnelle et de discipline de travail. Elles ne vont pas audelà de celles qui étaient précédemment conférées au comité d'entreprise : la conférence examine les mesures pour l'amélioration de la protection du travail et pour celle de la technique de sécurité, ainsi que pour l'utilisation complète des ressources allouées à ces fins ; étudie les problèmes relatifs à la formation et au perfectionnement de la main-d'œuvre qualifiée, à l'utilisation des ouvriers dans leurs profession et qualification, et examine les mesures destinées à raffermir la discipline de travail et de production. L'arrêté précise également les limites des initiatives que peut prendre le nouvel organe : Après avoir étudié les problèmes, la conférence de production adopte des résolutions rigoureusement conformes à la législation en vigueur et aux plans homologués pour l'entreprise ou chantier et pour les ateliers. La conférence permanente de production, tout en étant élue en partie par les salariés (ses membres représentant la direction et les diverses organisations sont simplement nommés par leurs mandants), n'a strictement rien à voir avec la défense ou la protection des- intérêts ouvriers. Son rôle se concentre exclusivement sur le concours qu'elle doit apporter à la direction dans l'accomplissement de ses obligations. · Cette brusque extension de la collaboration syndicale à · l'entreprise industrielle contraste de manière éclatante avec la restriction que les attributions de l'organisation professionnelle ont connue dans le règlement des conflits du travail. Il s'avère ainsi que la tendance à_transférer so_!l· centre de gravité dans les entreprises est orgam- .quement liée à une autre : il s'agit de subordonner davantage ses préoccupations aux intérêts de la production. Circonstance caractéris~ique, dès 1955 les sociétés scientifiques et techniques groupant ingénieurs et techniciens furent incorporées aux syndicats afin d'être transf ~rmées en « org~nisations de masse » ; de 1955 a 1957, les effecttfs de ces sociétés furent portés de 300.000 à 600.000 membres et elles comptaient, fin 1957, 17.000 organisations primaires dans les entreprises. D'autre part, les syndicats organisèrent au cours de l'année 1957 une série de conférences des « rationalisateurs » et inventeurs, ainsi que de nombreux concours, et procédèrent à la fondation d'une « organisation volontaire de mas.se » groupant les intéressés en vue de leur perf ectionnem_ent professionnel, d~ l'élaboration d_e le~rs proJets et de la protection de leurs droits d inventeur ; BibliotecaGinoBianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE cette organisation est censée, elle _aussi, établir ses sections de base dans les entreprises 25 • * * * AINSI donc les syndicats sont obligés de soutenir plus que jamais les intérêts de la pr.oduction. Or cette obligation fut à l'origine de leur sclérose. Aussi peut-on se demander si l'extension des attributions conférées aux comités -d'entreprise et aux conférences de production n'est pas vouée à demeurer lettre morte. Il ést, certes, trop tôt pour trouver à cette question une réponse _définitive. Toujours est-il que les sources officielles commencent déjà à avouer des échecs. Il s'avère en particulier que les comités d'entreprise se montrent peu enclins à intervenir dans l'étude et la mise au point des programmes; que les conférences de production tendent à devenir l'affaire des ingénieurs et techniciens puisque les ouvriers les ignorent; que là où ces conférences prennent leur tâche au sérieux, elles dépassent fréquemment les limites imposées à leur initiative; que les administrations économiques continuent de ne tenir aucun compte des propositions émanant des organismes professionnels 26 • Quoi qu'il en soit, le maintien des syndicats dans leur position subalterne est lourd de conséquences. Toute l'opération de remise en ordre des rapports de travail s'en ressent. Celle-ci se signale par une incohérence inévitable dès lors qu'il n'existe pas d'institution susceptible de trouver aux problèmes du travail des solutions adéquates et d'influer en même temps sur les décisions du gouvernement. D'autre part, il est à peine nécessaire d'insi§ter sur les lenteurs des travaux d'un Comité d'Etat qui, de ses bureaux dans la capitale, est censé replacer sur une base rationnelle les rémunérations de toutes les professions et dans toutes les entreprises, ou sur la lourdeur des procédures par lesquelles un tribunal ou un parquet supplé.e ·à la carence des comités d'entreprise. · Cependant, du point de vue du pouvoir, ces phénomènes ne présentent pas que des inconvénients. Ils corresp.ondent, au :iv.oins .dans une certaine mesure, aux intentions ·sous-jacentes à la réforme actuelle. Celle-ci ne visant pas à renverser définitivement .les tendances ·fondamentales de la politique officielle·du travail, le pouvoir doit garder la possibilité de. rev~ni~ sq.r. chacune des mesures prises, ou .m·ême, le cas éçhéant, sur la réforme d~ns son· ensemble. Il faut donc éviter .que le provisoire ne ·deviènne du permanèrit, ce qui ne manquerait pas de se produire si les syndicats pouvaiènt assumer la fonction qui leur revient dans toute société îndustrielle. PAUL BARTON 25. L. Soloviev : « Pour des organisations syndicales militantes actives », Partiinaia Jizn, 1955, n° 16 ; « La voie léniniste du développement des· syndicats soviétiques », Sotsialistitcheski Troud, 1958; n° 2. . 26. J. Michine : « Relever le rôle des .. syndicats· dans l'entreprise », Partiinaia Jizn, 1958, n° 24. •

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