2 du monde » selon ses principaux auteurs bientôt suppliciés par ordre de Staline, a servi de couverture aux pratiques du stalinisme, aux pires atrocités de l'histoire. La nouvelle Constitution française importera donc moins que la réformation des manières d'être, des routines invétérées qui avaient discrédité le parlement et réduit les gouvernements successifs à l'impuissance. A cet égard, les mesures déjà prises ne sont qu'une esquisse et la suite dépendra des élites influentes, de leur volonté comme de leur conscience. Il n'y aura pas de rénovation prof onde sans critique franche et pertinente des aberrations d'hier, sans révision complète des notions qui ont été monnaie courante jusqu'au jour où un problème devenu insoluble et trop brûlant a soudain mis tout en cause. Sans remonter au déluge, ni même aux sources du désastre de 1940, il faut reconnaître que depuis la dernière guerre la France a vécu dans le mensonge. Aux multiples mensonges des propagandes adverses, aux pieux mensonges de la lutte légitime et aux mensonges perfides des entreprises conquérantes n'a pas succédé, avec la paix, une cure de vérité indispensable. Ni dans la collaboration avec l'ennemi, ni dans la résistance à l'ennemi, ni dans la soumission à l'ennemi n'ont été faites les discriminations conformes à la justice et à l'intérêt national. Après la libération du territoire en I 944, trop d'habiles avaient émergé de partout, trop de profiteurs et d'adaptables qui, aux promesses de république «dure et pure », substituèrent une réalité flasque et foncièrement vicieuse, saturée de fictions, de sophismes, de convoitises immorales.· Trop d'appétits individuels furent camouflés en titres civiques, de trafics illicites récompensés comme mérites exceptionnels, de règlements de comptes particuliers déguisés en actes patriotiques sous le faux prétexte de nuire à l'envahisseur. Dans ces conditions troubles, propices à l'imposture, la plus cynique tromperie de tous les temps put se donner carrière, celle du parti communiste complice de l'hitlérisme et travesti en champion de la patri en danger. ·Les effets n'ont pas fini de s'en ire sentir. 2 2. La mode actuelle en faveur dans les milieux bourgeois décadents veut déprécier comme << anticommunisme systématique» toute opinion conséquente sur l'autocratie soviétique et ses ramifications extérieures. Elle implique d'honorer, en bonne logique, le philocommunisme incohérent qui sophistique les tendances affichées « libérales » par antiphrase, où le libéralisme trouve à se concilier avec la tyrannie bureaucratique et policière dont Staline a été l'incarnation et que ses disciples perpétuent sous des formes moins virulentes. BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL Si la guerre d'Algérie a provoqué la déchéance ultime du régime qui aurait pu l'éviter, puis n'a pas su l'écourter ni la terminer, c'est que le régime était profondément perverti de diverses façons, la perversion la plus nocive venant du parti communiste, section française de l' «appareil » soviétique. Moins par le nombre de leurs adeptes et la force réelle de leurs suiveurs. qu'en vertu d'une légende forgée à la faveur d'une guerre «pourrie» (Hitler dixit), les sectateurs de Staline et leurs auxiliaires d'étiquette «progressiste » ont réussi à infester et infecter de proche en proche tout l'organisme de l'État français, à dégrader l'esprit public et, par contagion, avilir les partis politiques enclins {, à l'émulation la plus basse. Sans eux, la gauche et la droite eussent tant bien que mal rivalisé dans un meilleur sens au lieu de décliner à un niveau inférieur, ce qui n'excuse en rien les partis assez médiocres pour s'être prêtés avec eux à des jeux dérisoires. L' extirp·ation du cancer communiste reste donc une condition nécessaire du redressement français et elle exige que la vérité dissipe enfin la légende, fût-ce avec douze ans de retard. Les communistes en France comme ailleurs n'ont fait que servir les intérêts de l'Empire soviétique tels que les entendait Staline et tels que les a déterminés Hitler. Ils n'ont jamais appartenu à la «résistance» française contre laquelle s'est exercée leur hostilité intraitable et qu'ils ont dénigrée, calomniée au maximum jusqu'au jour où l'agression allemande contre l'Union soviétique leur a imposé une volte-face tactique alignée sur la stratégie globale de l'état-major communiste. 3 Leur activité spéciale a coïncidé alors, a convergé sans s'identifier avec celle de la résis~ance authentique, sans s'y confondre, sans renoncer à ses fins propres, étrangères à la cause commune des démocraties en guerre. A leur corps défendant, ils ont adopté une terminologie contraire à l'idéologie soi3. Cf. M. Ceyrat : La Trahison permanente. Paris, Éditions Spartacus, 1947. The Department of State : La Vérité sur les rapports germano-soviétiques de 1939 à 1941. Paris, Éditions FranceEmpire, 1948. A. Rossi : Deux ans d'alliance germano-soviétique. Paris, Arthème Fayard, 1949. A. Rossi : Les Communistes français pendant la drôle de guerre. Paris, les Iles d'Or, 1951. Les Cahiers du Bolchévisme pendant la campagne 19391940. Avant-propos d'A. Rossi. Paris, Dominique Wapler, 1951. La presse a systématiquement gardé le silence sur ces ouvrages indispensables à l'intelligence de la politique communiste. Dans les rares cas où elle en a fait mention très discrète, ce fut pour n'en tenir aucun compte.
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