N. T.DODGB - Au niveau inférieur, l'école décennale (équivalente aux écoles primaires et secondaires des États-Unis) a été peu à peu pourvue du matériel nécessaire pour faire face aux besoins les plus urgents. Un petit nombre d'écoles seulement pratique le roulement par trois séries d'élèves ; mais les deux tiers fonctionnent encore avec deux séries. L'équipement scolaire, assez convenable dans les villes, se montre souvent défectueux dans les localités rurales. L'école décennale (établie sous l'influence de l'ancien gymnase et de ses antécédents allemands) se caractérise par de grandes exigences. Autrefois on admettait que seule une minorité pouvait terminer les études, et la majorité moins capable se trouvait canalisée vers les écoles techniques ou professionnelles. Aujourd'hui, quoique la fréquentation de l'école décennale se généralise, on constate un abaissement du niveau des études qui prennent la forme d'une « polytechnisation ». Ainsi les humanités, plutôt que les sciences, perdent du terrain au profit des travaux pratiques et professionnels. D'autre part une tendance se fait jour, consistant à noter moins sévèrement les devoirs scolaires afin d'éviter les trop nombreux échecs qui mèneraient à un abaissement du niveau général. Cependant la fixation des matières, des manuels et des auteurs limite l'étendue de ces pratiques et maintient les études au-dessus d'un minim11m assez élevé. En ce qui concerne la qualité de l'enseignement, on constate un défaut marquant. Bien qu'une grande proportion des maîtres primaires et secondaires aient été formés tout récemment, les méthodes en vigueur rappellent le x1xe siècle, insistant sur l'étude par cœur et l'exactitude du détail plutôt que sur le développement de la pensée autonome et des facultés créatrices. Ce « formalisme » se trouve accentué par le système des examens. En effet les questions sont connues d'avance, ce qui permet aux candidats de débiter des réponses toutes préparées. Certes, l'élève qui réussit demeure en possession d'une base sérieuse de règles, de méthodes et de techniques, ainsi que d'un fonds impressionnant de connaissances des faits. Comme dit Korol, « il peut avoir acquis des connaissances considérables sinon une compréhension imaginative». ' DE PLUS EN PLUS, l'avancement que puisse atteindre la jeunesse soviétique dépend des promotions universitaires. Récemment encore, le diplômé de l'école décennale pouvait espérer poursuivre ses études. Aujourd'hui, le nombre de ces diplômés est tel qu'un cinquième à peine d'entre eux peut trouver place dans les grandes écoles, alors qu'un autre cinquième suit des cours par correspondance. La ma1orité, par conséquent, doit être canalisée vers les écoles techniques, et professionnelles, ou entrer dans l'industrie ,saos préparation spéciale. Biblioteca Gino Bianco 51 D'après la presse soviétique, de nombreux jeunes gens qui n'ont pas été admis à l'enseignement supérieur ou professionnel répugnent au travail manuel et demeurent au moins temporairement sans emploi. Ces aspirants frustrés constituent un déchet du système enseignant et contribuent à aggraver le problème de la jeunesse depuis ces dernières années. En dépit d'une attention croissante accordée à cette situation, le régime n'a pas encore trouvé de solution. Une autre difficulté surgit de l'âpre concurrence entre ceux qui ont accès à l'enseignement supérieur pour se faire admettre dans certaines branches d'études privilégiées ayant priorité dans les préoccupations gouvernementales. Ces études, comportant des avantages matériels spéciaux (bourses plus élevées, perspectives de prestige, etc.), attirent ~ excès de candidats, peut-être une douzaine pour une seule place à pourvoir. En outre, ceux qui ne sont pas admis doivent attendre une année avant de se présenter à nouveau à la même faculté ou d'essayer dans une autre, d'où il s'ensuit qu'ils postulent pour une carrière moins encombrée, mais qui leur convient moins. Cette indifférence aux aspirations des étudiants a pour conséquence le gaspillage de nombreux talents. Toutefois, du point de vue officiel, ce système préférentiel atteint son but en procurant aux spécialités prioritaires un matériel humain de premier ordre. Dans les sciences physiques et certaines branches de la technologie, par exemple, les aptitudes remarquables semblent utilisées, sauf rares exceptions. De quelle sorte de formation bénéficient ceux qui accèdent aux établissements d'instruction supérieure ? Il est incontestable que durant les dix dernières années, certaines des tares les plus manifestes ont été surmontées. La qualité de l'enseignement n'est plus sujette à être dégradée par le manque de professeurs compétents ou de moyens matériels tels que salles de cours, équipement des laboratoires, manuels d'études. Cependant, en ce qui concerne les méthodes, certains défauts persistent encore, dont le moindre n'est pas l'excès d'heures de présence et de travaux obligatoires imposés aux étudiants. Les spécialistes soviétiques eux-mêmes se sont prononcés pour la réduction des 36 heures de cours hebdomadaire obligatoires, afin de laisser aux étudiants plus de temps pour leurs recherches et méditations personnelles. Mais rien n'a été fait jusqu'à présent à cet égard, en dépit des plaintes presque • unarumes. Un autre vice de l'éducation universitaire propre ausystèmesoviétiquede contrôlecentralisé, réside dans la rigidité absolue des programmes, des aide-mémoireet des textes. Tout changement doit être non seulementapprouvépar le ministre de !'Éducation,mais enswte devient obligatoire dans tout le système. 11 en résulte qu'aucune institution, qu'aucun professeur ne peut se
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