Le Contrat Social - anno III - n. 1 - gennaio 1959

50 service du parti comm11niste et a pour seul objectif la victoire du système soviétique. Cette _finalité implique une double tâche. D'une part, il s'agit de former par milliers les savants et techniciens dont la science et l'habileté sont nécessaires au développement constant de l'économie et de la force militaire soviétiques. De l'autre, il s'agit d'inculquer aux générations successives des citoyens un dévouement sans bornes à l'idéologie et à la politique officielles - facteur vital pour la perpétuation de tout système totalitaire. Ainsi, sous le totalitarisme communiste, l'épanouissement de l'État est substitué à celui de l'individu comme but essentiel de l'éducation en gé~ér~. ~t c' ~st précisément cette caractéristique qui differenc1e fondamentalement , le système d'enseignement soviétique de celui des pays démocratiques. Comme DeWitt le note : Ce n'est pas autour de l'individualité humaine que s'ordonne le système pédagogique, mais de l'État qui, s'identifiant au bien général, tente implacablement de subordonner les droits, les options, les aspirations, les prérogatives et la formation même de l'individu. Cette différence· essentielle montre l'impossibilité de mesurer les réalisations soviétiques et les nôtres à la même aune et par simples comparaisons. Bien que DeWitt, Korol et Counts aient reèours à des parallèles, ils se préoccupent surtout de la question essentielle suivante : comment l'éducation soviétique répond-elle aux nécessités du système soviétique lui-même ? Fréquentation scolaire Le succès le plus impressionnant de l'enseignement soviétique a été la croissance rapide du nombre des étudiants instruits. La connaissance aujourd'hui largement répandue de ce succès est dû en grande partie à l'ouvrage de DeWitt qui, lors de sa publication en 1955, apportait les premières évaluations d'ensemble sur les progrès de l'éducation en URSS. Avec soin et ingéniosité, l'auteur avait compulsé toutes les données fragmentaires de source russe disponibles et en avait dégagé une estimation des chiffres annuels d'inscriptions et de diplômes, pour chaque type d'institution et d'enseignement. Le sérieux de cette reconstitution est attesté par le fait que plus tard, lorsque le gouvernement soviétique publia sa propre compilation statistique dans Koultournoié Stroitelstvo SSSR (Construction culturelle en URSS), les évaluations'\Se.....trouvèrent à peu près concordantes. La plupart des données contenues dans le livret soviétique sont aussi dans l'ouvrage de Korol, ce qui permet au lecteur intéressé de . comparer lui-même. . . * )f- )fLes statistiques révèlent une expansion considérable, à tous les degrés de l'enseignement. Le nombre des élèves inscrits aux classes primaires et secondaires (école décennale) a presque triplé Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE en vingt-cinq ans depuis 1927-28; les cours supérieurs se signalent par une augmentation d'effectifs particulièrement considérable : scolarité multipliée par neuf pour les classes de cin- ., .. , ., , qu1eme, sooeme et septteme annees, par trente pour les classes de huitième, neuvième et dixième, et par plus de quinze pour les écoles techniques. Pour l'enseignement, supérieur, le nombre des étudiants réguliers et celui des diplômés avait sextuplé. En outre, l'enseignement par correspondance donné par des écoles supérieures à de nombreux étudiants - en majorité. des enseignants voulant améliorer leurs .titres - s'est accru rapidement dans les dix dernières années pour atteindre des effectifs s'élevant maintenant à la moitié du chiffre des étudiants. Cependant, en raison du moindre pourcentage des diplômés chez les étudiants par correspondance, cela n'ajoute que 62.000 diplômés en 1955, contre 179.000 aux étudiants réguliers. Orientation et. qualité LES ÉTUDESde DeWitt et de Korol soulignent l'étroite corrélation entre les besoins toujours changeants de l'État et la répartition scolaire en diverses branches d'enseignement. En raison des exigences pressantes du plan d'industrialisation, les études d'ingénieurs ont été les plus suivies de 1920 jusque vers 1937-38, quand fut mis l'accent sur la formation des cadres universitaires. A présent, les besoins de l'État à l'âge des armements nucléaires et des satellites artificiels, se reflètent dans le fait que près de 40 % des titres urtiversitaires sont décernés à des ingé· nieurs, des physiciens et des mathématiciens. Un tel souci de science et de technologie ne se conçoit qu'au détriment des autres disciplines, particulièrement des humanités et des sciences sociales, considérées comme moins essentielles au développement des forces économiques et militaires. Le sacrifice des virtualités intellectuelles russes dans les domaines « accessoires » incline Korol à écrire : • En fin de compte, il se pourrait que la plus grande tragédie de ce siècle soit que depuis quarante ans des générations successives de Russes, vivant dans un pays doté d'énormes richesses naturelles, ayant la vigueur, le talent et un riche patrimoine spirituel, aient été privés des avantages d'une véritable éducation, malgré la spécialisation technicienne qu'ils ont ardemment convoitée ou subie. Le ~é~e peut et d~it, sans aucun doute, frayer sa voie a travers n'importe quel système d'ens.eignement, mais l'étudiant moyen reflète fidèlement son milieu scolaire. On peut donc, en ce qui le concerne, même s'il ne donne aucune preuve des capacités acquises, faire une estimation assez précise de sa formation, estimation qui doit embrasser l'ensemble du système éducatif (fourniture de matériel, valeur des cadres et des méthodes, programmes, manuels, examens, etc.). DeWitt et Kotol ont entrepris cette tâch~ difficile.

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