48 satisfaisants, mais peu de spécialistes sont capables de les utiliser et le public se méfie des résultats obtenus. . Le ~oins qu'on puisse dire des matériaux dtspo~bles sur l'économie soviétique est qu'ils sont mcomplets et que les désaccords entre les observateurs occidentaux sont parfois très marqués. L'auteur du rrésent article estime par exemple le taux d accroissement du revenu national pour 1951-55 à 9 °/4 par an (le chiffre officiel ~st 11,5 %). 11 ~st probable que peu de ses collegues se mettraient d'accord sur cette estimation. Le taux de 6 à 7 % est généralement admis aux États-Unis. Le calcul approximatif des salaires réels est une des tâches les plus faciles. Les salaires nominaux, même s'ils sont dissimulés, peuvent être évalués approximativement grâce à l'étude de l'un ou l'autre des chaînons, par exemple le commerce ~e détail. Les prix des produits de consommation, en général, peuvent être également obtenus, bien que cette tâche exige plus de temps q:ue la plupart des analystes ne soient prêts à lui en accorder. Aucun indice utilisable des salaires réels n'a été établi avant 1951. Les difficultés à surmonter dans l'évaluation du revenu des p_a~s~s sont i111!ombrablesen raison de l'imposs1bilite de connaitre le rendement de leurs exploitations individuelles : depuis 1940 le black-out est total à ce sujet. Un indice des prix de détail pourrait être dressé d'après l'indice des salaires réels dûment pondéré. Un seul essai a été tenté à ce jour et il y aurait lieu de le soumettre à examen. Les estimations officielles concernant les réco~tes réell~s de grains n'ont toujours pas été nuses au pomt. Celles de l'auteur se sont révélées justes pour la période d'avant guerre, tandis qu'elles étaient trop élevées pour les années d'après guerre. Il n'a toutefois pas été inutile d'aboutir à une estimation de 92 millions de tonnes pour 1950, contre les 124.500.000 des estimations officielles. Celles-ci, en dernière analyse, ont été ramenées à 80 millions, alors que l'auteur arrêtait les siennes à 85 millions. * L'évaluation des récoltes de grains est relativement aisée si l'on considère que six éléments seulement entrent en ligne de compte : nourriture, fourrages, semences, usages industriels, exportation, déchets. Le nombre relativement peu élevé des produits agricoles importants et les données relatives aux superficies cultivées e~~ cheptel permettent d'estimer sans grand effort ï1 production destinée au marché et à la consommation courante. L'évaluation que l'on ~'efforce le plus souvent d'établir est celle de la production industrielle. ..~Ile a été entreprise aussi bien pour la production brute que pour la production nette, et par • Les dirigeants soviétiques n'hésitent pas à sous-estimer une donnée établie pour une période relativement ancienne si, ce faisant, ils peuvent annoncer des taux d'accroissement plus élevés pour les années plus récente3. BibliotecaGinoBianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE toutes espèces de méthodes. Une estimation complète est néanmoins impossible en raison du manque de données sur la production des armements, de la grande variété du matériel et des fréquents changements de modèles. En gros, les résultats atteints par la plupart des spécialistes pour la période 1928-50 sont approximativement semblables .. Les estimations concernant la construction et les investissements sont également pleines d'embûches. Deux graves erreurs peuvent toutefois être évitées si l'on considère que les modifications dans les investissements vont plus ou moins de pair avec celles de la construction, et que pour cette/dernière on peut confronter avec la production des matériaux de construction. On se heurte aux plus grandes difficultés en estimant le transfert d'investissement entre 1928 - lorsque les investissements privés entraient pour " une large part dans le total - et 1932, moment où ils se sont considérablement réduits. 11 faudra aussi tenir compte des inexactitudes dans les données officielles sur les transferts d'investissements pendant la période des « purges » de 1936-40 et les années suivantes. Toutes les estimations occidentales sur le revenu national soviétique ont été à ce jour obtenues par les méthodes les plus approximatives. Selon la nature des moyens utilisés, les résultats présentent entre eux de grandes différences. Compte tenu de ce fait, ils donnent malgré tout un ordre de grandeur acceptable * au regard de l'indice officiel, lequel pour la période 1928-55 est au moins de 100 % trop élevé. EN CONCLUSIONil ,peut sembler que le sujet ait été traité ici un peu légèrement et que la tâche apparaisse trop facile. On est amené à se demander comment un profane peut s'y retrouver parmi tant d'estimations différentes, officielles ou non. Un dernier exemple: la production de machines représente presque 40 % de la production industrielle totale. Selon les calculs officiels, cette production a augmenté entre 1950 et 1955 dans la proportion de 120 %- Or, un organisme de recherches a fourni pour la même période, armements exclus, le chiffre de 14 % (base 1928) et. 23 % (base 1955). L' U.S. Bureau of Census, lw, a trouvé 72 %, arme~ents inclus. Précisons que pendant cette période la production d'ar- ~ements n'a pu excéder ~e beaucoup la produc- · tion moyenne des machines. Entre ces divers pourcenfages, on n'a que l'embarras du choix·. ( Traduit de l'anglais) NAOUM IASNY • Cf. compte rendu des estimations du taux d'accrois .. sement pour le revenu national et la production industrielle par divers spécialistes occidentaux et leur comparaison avec les estimations officielles dans l'étude de- N. Iasny : The Soviet 1956 Statistical Handbook : A Commentary, pp.- 3233 et 57. [Le Contrat social a publié un compte rendu de cet ouvraic dans aon dernier numéro.] .
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