Pages retrouvées L'ISLAMISME ET LA SCIENCE par Ernest Renan Il y a soixante-quinzeans qu'ErnestRenan fit en Sorbonne (le 29 mars 1883) une conférencesur « l'islamisme et la science» pour mettre en garde ses contemporainscultivés contre les équivoqueset lesmalentendudséjàinséparabledsesidéescourantes sur l'islam et sur les Arabes. Depuis, la confusion en ces matièresn'a cesséd'empirerjusqu'à tourner, de nos jours, en aberrationgrosse de conséquences funestes dans les pays riverains de la Méditerranée orientaleet méridionale. « Les libérauxqui défendent l'islam ne le connaissentpas», disait Renan au coursde sa conférencedont il nous sembleopportun de reproduireà présent de larges extraits, toujours actuels. On peut supposerque sur certains points, le conférencierne s'exprimerait plus aujourd'hui dans les mêmes termes, par exemple sur la notion de race, empruntéeà unefausse éruditionallemande de son temps, et sur l'avenir de la science.Mais dans l'ensemble, les vues de Renan sur l'islamisme n'ont nullement vieilli et le lecteur attentif remarquera combienelles corroborentles études d'A. G. · Horon parues ici même : Le panarabisme ( vol. I, n° 3) et Les Arabes depuis l'islam (vol.II, n° 3), ainsi que l'article de J. Carmichael : L'islam et le nationalismearabe ( vol. I, n° 4) et l'introduction magistraled' E. F. Gautier au Passé de l'Afrique du Nord ( vol. II, n° 2). L'ignorance, l'oubli ou la méconnaissancedes vérités contenues dans ces divers écrits publiés par notre revue présageraient, en persistant, un péril mortel pour la civilisation occidentalealors que le nationalismearabe, lefanatisme musulman et l'impérialisme soviétique s'associent pour faire valoir des prétentions capables de provoquer une catastropheuniverselle. Î (Le texte complet de cette conférence,donné à l'origine dans le Joum~ des Débats du 30 mars 1883, se trouve au tome I des Œuvres complètes d'Ernest Renan en coursde publicationaux éditions Calmann.-Lévy,Paris.) E QUI CAUSE presque toujours les malen- juifs par la religion. Le fait de la race, capital tendus en histoire, c'est le manque de pré- à l'origine, va toujours perdant de son 'importance cision dans l'emploi des mots qui désignent à mesure que les grands faits universels qui s'aples nations et les races. On parle des Grecs, pellent civilisation grecque, conquête romaine, des Romains, des Arabes comme si ces mots conquête germanique, christianisme, islamisme, désignaient des groupes humains toujours iden- Renaissanc'e, philosophie, Révolution,· passent tiques à eux-mêmes, sans tenir ·compte des comme des rouleaux broyeurs sur les primitives changements produits par les conquêtes mili- variétés de la famille b11maine et les forcent à se taires, religieuses, linguistiques, par la mode e~onfondre en masses plus ou moins homogènes. les grands courants de-tgute ·sorte qui traversent Je voudrais essayer de débrouiller avec vous une l'histoire de l'humanité. La réalité ne se gouverne des plus fortes confusions d'idées que l'on coinpas selon des catégories aussi simples. Nous mette dans. cet ordre, je veux parler de l'équivoque autres, Français, par exemple, nous sommes contenue dans ces mots : science arabe, philoromains par la langue, grecs par la civilisation, sophie arabe, art arabe, science mus11lm:me. Biblioteca Gino Bianco
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