• << LÉNINE KAPUT » par N. Valentinov A PREMIÈRE attaque de paralysie terrassa Lénine le 24 mai 1922. Il se trouvait __.,. aux Gorki, sa résidence d'été, à vingtneuf kilomètres de Moscou, dans l'ancienne propriété de Morozov, un des magnats de la Russie capitaliste. C'est alors que se manifestèrent les premiers symptômes de la lésion du ce~eau: ~aralysiepartielle du bras et de la jambe droits et legers troubles de la parole. Le bulletin de santé publié le 4 juin était rédigé de telle façon que personne, pas même un médecin, n'aurait pu dire ou supposer sur la foi de ce bulletin que Lénine était gravement malade. On y annonçait qu'il souffrait de gastro-entérite, qu'il était surmené et qu'il en résultait de légers troubles de la circulation. Selon toute apparence,· rien de grave. Le deuxième bulletin, du 18 juin, constatait que le tube digestif fonctionnait maintenant normalement, que les troubles de la circulation avaient disparu : « Le malade s'est levé, se sent bien, mais l'inaction que lui imposent les médecins lui pèse. » Au bas du premier bulletin figurait, outre les noms de médecins russes (Kramer, Kojevnikov, Guetié, Lévine *), la signature du professeur Forster, et au bas du second celle du professeur Klemperer, tous deux Allemands. Cela retint beaucoup l'attention à Moscou. « Voyez comme on veille sur Ilitch, une indisposition de rien du tout et aussitôt on fait venir des sommités étrangères pour aider les médecins russes. » D'aucuns ricanaient : le recours aux médecins étrangers rappelle l'ancien régime, et de même qu'autrefois la moindre indisposition du tsar • L. O. Uvine, m6decln du Krt!mlin qui, seize ana plus tard, par ordre du fou Sralioe, aera accu16 d'avoir cornrni, l'• auauinar m6dica1 • de Menjinald, de Kouibychev et de Maxime Gorki, pull cooderno~à mon et ex6cut6. Biblioteca Gino Bianco donnait lieu à la publication de bulletins de santé, on en fait maintenant autant pour Lénine, le « tsar rouge ». Que l'état de Lénine fût grave, même le tout petit cercle des gens informés ne s'en doutait pas. 11 se trouva pourtant quelqu'un pour décider dès ce moment-là, dès 1922, que « Lénine est kaput ». Sur cette circonstance qui éclaire ce qui s'est passé plus tard, je n'ai jamais trouvé la moindre indication dans la presse. Je la tiens de M. K. Vladimirov, adjoint de Dzerjinski à la présidence du Conseil de !'Économie nationale. * , ~'hom~e persuadé q?e ~< Lénine est kaput » etait Staline. Je ne saurais dire - Vladimirov ne m'en a pas parlé - avec qui, avec quels médecins, étrangers ou russes, Staline s'était entretenu. Toujours est-il qu'en les interrogeant, en consultant po?f plus de certitude des livres de médecine, en y a1outant ses propres observations au sujet de 1~ santé d~puis longtemps déclinante de Lénine, Staline en vmt à conclure que son chef n'en avait plus pour longtemps, que la première attaque de paralysie serait suivie d'autres. Ce fut surtout pour vérifier ses conclusions qu'il alla aux Gorki où, on peut l'établir par d'autres sources il se trouvait le 11 juillet, puis le 5 et le 30 août. Lors de ses d~ux premières vi~ites, il apprit que malgré le ~ulletm. rassurant. qw affirmait que le malade était en voie de guénson et « se sentait bien» les . . . . , cnses contmuaient, se tradwsant par une paralysie de ~ourte durée des extrémités et une aphasie subite, momentanée, se prolongeant parfois 20 ou 30 minutes, ou simplement par des troubles de la parole. Fort de ces observations, Staline •Je raconterai en d~tail ailleun, dans mes souvealn, à quel moment et en quels termes Vladfrnirov me mit au courant. •
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