310 leuses crépitent et que l'oubli retombe. Où sont les indignations de novembre 1956 ? A peine un peu ·réveillées par l'ignoble exécution de N~gy et ~e Maleter; et, de nouveau, des hommes qw se disent les serviteurs de la liberté sont prêts à se faire les complices des assassins. Dans Où va la Droite ? P. Sérant demande également aux hommes de droite d'être fidèles ~ eux-mêmes." Vous vous dites réalistes ? (réalisme est le mru.tremot de la droite). Alors soyez-le autrement qu'en paroles, sachez enfin regarder le monde tel ·qu'il est, la France telle qu'elle est, et considérer lucidement les fins et les moyens. T~ut l'?uvrage, est ~ons~cré à une intelligente et methodique demystification. P. Sérant .voudrait délivrer la droite de ses tics : culte sans réserve du pass·é, démagogie nationaliste, méfiance à l'égard de tout ce . qui sort des sentiers battus répugnance inavouée à l'égard.de la démocratie ~ enfin et surtout nationalisme jacobin et cette xénophobie véhémente que l'affaire Dreyfus et l'Action française lui ont mise sur le dos comme une tunique de Nessus. « Dans notre monde d'après-guerre, tout grand problème est par définition supra-national. » Et l'auteur appelle 1~ dro~t~, à organiser sans complexe une Europe reco~ciliee dans le respect des patries et à franchir hardiment le cap du colonialisme grâce à une communauté franco-africaine qui reste sa meilleure chance dans le monde. On ne trouvera pas dans le livre de P. Sérant un~ répons~ à _la question posée par le titre, mai~ le~ di~ectlons q?e pourrait prendre une droite renovee, dynamique, ouverte sur l'avenir. Ce ne sera pas commode : il lui faut en effet dépasser à la fois le conformisme libéral et souvent rétrograde des « modérés » et le tout ou rien des éternels opposants à la République. Tout en ~appelant que le comte de Chambord (qui n' était pas le comte de Paris ... ) avait, dans son appel aux ouvriers, appelé ceu~-ci à « reprendre le grand mouvement de 1789 » (ce qui a frappé de stupeur les bourgeois monarchistes des années 80 inclinés au Ralliement) et en esquissant à grands traits ce que pourrait être une sorte de légitimisme populaire, social et européen, P. Sé- ~ant ne cède à aucune nostalgie passéiste ; il ~ppelle au contraire la·_droiteà jouer franchement le Jeu, à cesser une bouderie stérile et à se lancer elle aussi, dans les institutions de la République' à la conquête des masses. ' 11 faut souhaiter qu'Où va la Droite? trouve un large écho dans les différents milieux politiques. ~, o~vra~e es~ simple, clair, très agréable à Ure ; il n a rien d une pesante étude doctrinale, non plus qu'un de ces programmes dont les réformateurs sont prodigues. Volontairement limité à l'essentiel, indi~uant. les granq~s lignes - d'un reno~vea1;1 possible, il apporte . une importante contribution à 1~ pensee politique . française. Dans cette mutation de notre pays commencée le 13 mai et qui n'a pas fini de poser- des p-roblèmes, il_-peut apporter aux « regroupements »_en Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL cours un matériau de choix. Encore restera-t-il à la gauche à se débarrasser à son tour de ses scléroses et de ses b11meurs. MAx RICHARD La Résistance allemande ANNEDORE LEBER : Consci,encein Revoit. Sixtyf our stories of Resistance in Germany, 1933-1945. New York, Associated Booksellers, 270 pp. V 01c1 un livre important, en dépit de son aspe~t quelque peu insolite (on a utilisé pour so~ rmpressi?~ un papier glacé, afin de reproduir~, une serie de portraits photographiques). Publie en Allemagne en 1953 sous le titre Das Gewissenentscheidet *, cet ouvrage connut un succès considérable qui entraîna sa publication en Angleterre, puis, à présent, aux États-Unis. Les soi~ante-quat~e esq~sses qui le composent sont d7 pieus~s notl~es ~ecrologiques plutôt que des biographies obJectlves. Elles représentent cepe~dant un sérieux effort de recherche : pour cert:1:1es des "plus hum~les. figures évoquées, il a du ~tre extrem~ment difficile de mettre au jour le momdre renseignement d'ordre biographique. Le ton solennel de la plus grande partie du livre est assez normal : son auteur est la veuve ·de l'un ~~s principaux organi~ateurs du complot de Juillet· 1914• ~ha'\ue fait a cependant été vérifié avec la m1nut1e qu on attend d'un esprit allemand et une bonne bibliographie concernant le « mouve~ ment de Résistance » allemand est donnée en appendice. L' ouvr~ge n'est pas sans défauts. Les biographies en que,s~ion ne s?nt pas ?Ïsposées selon l'ordre alph~~et1que, mais. groupees sous les titres fort capr1c1eux de « La Jeunesse », « Le savoir » « L'amitié », « La tradition », « Le christiattlsme » « La liberté et l'ordre », etc. Il est difficile de trouve; le moindre mérite à cette présentation aussi fatigante qu'incompréhensible. Plus mystérieux encore . so!lt le~ critères qui ont présidé au choix des so!xante-quatre personnalités décrites. Chacun sa1~ 9~e le ~om~re des ~ictimes exécutées pour ~ctl':ites antinazie~ est mcomparablement plus eleve. Mme Leber ·-apour seule intention selon sa préface, de « suggérer, en racontant la 'vie et la mort .de soixante-quatre personnes, quels ortt -été les . différents motifs et les différentes façons de résister». M~s voilà précis~ment, il me semblé, ce qu~ ce choix ne suggère pas. La moitié des biographies p,orte sur des membres de la conspiration de. 1944, connue so1;1sle nom de complot de Juillet. ~es autres traitent de personnes qui ne se rattachaient pas à ce complot, mais furent mises à mort au cours des douze années de la domination • Édité par Annedore Leber en collaborati~~-~~ec-.Willy· Bran~t, bourgmestre de Berlin-Ouest, et K.-D. BraclÏer, Mosaik Verlag, B~rlin-Francfort-s.-Main. _ ..
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