P. BARTON en désuétude par la suite, probablement après la promulgation des décrets de 1940 frappant des infractions à la discipline de peines judiciaires. Leur champ d'activité actuel n'a pas été nettement défini jusqu'à présent. Dans un article signé par le président d'un tel « tribunal », il est question de trois affaires qu'il eut à trancher récemment et, dans les trois cas, il s'agit de querelles entre voisins. 57 Toutefois, nous avons noté que le décret abolissant les poursuites judiciaires pour absence sans motif valable prévoit, entre autres, le renvoi du coupable devant le « tribunal de camarades ». On peut en conclure que celui-ci devra à nouveau se consacrer en premier lieu au « renforcement de la discipline ». D'une manière plus générale, on estime qu'au moment de renoncer aux poursuites judiciaires pour infractions aux règles de la « discipline de travail », le gouvernement cherche à raffermir celle-ci au moyen de procédures moins lourdes et, partant; plus opérantes ; les mesures draconiennes ne sont pas toujours les plus efficaces. Voici en effet ce qu'on peut lire dans une étude analysant ce problème : Une énorme importance pour le renforcement de la discipline du travail revient à la consolidation du principe de commandement unique, à l'extension des droits conférés non seulement aux directeurs des entreprises, mais encore aux chefs d'atelier, contremaîtres et chefs d'équipe, leur permettant de mieux stimuler les travailleurs et d'agir sur ceux qui violent la discipline. Si tel ou tel membre d'une équipe a enfreint la discipline de travail, s'il a été absent sans raison valable, s'il est venu en retard ou n'a pas accompli sa tâche, le chef d'équipe, d'après la procédure actuellement en vigueur, ne peut pas le punir, comme il ne peut pas récompenser un bon ouvrier. La vie exige l'extension des droits confiés aux chefs des échelons inférieurs. Cela augmentera leur autorité et influera de façon avantageuse sur -le renforcement de la discipline du travail. Un instrument efficace en ce sens doit être trouvé dans le règlement intérieur type. 6 8 Les injustices et rigueurs supplémentaires que nous venons de relever n'annulent certes pas l'effet dans l'ensemble salutaire qu'exerce sur la condition ouvrière la nouvelle législation du travail. Mais il en ressort que ce n'est pas là la fonction dominante de cette dernière. Cependant, pour voir combien il est erroné d'attribuer les récentes modifications du droit ouvrier à un esprit plus démocratique ou libéral du régime poststalinien, il faut surtout se rappeler les précédents historiques. Car déjà dans le passé 57. I. J&ebtsov : • Tovarichtcheskil soud delstvouet • (Le tribunal de camarades agit), dans Sooi,rskaya ioustitsia, 1957, n° I. 58. G. Podorov : • Oukr~pl~ni~ sotsialistitcheskoi distsipliny trouda : vajnyi faktor rosta prolzvodstva , (Le raffermissement de la discipline de travail, important facteur de la croissance de la production), dans Sotnali1titch,1lci troud, 1957, n° 5• Biblioteca Gino Bianco 289 on a assisté à des mouvements qui s'opposaient à la politique suivie depqis le lancement, il y a trente ans, du premier plan quinquennal. Et la première tentative de ce genre se développa au moment du paroxysme de la terreur : lors de la grande épuration des années trente. Les précédents C'EST à la fin de mai 1934 qu'apparaît le premier signe d'une réaction contre la politique pratiquée depuis la mise à exécution du premier plan quinquennal : en contradiction flagrante avec ses efforts pour ouvrir au m:tximum l'éventail des rémunérations, le gouvernement décida alors de majorer de quelque dix pour cent les salaires les plus bas, en vue de pallier les effets les plus redoutables d'une hausse brutale qu'il venait d'opérer sur le prix du pain. 59 En septembre de la même année, les syndicats officiels furent sévèrement critiqués par les dirigeants de l'industrie lourde qui leur reprochaient de se désintéresser des conditions de vie des salariés. 6° Ces accusations furent reprises en mai 1955 par Staline lui-même, qui ajouta, au cours d'une entrevue avec les dirigeants syndicaux, que toutes les fautes commises par l'association professionnelle étaient dues à l'absence de démocratie dans sa vie intérieure. 61 En novembre 1935, la « crise syndicale » fut officiellement proclamée ; une tempête d' cc autocritique », qui devait se prolonger jusqu'au début de janvier 1936, déferla sur tous les chaînons et échelons de l'organisation. 62 Le salaire réel moyen, ayant atteint son point le plus bas en octobre 1935 au moment de l'abolition du rationnement, commença à remonter lentement : de 151, 4, indice auquel il s'était élevé en 1928 (1913 = 100), il tomba à 51,4 en octobre 1935 pour se relever à 64,9 en 1936 et à 70,3 en 1938. 63 59. Cf. Solomon Schwarz : Les ouvriers en Union soviétique. Librairie Marcel Rivière, Paris, 1955, p. 206. 60. Cf. ibid., pp. 455-456. 61. Cf. l'article de V. Polonski dans Pravda, 11 décembre 1935, dont des extraits substantiels sont reproduits par Solomon Schwarz : op. cit., pp. 518-520; N. Evreïnov : « 0 svoëobraznom krizissé professionalnykh soïouzov » (De la crise originale des syndicats), dans Voprossy profdvijénia, 1935, n° 11-12 ; V. Polonski : « Stakhanovskoé dvijénié i profsoïouzy » (Le mouvement stakhanoviste et les syndicats), ibid. 62. Cf. Solomon Schwarz : op. cit., pp. 459-461. 63. S. N. Prokopovicz : Russlands Volkswirtschaft unter den Sowjets. Europa-Verlag, Zurich, 1944 pp. 306-308. Les calculs de Prokopovicz, relatifs aux ouvriers de Mo cou, sont confirmés dans leurs grandes ligne par ceux de N. Jasny. Tout en estimant impossible de dét rminer 1 moment pr~cis où la courbe est l plu descendu N. Ja ny déclar que • vers 1937 il y eut une grand amélioration ». Cf. Naum J11ny : Th, Sooi,t Bconomy during th, Plan Bra. Stanford University Press, Stanford, 1951, pp. 70-71. •
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