Le Contrat Social - anno II - n. 5 - settembre 1958

L. EMBRY et qu'ils séparent du contexte. Nous n'aurions nul droit d'en parler si c'était là, purement et simplement, affaire intérieure de l'Eglise, mais il s'agit de tout autre chose. De même que l'Université, l'Église est partiellement envahie par une ·idéologie marxiste de plus ou moins bon aloi dont la politique russe tire efficacement parti. Tant que cela s'entend des prêtres et des religieux, on peut encore faire confiance à la solidité des normes traditionnelles et à la vigilance de la hiérarchie; mais il faut penser surtout à l'influence progressiste s'exerçant dans les établissements d'instruction, les mouvements de jeunesses et les groupes d'étudiants, les associations professionnelles, les journaux catholiques et la prédication. Tout aboutit finalement à la clientèle électorale ou, plus largement, à l'esprit public. De ce point de vue, force est bien de dire ou de redire que la pénétration comm1miste en France spécule sur les concours qui lui viennent simultanément d'une fraction des universitaires, d'une part, d'une fraction du monde chrétien, de l'autre. Les communistes savaient ce qu'ils faisaient lorsqu'en 1936 ils tendaient la main aux catholiques, sans cesser pour autant d'approuver le laïcisme anticlérical des instituteurs. Ce sont là jeux de tacticiens et la fin justifie les moyens. La révolution, écrivit un jour Simone Weil, c'est l'opium du peuple. IL N'EST PAS QUESTION de donner des avis au pape ni de voler au secours de l'orthodoxie. Nous ne nous sommes proposé que de faire place dans une analyse purement politique de la situation présente à celle d'un facteur dont on ne saurait surestimer l'importance. On a pu dire que l'avenir du monde civilisé dépendait dans une très large mesure des rapports entre le christianisme et le communisme, rapports d'affrontement ou d'opposition fondamentale, rapports aussi, nous l'avons vu, d'interpénétration ou d'osmose, alors même que tout devrait rendre • Biblioteca Gino Bianco 271 impossible ces mélanges contre nature. Pour limiter et refouler le mal, il est indispensable, du seul point de vue laïque et profane, de briser la frauduleuse liaison qu'on cherche à établir dans les consciences entre le communisme et le progrès social. On ne répétera jamais assez que le niveau de vie des travailleurs s'améliore plus vite dans les pays démocratiques que sous la tyrannie soviétique, sans qu'il soit besoin pour cela d'imposer la servitude. S'obstiner dans le préjugé soviétophile, c'est refuser d'entendre la leçon des faits les plus évidents. L'aveuglement n'est pas moindre chez ceux qui croient que le communisme peut se détacher de l'athéisme radical qui le commande. S'il n'a pu extirper toute vie religieuse des territoires sur lesquels il règne, ce n'est pas faute de l'avoir voulu, ni d'avoir pratiqué la plus systématique intolérance. La persistance de la foi chrétienne en Pologne, en Roumanie, en Russie, s'explique essentiellement par la ténacité des fidèles et la pauvreté morale des dogmes sociaux qu'on voulait rendre obligatoires. Rien ne peut empêcher le marxisme vulgaire, lorsqu'il est abandonné à son propre poids, de se complaire en un matérialisme grossier et simpliste. On voit alors combien est décevante sa conception de la nature humaine, pourquoi il laissera finalement insatisfait quiconque ne veut pas être une -machine, un robot, un rouage de « l'appareil. » Pour l'avenir, il y a là une grande espérance. Ne craignons pas d'affirmer que le communisme stalinien, bien loin d'être le triomphateur que désignerait le sens de l'histoire, porte en lui des germes de mort, des causes profondes de précarité. Encore faut-il d'abord se défendre contre lui:etlneîpasJpermettre que le supérieur subisse l'étrange_~entàtion de rejoindre l'inférieur et de sellaisser .,assimiler. Pour un Occidental, la prétendue révolution communiste ne serait rien d'autre qu'une régression, qu'un consentement à la vraie misère de l'âme et du corps. LÉON EMERY • •

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