CHRONJQUB tique, on tire parti de la doc11mentation étrangère . ' . . d'une mamere 1D1press1onnante. En effet, la commission d'enquête, après avoir donné maints exemples d'incurie et de négligence très coûteuses du côté américain, estime que sur 1 200 revues scientifiques russes, 200 seraient d'un intérêt majeur et qu'une trentaine seulement sont traduites : le bureau compétent ne dispose que de 35 collaborateurs. L'Académie des sciences de l'URSS a, depuis trois ans, un institut d'inf ormation scientifique et technique occupant 2 300 techniciens à plein temps et 20 ooo traducteurs à mi-temps. Cet institut reçoit du monde entier les matériaux utilisables, il emploie 13 ooo professionnels à rés11mer les textes intéressants que publient treize revues spécialisées contenant chaque année plus de 400 ooo extraits de quelque 10 ooo publications étrangères. Rien que po.ur la chimie, 6 ooo journaux ou revues sont dépouillés annuellement. L'Institut édite pour l'industrie vingt séries de bulletins qui fournissent d'urgence aux spécialistes des extraits ou des abrégés d'articles techniques pour les tenir au courant de tout progrès réalisé ailleurs ; il complète les dictionnaires techniques bilingues et met au point un système mécanique de documentation. 7 La comparaison se passe de commentaires. Elle est renforcée par les données que transmet une correspondance de Moscou au New York Times du 15 mai 1958. Tout biologiste « soviétique », dit ce~e information, reçoit chaque quinzaine un volume d'environ 530 pages contenant quelque 4 870 extraits ou résumés des travaux originaux faits dans le monde. Chaque chimiste reçoit une autre série de volumes : il y en a pour toute discipline scientifique ou technique. Les éditeurs dépensent 50 millions de roubles par an à dépouiller 16 ooo publications. Ils en tirent environ un demi-million de résumés qui sont indexés, répartis dans treize séries de revues de l'Académie des sciences et dans trente-six bulletins spéciaux pour l'industrie (chiffres qui corrigent les précédents). Dans des cas particuliers, on procède à des compilations exceptionnelles. Près de 14 oco personnes y travaillent, dont 1 500 à plein temps (chiffres qui diffèrent un peu des précédents, mais dont l'ordre de grandeur reste imposant). Devant cela, l'effort documentaire américain est insignifiant, pour ne rien dire de la France. Les Russes, et aussi les allogènes russifiés, ont toujours eu un « talent particulier pour imiter », comme disait l'abbé Chappe d' Auteroche dès le xv111e siècle, mais ils ne se bornent pas à assimiler les connaissances acquises dans les pays les plus évolués, ils savent les enrichir de leurs propres découvertes pour peu que les élites se trouvent dans des conditions favorables de travail créateur. L'État soviétique, à ses fins impérialistes, accorde même à ces élites des pnvilèges économiques substantiels tout en les 7. L, Mond, du 2 janvier 1958 a r~sum~ le rapport de la comml11ion d'enquete am~ricaine. Biblioteca Gino Bianco 251 détournant, par son régime policier, d'intentions politiques et de revendications intellectuelles . L'austérité obligatoire, la contrainte morale, l'absence de diversions et de possibilités d'évasions condamnent l'homo sovieticus au sérieux dans sa vie morne et laborieuse, un sérieux imposé qui correspond au sérieux du parti dirigeant dans sa volonté de puissance, dans ses desseins de politique intérieure et extérieure. Il faut en venir au point essentiel qu'est ce sérieux de l'entreprise soviétique dans les affaires étrangères, par contraste avec le laisser-aller, l'ignorance, voire la frivolité que rencontre cette entreprise d'infiltration, de pénétration, de subversion et de neutralisation dans le monde occidental. L'ESPRIT systématique et la mise en œuvre des moyens appropriés qui s'affirment sur le plan du progrès scientifique et technique ont trouvé depuis longtemps à s'appliquer dans l'ordre de la politique soviétique internationale. 11 existe à Moscou au service de cette politique l'équivalent des institutions qui fonctionnent dans l'intérêt de l'industrie et des capacités militaires. Elles compensent dans une large mesure le provincialisme et l'étroitesse mentale des cadres et de la direction collective du parti unique. Elles forment des compétences pour pallier les exterminations de l'époque stalinienne. Un immense personnel spécialisé s'évertue à convertir de théorie en pratiques les projets de ses maîtres. Ceux-ci ne pensent du matin au soir qu'à réaliser des ambitions dont ils ne font pas mystère, ils y tendent sans cesse et ne reculent devant rien pour obtenir un succès, fût-il partiel, qui les rapprochât du but final. Dans le camp adverse, qui se pique de primauté intellectuelle et morale, les consuls ne prêtent attention au danger communiste que par intermittences, sans prendre la peine de s'en instruire entre temps, et ne s'intéressent guère qu'à des « révélations » aussi mensongères que sensationnelles. Les chefs d'État, les ministres, la plupart des diplomates ne sont pas mieux informés que la presse quotidienne qui trompe sans vergogne le public. Un recueil de leurs propos sur Staline et ses successeurs illustrerait de façon consternante ce manque de sérieux dans les choses sérieuses, à l'inverse de ce qui caractérise le soi-disant « camp du socialisme ». Des ouvrages de valeur traitent sérieusement des affaires soviétiques, entre autres parmi ceux qu'ont édités les Research Centers des universités Columbia et Harvard aux ÉtatsUnis, mais les politiciens s'abstiennent de les lire, préférant des racontars. Quant aux services secrets qui ont prévu entre autres l'avènement du maréchal Joukov au pouvoir suprême en URSS de par l'intervention de l'armée contre le parti communiste, ils sont dupes d'imposteurs ou « intoxiqués » par des agents soviétiques. Il n'est pire aberration que de méconnaître un ennemi mortel, de lui preter des tares ou des •
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