244 nement des institutions internationales, en particulier par la réforme de la Charte des Nations Unies. · Ce que nous savons de la personnalité de l'auteur explique clairement son intention ; Boris Gourevitch est un israélite d'origine russe ; il a connu dans son pays les persécutions dont la minorité juive a cruellement pâti; il s'est efforcé en Russie même de concilier la révolution avec un certain esprit libéral ; ayant échoué, il a pris refuge en France d'abord, puis aux États-Unis, où il est vice-président d'une importante organisation humanitaire, l'Union for the Protection of the Human Person by International Social and Economie Cooperation, et se consacre activement à la défense du judaïsme, à la lutte contre le communisme, à la protection des réfugiés de tous les pays. Sa conviction est que ces diverses propagandes exigent une connaissance approfondie de la condition politique, économique et sociale du monde actuel et c'est à cet effet qu'il tente d'appuyer le combat pour la justice ·et la liberté sur une documentation dont on doit ·reconnaître la luxuriante abondance. Quelle méthode l'auteur a-t-il adoptée pour réaliser ce vaste dessein ? Après avoir, dans un premier chapitre, mis en relief les facteurs dominants de la crise actuelle, conflits du capitalisme, apparition des armes atomiques, anarchie économique, M. Gourevitch passe en revue les principaux « ennemis » d'une organisation pacifique de l'humanité : Allemagne, Russie soviétique, enfin Japon (chap. II à IV). Le chapitre VI . expose la politique poursuivie par les grandes démocraties entre les deux guerres mondiales, la création et l'activité de la Société des Nations. Le suivant dresse en q_uelque sorte le bilan des forces de paix, le développement d~ l'idée de droit naturel, la contribution des Eglises, des philosophes, des. juristes, des économistes à· la conception d'un droit des gens universel, et aboutit à une analyse de la charte des Nations Unies. Le dernier chapitre tire les leçons de l' « économie de guerre», de la guerre froide, et s'achève par l'exposé des « principes sociaux et philosophiques », vers la reconnaissance desquels convergent le prophétisme d'Israël, le christianisme et l'idéalisme humanitaire. L'ordonnance générale de cet ouvrage est donc assez claire; il n'en est pas de même du détail; l'exposé des faits est souvent traversé de consi- · dérations idéologiques ; le lien en échappe fréquemment et on a même parfois l'impression de lire une série de coupures de journaux collées bout à bout. Bien des développements semblent superflus ; était-il utile, par exemple, pour critiquer le racisme des Nazis, de retracer l'histoire de l'anthropologie ? En revanche, dans cette surabondante documentation, d'étranges lacunes sont à signaler. C'est ainsi que l'auteur, qui connaît assez bien le développement des idées internationales de Grotius à ·Kant, ignore totalement le développement. du mouvement pacifiste depuis le milieu du xixe siècle ; on .c. herche· en Biblioteca Gino ■ 1anco LB CONTRAT SOCIAL vain dans l' Index nominum les noms de Ch. Lemonnier, de F. Passy, de Dunan, de Bertha de Suttner, de Randal Cremer, de Quidde et même du Russe Novicov, etc. 11 est assurément dommage qu'un labeur aussi considérable n'ait pas abouti ·à la production d'un instrument de travail mieux approprié au dessein généreux de l'auteur : orienter le lecteur dans le dédale infiniment tortueux du monde politique. Ajoutons toutefois que cet Index nominum, qui est aussi un Index rerum et ne couvre pas moins de 80 pages, facilite largement l'utilisation de ce riche répertoire de faits et d'idées. THÉODORE RUYSSEN Plaidoyers pour la Chine communiste EDGAR FAURE : Le serpent et la tortue. Les problèmes de la Chine populaire. Paris, Julliard, 1957, 240 pp. LUCIE FAURE : Journal d'un voyage en Chine. Paris, Julliard, 1958, 230 pp .. C'ESTavec l'intention bien arrêtée d'en ramener des arguments en faveur de la reconnaissance diplomatique de la République populaire chinoise que M. et Mme Edgar Faure ont fait, en mai et juin 1957, leur voyage en Chine. Ils étaient les hôtes des autorités communistes, ce qui, en tout état de cause, les eût contraints à émousser leur curiosité durant leur séjour, à modérer leurs critiques au retour : la courtoisie impose toujours ses lois aux hommes d'Occident, même si ceux du monde communiste ne se servent plus d'elle qu'à la manière d'un masque ou d'un . ' p1ege. Ainsi qu'on en peut juger par leurs livres, l'ancien président du Conseil et sa femme n'a- _vaient étudié au préalable ni l'histoire ni la politique dù parti communiste chinois. Mme Lucie Faure a pu apprécier les « albums reliés de soie brochée fermés par de petits taquets d'ivoire» (p. 10) que l'ambassadeur de la Chine communiste à Berne lui avait fait remettre avant qu'elle ne s'envolât vers Hong-Kong : leur contemplation . . , , . ne constituait assurement pas une preparatton suffisante à la découverte de la vérité chinoise. Enfin, à son retour d'URSS quelques mois plus tôt, M. Edgar Faure assurait qu'il ne connaissait pas de meilleure méthode pour comprendre la réalité soviétique que de se fier à ses « intuitions ». Mme Faure professe aujourd'hui que « ce qu'un peuple a de plus réel, c'est son apparence» (p. 50 ), et cela dans un pays communiste aussi bien que dans une société libre. Fait avec ces dispositions d'esprit et dans ces circonstances, le voyage de M. et de Mme Edgar Faure ne pouvait pas leur. apprendre grand-chose
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