Le Contrat Social - anno II - n. 4 - luglio 1958

P.BARTON Les réformes adoptées à la neuvième session eurent également trait à la définition générale de la fonction des syndicats. On prit assez violemment à partie l'attitude méprisante de ceux-ci envers les besoins de la classe salariée. La défense des intérêts ouvriers leur- fut de nouveau assignée comme tâche fondamentale. Cependant, la nouvelle direction ne manqua pas de faire à ce propos de nombreuses restrictions mentales. Ainsi, à maintes reprises, Jozef Kulesza proclama dans son rapport la nécessité pour les syndicats de défendre les intérêts. « justifiés » ou les « justes » revendications des travailleurs, au lieu de parler des intérêts et des revendications tout court. Il déclara en outre que les syndicats doivent « concilier· les intérêts nationaux et ceux de la société avec les intérêts des groupes de travailleurs qu'ils représentent ». De même, la résolution adoptée à cette session affirma que « les conseils d'entreprise, tout en défendant les intérêts du personnel et de chaque travailleur pris individuellement, doivent concilier les intérêts de l'entreprise avec ceux de l'État». La « défense» des intérêts ouvriers fut donc conçue dans le sens d'une tutelle plutôt que d'une représentation démocratique des intéressés. Dans ces conditions, il est à peine nécessaire de préciser que les nouveaux dirigeants ne songèrent pas à rétablir le droit de grève. 36 Le rapport de Jozef Kulesza aussi bien que la motion votée à la neuvième session restèrent absolument muets à ce sujet. En revanche, pendant la campagne précédant les élections parlementaires de janvier 1957, Kulesza se vit poser, à une réunion dans sa circonscription, la question de savoir s'il n'était pas du devoir des parlementaires syndicalistes de chercher à obtenir la reconnaissance du droit de grève, puisque l'arrêt du travail « est souvent nécessaire pour réveiller les endormis ». Voici sa réponse : Au cours de l'année dernière, nous avons vu des grèves, et non seulement à Poznan ; pourtant, aucun gréviste ne fut traduit en justice, car en examinant les circonstances, nous avons abouti à la conclusion tices les plus flagrantes du système des salaires en vigueur : les travailleurs de la même profession et qui exécutent des travaux identiques sont rémunérés en application de tarifs entièrement différents s'ils travaillent dans des entreprises ne relevant pas du même ministère. Tel est le cas, par c;xemple, des ouvriers des métaux employés respectivement dans les grandes usines de constructions mécaniques et dans les petits établissements ressortissant au ministère de l'industrie locale. Les employés du commerce se voient à leur tour appliquer un régime beaucoup plus avantageux de congés pay& et d'allocations de maladie dans les magasins d'État que dans les coopératives de vente ; c'est qu'ils passent pour des travailleurs intellectuels dans le premier cas et, dans le second, pour des ouvriers manuels (cf. ibid., 28 janvier 1957). 36. En vertu du • Petit Code pénal• (décret du 13 juin 1946, paru dans Dziennik Ustaw, 1946, n° 30), la participation à la gr~e, la préparation de celle-ci et la coalition sont passibles de peines de prison ou de la peine capitale ; meme la non-dâlonciation des préparatifs à un arret collectif du travail est passible d'une peine de prison pouvant aller jusr~à cinq ana. Cf. l'étude d~à citée de Christophe Gonki · 1 $Q"""6, juin-juillet 1956. Biblioteca Gino Bianco 229 que les ouvriers avaient eu raison, puisqu'ils étaient effectivement obligés de réveiller les « endormis ». Mais après _lahuitième réunion plénière [du Comité central du Parti], la situation changea radicalement et elle continue de changer. Des conseils ouvriers furent créés et d'autres seront établis à l'avenir ; les fabriques sont transférées sous le pouvoir collectif du personnel. De leur côté, les syndicats portent leur attention sur les questions du niveau de vie et des conditions de travail des salariés. Par conséquent, notre activité a pris une orientation garantissant qu'il n'y aura plus de situations nécessitant une grève. Celle-ci d'ailleurs entraîne une diminution de la production ; elle se solde donc, dans les conditions actuelles, par des pertes matérielles qui finissent par retomber sur le peuple laborieux. Il ne faut pas oublier non plus qu'une grève peut offrir aux forces hostiles à la classe ouvrière une occasion de se manifester activement. 37 11est également intéressant de voir comment la presse syndicale présenta le premier arrêt collectif du travail par lequel les ouvriers de la FSO de Varsovie-Zeran avaient réagi, le 1er février, contre une tentative du conseil d' « autogestion » pour accélérer unilatéralement les cadences et modifier les salaires. Le lendemain de cet événement, Glos Pracy publia un bref communiqué de l'agence de presse officielle niant le fait même de la grève. A l'en croire, les ouvriers s'étaient limités à « discuter vivement». 38 Trois jours plus tard, un grand article fut consacré à la· grève de .la FSO par le même journal. Tout en reconnaissant que les ouvriers avaient eu raison de demander que les décisions les concernant ne fussent pas prises sans eux, il n'en déclara pas moins qu'ils n'avaient pas le droit de réagir par un « coup de chien» ayant pour conséquence un « arrêt de travail de plusieurs heures », puisque celui-ci « va, en fin de compte, contre les intérêts ouvriers». Le même article prétendit en outre que dans le hall n° 1, d'où le « coup de chien » était parti, « les ouvriers du montage n'avaient au demeurant pas de travail ce jour-là ». 89 Il est à peine nécessaire de souligner que des procédés diffamatoires de ce genre témoignent d'une ferme volonté de contester aux salariés le droit de débrayer pour faire valoir leurs intérêts. LA REFORME relative au rôle des syndicats dans la détermination des salaires fut, elle aussi, bien décevante. La pratique des années passées fit l'objet, à ce propos encore, de critiques sévères ; et pour cause, les syndicats ayant entièrement cessé de s'occuper des questions de la rémunération. Or, telles qu'elles étaient définies à la neuvième session plénière, les activités qu'ils devaient désormais déployer dans ce domaine furent celles-là mêmes qui leur avaient été assi37. Glos Pracy, 12-13 janvier 1957. 38. Ibid., 2-3 février 1957. · 39. Ibid., S févri r 1957. •

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