Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

128 de changer. Sa politique de « containment » n'a rien contenu, sa politique de libération n'a libéré .personne. La rhétorique diffère des démocrates aux républicains, mais la stratégie reste essentiellement invariable, de Roosevelt à Eisenhower, avec des alternatives de timidité et de bravades. S. Hook discerne deux aberrations majeures dans la série qu'il critique. La première consiste à sous-estimer l'idéologie communiste qui détermine l'attitude soviétique. Cette idéologie explique pourtant l'hostilité implacable, l'incessante guerre de nerfs, guerre de mots, guerre par les armes en l'absence de risque, à laquelle il importe de faire face. Elle explique en outre pourquoi et comment le slogan de la « coexistence pacifique » masque d'innombrables campagnes de pénétration, d'infiltration, de subversion par lesquelles se poursuit partout le travail communiste de sape et de mine. La seconde aberration consiste à ne pas comprendre que l'Union soviétique, nonobstant le dogmatisme des chefs, ne veut pas d'une guerre générale : elle ne demande qu'à s'implanter là où se crée un vide, mais se replie chaque fois qu'un conflit risque de se généraliser. On ne saurait donc l'entraîner dans une guerre à son corps défendant, comme l'ont prouvé les vaines provocations japonaises et hitlériennes avant 1940. Elle ne peut envisager pratiquement une perspective de guerre où la victoire même ne lui permettrait pas de survivre. Partant de ces considérations nécessaires, S. Hook préconise une politique étrangère très discutable qu'il croit cap al,le de contribuer à la libération de l'Europe ce11trale et orientale. On n'en traitera pas ici, car aucune politique efficace n'est concevable sans connaissances solides, sans principes inspirateurs, sans moyens de les mettre en œuvre. Or ces connaissances, ni ces principes, ni ces moyens n'existent dans les sphères dites supérieures de la coalition atlantique. La puissance industrielle et balistique des Américains écarte toute éventualité de guerre intercontinentale en dissuadant les communistes de poursuivre leurs conquêtes en Occident par les armes. Mais dans la guerre politique qui bat son plein, et dont la « conférence au sommet »n'est qu'un récent épisode, les démocraties bourgeoises restent passives, toujours en retard d'une idée, toujours prises au dépourvu, toujours résignées à ne rien faire. A peine si l'instinct de conservaBibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL tion leur dicte parfois une méfiance purement négative qui freine la tendance à s'incliner devant les injonctions de· Staline et de ses , . ep1gones. Par chance, ces derniers ne facilitent pas les choses à force d'ambitions intransigeantes qui compromettent leurs manœuvres. Selon le mot du poète, ils ne savent pas jusqu'où ils peuvent aller trop loin. Leur maîtrise relative sur le plan de la politique vulgaire tient, certes, à l'absence de scrupules mais surtout· à une tension acharnée vers le but à atteindre : ils ne pensent qu'à dominer, à s'agrandir, à nuire aux adversaires déclarés ou potentiels. Un immense «appareil» de spécialistes, d'auxiliaires professionnels de toutes sortes travaille sans arrêt au service de leur stratégie, de leurs tactiques, de leur organisation tentaculaire adonnée tout entière à la même tâche. Tout ce que la science et la technique modernes offrent de moyens d'information, de transmission, de coordination, de diffusion est mis en œuvre pour centupler l'efficacité de cette action protéiforme qui dispose par surcroît de ressources matérielles incomparables. A quoi s'ajoute le concours bénévole de presque toute la presse et la radio occidentales dont l'humanitarisme s'applique à favoriser la cause la plus inhumaine. Au regard de cette monstrueuse entreprise sans précédent historique, les défenseurs des civilisations traditionnelles et apathiques font encore figure d'amateurs peu aptes à se mesurer avec de tels antagonistes. Leurs bonnes intention ne ~uppléent pas au savoir, à la méthode, aux organes cg.mpétents, à la stabilité dans l'effort et à la continuité de vues nécessaires en pareille circonstance. L'hypothèse d'une guerre atomique étant exclue, ils ont à s'équiper de toutes manières pour mener la guerre politique inexpiable que Staline a commencée, que ·Khrouchtchev continue. Ils doivent enfin prendre au sérieux les avertissements communistes qui, dépassant « l'encerclement capitaliste » fictif du passé, proclament l'encerclement pseudo-socialiste réel du présent, l'investissement inexorable du monde plus ou moins libre. A défaut, ils décevront une attente universelle et n'iront péniblement « au sommet » que pour tomber de plus haut. B. Souv ARINE . .

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