B. SOUV ARINE à une propagande à sens unique. C'est ce que les gardiens élus de la démocratie et les zélateurs de la libre entreprise s'abstiennent de faire. Les dirigeants soviétiques entretiennent dans le monde un état dit de «tension» qui crée une alerte permanente, motive de monstrueuses dépenses d'armements et auquel il s'agit, dans l'esprit des Occidentaux, de substituer une phase dite de «détente». Or les termes de « tension » et de « détente » n'ont nullement, en l'espèce, leur signification habituelle impliquant soit des torts plus ou moins réciproques, soit la possibilité d'une entente par suite de renoncements mutuels. L'hostilité systématique du communisme actuel envers les nations indépendantes ne désarme pas devant des gestes amicaux ou des marques de bienveillance où il ne voit que preuves de faiblesse d'une société historiquement condamnée ; il y puise plutôt un surcroît de conviction quant à l'issue de la << lutte finale », et par conséquent des motifs supplémentaires de persévérer dans sa stratégie générale. Les représentants des peuples démocratiques sommés de participer à la « conférence au sommet » n'y changeraient rien par des concessions nouvelles et, d'ailleurs, ne sauraient plus rien concéder sans trahir les intérêts dont ils ont la charge. La partie adverse n'a que des exigences insatiables et impossibles à satisfaire, même partiellement, sans renoncer aux mesures défensives qu'une menace perpétuelle rend des plus légitimes. Cette situation ne laisse place à aucun malentendu et n'implique ni paix, ni guerre. Une conférence de plus ne supprimera pas les effets alors que subsistent les causes. H. Truman reconnaissait en 1951 que les traités signés par l'Union soviétique ne valent pas le prix du papier sur lequel ils sont écrits ; c'était évident bien avant cette date. Aucun fait nouveau ne permet d'escompter un changement pour le mieux à cet égard ni par conséquent de se prêter à une nouvelle négociation turbulente avec quelque chance d'en tirer un résultat positif. Il est vrai que les budgets militaires pèsent d'un poids accablant sur l'économie des pays intéressés et qu'un accord permettant de les réduire serait profitable surtout à la population soviétique dont le niveau de vie se ressent particulièrement des dépenses pour l'industrie lourde : le raisonnement a beaucoup servi aux zélateurs occidentaux de la « conférence au sommet », mais il postule un souci du bien-être de la population soviétique peu compatible avec l'exploitation de l'homme par l'homme en vigueur sous le système prétendu communiste, où la nouvelle classe possédante se satisfait de rendement et de discipline. Tous les peuples Biblioteca Gino Bianco 127 bénéficieraient d'une réduction des armements ; les disciples de Staline ne peuvent donc pas la vouloir. S'ils la voulaient, rien ne les empêche de la réaliser pour leur compte et ainsi de la susciter automatiquement dans l'alliance atlantique où l'on n'attend rien d'autre. Ils n'ont pour cela nul besoin de conférence. Une « conférence au sommet » leur est utile, non pour commencer à désarmer, non pour « défendre la paix » (formule de propagande charlatanesque, vide de sens), non pour réaliser une «détente» (laquelle ne dépend que d'eux), mais pour exercer plus intensément leur chantage habituel, diviser si possible les partenaires de l'alliance occidentale, extorquer des avantages en échange de paroles f allacieuses et se prévaloir urbi et orbi de nouveaux succès dans la guerre froide. Une paix réelle les priverait du seul prétexte, le péril extérieur, par lequel ils motivent l'oppression et les privations que doivent endurer les peuples soviétisés sous leur despotisme. Un revirement sincère dans leur politique internationale se traduirait spontanément en rapports normaux par l'intermédiaire naturel des ambassadeurs. J L NE MANQUE pas d'esprits clairvoyants pour comprendre ces choses et notamment aux ,. Etats-Unis où ils s'efforcent, par de judicieux avertissements, de mettre en garde un gouvernement trop enclin à subir la pression de l'opinion publique abusée ou l'influence d'alliés pusillanimes au lieu d'exercer son leadership sur l'une et sur les autres. Parmi eux se distingue le professeur et philosophe Sidney Hook dont certaines réflexions pertinentes (New Leader du 7 avril) méritent la plus large audience. La politique étrangère américaine, écrit-il en substance, est en crise ininterrompue depuis la guerre et ses erreurs accumulées proviennent tant d'une incapacité de saisir la nature du danger communiste que d'un désir de paix à tout prix prédisposant à la coexistence pacifique prônée par Moscou (cela vaut pour la France et l' Angleterre aussi, plus responsables encore de ces erreurs, car moins excusables que l'Amérique de méconnaître le communisme stalinien). Cette politique étrangère purement défensive est tissée d'improvisations tardives qui ne font que répondre mollement aux initiatives incessantes de l'ennemi. Jamais l'Amérique n'a réellement pris d'offensive psychologique ou politique (dont pourtant il a été si souvent question). Elle se borne à plaider le statu quo, même quand le statu quo est en train
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