Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

· 180 plus diverses : livraisons obligatoires de produits, impôts, ventes à bas prix à l'État, paiement_ des services des MTS, etc. Il doit également constituer des réserves pour le fonds d'amortissement, les investissements futurs, les dépenses culturelles, etc. Enfin, le décompte de la valeur du troudodien se trouve encore embrouillé par le calcul de la rémunération garantie au personnel spécialisé des MTS, rémunération qui est directement fonction du troudodien. On imaginera sans peine les difficultés que présente toute tentative pour décrire de façon à la fois claire et complète un système de cette complexité. M. Wronski y a réussi dans une ,~esure assez considérable. Mais le plus grand merite de son étude réside, nous semble-t-il, dans l'analyse du niveau de rémunération des kolkhoziens et ·dans la façon dont il a su rattacher à ce problème celui du troudodien lui-même. Il démontre en effet que l'introduction de cette unité coml?table fut directement liée à l'infériorité de la paie du kolkhozien par rapport à celle du salarié du sovkhoze: en se décidant à établir le troudodien comme unité de mesure les autorités cherchèrent à rendre difficile po~r les kolkhoziens la comparaison de leur paie avec le salaire des ouvriers ag:icoles proprement dits. Et, en confrontant diverses informations dispersées à travers les sources officielles, il arrive à la conclusion que la rémunération moyenne du kolkhozien est de l'ordre de 1 655 roubles par an, alors qu'il estime le salaire moyen dans les sovkhozes à environ 3 654 roubles par an. A titre de comparaison, l'auteur cite également le salaire moyen dans l'industrie qui s'élevait en 1954, d'après lui, à 700 roubles par mois. C'est là un chiffre arbitraire, car les évaluations des statisticiens les plus qualifiés diffèrent énor- ' . mément les unes des autres. Il n en reste pas moins .que le salaire des ouvriers des sovkhozes est très inférieur à celui des travailleurs de l'industrie. Mais il ne suffit pas, pour se faire une idée du niveau de rémunération des kolkhoziens, d'étudier les moyennes. Aussi M. Wronski a-t-il cherché_ à établir les différences entre les valeurs du troudodien .dans divers kolkhozes. Les conclusions auxquelles il a ainsi abouti méritent d'être cités in extenso : On peut admettre que les différences e1:tr~ la valeur du troudodien dans deux kolkhozes d1st1ncts vont BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL fréquemment de 1 à 3. Ce qui revien! à dir~ ~u'un paysan de la première ferme doit travailler trois J~urs pour obtenir ce qu'un second, ex~~utant le .m~me travail, reçoit en un jour dans la deux1eme explo1tat_1on. Dans cette hypothèse, l'é!entail des rém~nérattons entre les kolkhoziens affectes dans la prem1ere ferme à une tâche classée dans la première catégorie et ceux spécialisés dans la seconde exploitation dans les travaux de la neuvième catégorie va de 1 à 15. L'écart existant entre les revenus d'un paysan collectif appartenant, dans le premier kolkhoze, à la catégorie la plll:s défavorisée et le tractoriste sur diesel S-80 travaillant sur les terres du second serait encore plus considérable, allant de 1 à 98 ! IL RESSORT de tout ce qui précède qu'on ne saurait trop recommander la lecture attentive de l'ouvrage de M. Wronski. Ce qui ne saurait nous empêcher de relever une grave lacune dans ·son exposé. En effet, dans ~ ouvrage intitulé Rému~ération et niveau de vie dans les kolkhoz; les parues consacrées respectivement au troudodien comme mesure de travail et au troudodien comme mesure de répartition devraient logiquement être suivies d'une analyse des revenus que les kolkhoziens tirent de leurs exploitations individuelles. L'auteur n'a pu passer outre à ce problème capital dans la troisième partie, consacrée à la politique poststalinienne, mais il ne lui a consacré qu'un bref<( rappel historique». Or, il est impossible de comprendre vraiment la situation du kolkhozien sans examiner à fond cette question ; une telle étude eût révélé à l'auteur dans quelle mesure le système des kolkhozes s'inspire du modèle féodal. Autre défaut que l'on ne saurait passer sous silence : M. Wronski semble délibérément négliger tous les travaux déjà publiés sur le sujet en Occident. A quelques rares références près, qui d'ailleurs se rapportent à des questions de détail, il s'appuie exclusivement sur les sources soviétiques. Il est vrai qu'il ne fait que suivre en cela l'exemple de certains spécialistes des problèmes soviétiques. Le procédé n'en est pas moins contraire aux règles élémentaires de tout travail scientifique et même, lorsqu'il conduit à utiliser des ouvrages antérieurs sans les nommer, à la simple probité intellectuelle. PAUL BARTON , •

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