Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

QUELQUES LIVRES tard, et la brochure Chants du travail parue en 1905 à Rostov n'en est que l'homonyme et non une réimpression, comme l'imagine on ne sait pourquoi M. Zaleski (n° 617). Plékhanov n'a d'ailleurs pas de chance avec M. Zaleski qui identifie sans rime ni raison Les Tâches des socialistes dans la lutte contre la famine avec un tout autre ouvrage, La Lutte du gouvernement contre les victimes de la famine (n° 765), et attribue à Plékhanov la paternité de la brochure bien connue De l'agitation avec laquelle il n'a aucun rapport (n° 898). Il rattache arbitrairement la brochure de Bourtzev A bas le tsar à l'attentat contre Karpovitch, bien qu'elle ait paru trois ans avant (n° 959). La curieuse brochure La Prière comrne remède contre la constipation publiée par le demi-fou Sidoratski est classée comme étant de tendance socialiste-révolutionnaire (n° 1177). Et ainsi de suite. M. Zaleski opère avec un grand sans-gêne quand il révèle le vrai nom des auteurs d'ouvrages anonymes ou publiés sous un pseudonyme. Il ne croit pas nécessaire de veiller avec soin à indiquer les vrais noms entre parenthèses (il importe pourtant de savoir si en leur temps les textes ont paru sous le couvert de l'anonymat ou signés d'un pseudonyme). Il ignore nombre de pseudonymes divulgués depuis longtemps dans la littérature. Beaucoup d'autres sont donnés d'une façon inexacte. « A. B. » ·(n°6 1224 et 1225) n'est pas A. Bogdanov-Malinovski, mais M. Loukomski. De même « N. Maximov » (n°s 2351 et autres) n'est pas A. Bogdanov, mais N. Rakitnikov. « K. L. » (n° 1630) n'est pas Kamenev mais Ermanski; cc Tchérévanine >> (n°s 2692, 2693, 2903 et autres) n'est nullement Zlatovratski (d'où sort-il?), mais le menchévik F. Lipkine-Tchérévanine, publiciste et économiste fort connu ; « O. Tche-ka >> (n° 578) n'est d'aucune façon Tchernychevski; Chakhov (n° 1712) n'est pas Vorovski, mais Malinine; I. Vétrov (n° 2977 et autres brochures anarchistes) 11'est pas M. Saveliev, bolcl1évik connu, mais I. Knijnik; D. Zaslavski n'est pas Kantorovitch, mais bien Zaslavski ; Zinoviev n'a jamais été Apfelbaum, mais Radomyslski ; N. Garine s'appelait en effet Mikhaïlovski, mais n'avait rien de commun avec le N. Mikhaïlovski bien connu; Larine s'appelait en effet Lourié, mais M. A., sans lien de parenté avec l'historien M. L. Lourié, etc., etc. Même dans ses rectifications, au 2e tome, M. Zaleski a multiplié les erreurs : « S. Mirny » qui publia en 1896 une brochure sur Les Adresses des zemstvos (n° 893) n'est aucunement V. Likhatchev, comme le « complète » M. Zaleski (t. 2, p. 372), mais le prince D. Chakhovskoï, futur secrétaire de la 1re Douma. V. Likhatchev a écrit en effet sous le pseudonyme cc Mirny », mais seulement dans des revues satiriques de 1905-06. Il n'est pas inutile de noter que la monographie connue de M. Nettlau sur Bakounine, lithographiée par l'auteur en trois volumes à Londres, 1898-1900, n'a jamais été rééditée ; toutes les indications de M. Zaleski au sujet de cet ouvrage se rapportent à d'autres travaux de Nettlau sur Bakounine (n° 895). M. Zaleski confond la brochure de Tkatchcv sur Les Tâches de la propagande révoluBiblioteca Gino Bianco 175 tionnaire, 1874 (n° 359) avec une autre brochure du même auteur, Lettre ouverte à Engels, qui ne parut en russe que vers 1930 dans les œuvres complètes de Tkatchev. Il est impossible de relever ou dénombrer toutes les erreurs qt1e contient l'ouvrage en question et dont les échantillons cités ci-dessus ne constituent qu'une bien faible partie. On ne peut que regretter qu'un tel travail n'ait pas été soumis à la révision de quelqu'un de compétent. Quant à s'en servir dans son état actuel, c'est presque impossible : il faut tout vérifier. Si triste que cela soit, on doit à la vérité de dire qu'un véritable index bibliographique - tant soit peu complet et sûr - de la littérature des mouvements ouvriers et socialistes en Russie manque toujours. .. B. NICOLAIEVSKI A venir dit syndicalisme FRP.. NK TANNENBAUM: Le Syndicalisme. Une philosophie du travail. Paris, Éditions de la Colombe, 1957, 177 pp. L'AUTEURest un professeur américain d'origine polonaise, et le syndicalisme étudié par lui est exclusivement celui des États-Unis. Livre à thèse, fort discuté paraît-il, et certaineme11t très discutable. Cette thèse peut se résumer en deux parties : l'une historique et interprétant le sens actuel du syndicalisme en fonction de certaines données psycho-sociologiques des temps antérieurs au capitalisn1e ; l'autre « prophétique >> - si le mot n'est pas trop fort - décrivant un avenir probable pour le syndicalisme sous un régime capitaliste convenablement évolué. Bien des termes employés peuvent choquer le lecteur non averti, par leur manque de nuance; mal entendus, ces termes sont autant de paradoxes. Ainsi, dès le début du livre, on lit ces mots : « Le syndicalisme ouvrier est le mouvement conservateur de nos jours. C'est la contre-révolution >> (p. 2), et à la même page : « En pratique, sinon en paroles, le syndicalisme renie l'héritage de la Révolution française et du libéralisme anglais, en même temps qu'il répudie complètement le marxisme >> (passages soulignés par nous). L'équivoque de ces formules est si évidente qu'on éprouve le besoin immédiat de chercher dans le contexte leur interprétation. 11 faut s'entendre sur les mots. Pour M. Tannenbaum, l'héritage dont il parle est celui du libéralisme individualiste, tel qu'il se manifeste en France et en Angleterre par les lois contre les coalitions au début du XIX siècle. La cc révolution » est celle que le libéralisme économique réali a c ntre l'organisation médiévale, en particulier contre les corporations de métier; cette révolution, « reniée par le syndicalisme», se confond don exclusi ement avec la révolution individuali te des deux si cles

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==