Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

rev11eltistorique et critique des faits et des idées MAI 1958 Vol. II, N° 3 AUTOUR DU << SOMMET >> par B. Souvarine LE POUVOIR soviétique déploie sur la scène internationale une activité inlassable, débordante, pour imposer ses vues en matière néo-diplomatique de « conférence au sommet», ce jargon de date récente ayant le sens d'une rencontre de chefs d'État. Il multiplie les initiatives de toutes sortes, captieuses ou insolentes, afin de s'attribuer comme victoires politiques tant l'acceptation de cette conférence, dans son principe, que ses résultats pratiques à venir. Il ne dissimule même pas ses intentions de refuser toute discussion des sujets qui intéressent ses interlocuteurs éventuels ni ses prétentions d'exploiter la circonstance à ses fins particulières, lesquelles contredisent en tous points celles des pays libres (libres de ne pas reconnaître en Staline ou Khrouchtchev le guide de l'humanité pensante). On ne voit donc pas la moindre raison de déférer à ses exigences, alors que les raisons abondent en sens contraire. Néanmoins il semble admis partout dans les sphères officielles que cette conférence « au sommet » soit inévitable, quelque déplorables ou désastreuses qu'en puissent être les conséquences prévisibles. Le seul argument trouvé pour justifier une résignation aussi peu justifiable est que l'opinion publique ne comprendrait pas un refus de discuter et l'interpréterait comme dommageable aux relations pacifiques entre nations séparées par des malentendus. Ainsi les démocraties qui se disent fondées sur une opinion publique Biblioteca Gino Bianco consciente et éclairée s'avouent incapables de l'instruire, de la convaincre, et donnent cause gagnée d'avance à leur ennemi totalitaire sans scrupules. On ne saurait imaginer déchéance intellectuelle et morale plus prof onde que cette abdication devant le mensonge et la démagogie dont Staline et ses successeurs ont toujours fait preuve. Quant au refus de discuter, il n'a jamais existé que dans la propagande trompeuse qu'il s'agit précisément de percer à jour : depuis quarante. ans, les pays dénoncés comme capitalistes et impérialistes ne cessent, en fait, de discuter avec les communistes. Il y avait des ambassadeurs à Pétrograd, puis à Moscou, pendant la révolution pour laquelle le président Wilson n'hésitait pas à ma nifester avec éclat sa sympathie confiante. La suite ne dépendait pas exclusivement des États défiés par le bolchévisme qui préconisait alors la transformation de la guerre « impérialiste » en guerre civile universelle, le renversement de tous les régimes établis et l'instauration d'une soi-disant dictature du prolétariat. Le « cordon sanitaire» de Clemenceau ne fut en réalité qu'une formule vaine, comme avait été dérisoire le simulacre d'une intervention militaire en Russie, tendant à maintenir le front oriental contre l'Allemagne impériale, même en accord avec les bolchéviks : Lénine et Trotski, un temps, consentirent à se prêter à un tel accord, de même qu'ils voulurent à certain moment reconnaître les dettes du tsarisme, choses bien •

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