Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

164 d'augmenter les investissements industriels et de restreindre la construction des logements - en d'autres termes, de revenir à la politique qui a abouti aux soulèvements de 1956. 29 En outre, le rapatriement d'Union soviétique des ressortissants polonais demeure un devoir national auquel il n'est pas question de se soustraire. Or, d'ici à la fin 1958, 240 000 de ces malheureux sont attendus, sur un total de quelque -800 000 « éligibles ». Dans ces conjonctures, l'émigration est envisagée comme soupape de sûreté. Mais les études d'inspiration officielle consacrées .à cette question prennent soin de préciser que l'émigration ne pourra avoir lieu « qu'à l'intérieur du monde socialiste». Cependant, l'émigration volontaire vers l'Union soviétique et l'Allemagne Orientale ne saurait être envisagée avec faveur par les Polonais, et celle en direction de la Tchécoslovaquie paraît peu souhaitable pour le gouvernement de Prague. Roumanie On ne dispose pas d'informations sur l'état · du marché du travail en Roumanie, et l'on pourrait en conclure que son important excédent de maind' œuvre d'entre les deux guerres a été absorbé .avec succès par l'extension de son industrie. On se souviendra seulement que c'est aussi ce que l'on pensait de la Bulgarie et de la Pologne jusque vers le milieu de 1956... En réalité, les principaux éléments de la situation sociale et démographique de la Roumanie sont semblables à ceux de la Bulgarie : une surpopulation rurale traditionnelle, peu de pertes humaines durant la guerre, un taux naturel d'accroissement plus élevé qu'en Bulgarie (environ 1,35 %, soit environ 225 000 personnes par an), un degré très avancé de collectivisation (42 % des terres cultivables en octobre 1957), et l'exode, jusqu'en 1954, d'environ 2 millions de paysans vers les villes. Il est peu probable que la Roumanie constitue la seule exception à la règle qui veut que des causes sociales semblables produisent des effets sociaux semblables. 30 * )f )f SI INCOMPLÈTES qu'elles soient, les données citées dans cette brève étude font ressortir l'existence, dans plt1sieurs des pays « socialistes » d'Europe, d'un chômage urbain endémique et d'un sous-emploi rural constant que les différents gouvernements s'efforcent actuellement d'endiguer. Selon les circonstances, ces mesures d'urgence - 29. M. Lesz, ibid. 5 septembre 1957. 30. Quant à la Chine - dont ne nous pouvons ici aborder l'étude - il suffira de rappeler que le New York Times, citant le 12 septembre 1957 plusieurs publications communistes chinoises, signalait que le chômage y « atteint des millions de travailleurs»; un tiers seulement des jeunes gens de 16 ans peuvent espérer trouver un emploi ; aucune amélioration de la situation n'est en vue. BibliotecaGinoBianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE dont quelques-unes, comme l'agriculture intensive, les grands travaux, les fonds d'intervention et l'émigration dirigée ne sont pas sans rappeler celles auxquelles recoururent les États intéressés entre les deux guerres .:.._peuvent suffire à empêcher une nouvelle extension. ·du chômage et du sousemploi, encore que cela paraisse peu vraisemblable. Telle est du moins la perspective optima aussi longtemps que les effectifs des classes annuelles de nouveaux travailleurs resteront assez faibles. Par contre, la situation dans ces pays ira en se détériorant avec l'apparition de classes annuelles plus nombreuses à partir des années 60. Notons que le même phénomène tendra, au contraire, à remédier à l'actuelle pénurie de main-d'œuvre en Tchécoslovaquie et en Union soviétique, peutêtre aussi en Allemagne Orientale. En résumé, le dogme marxiste qui veut que le capitalisme engendre inéluctablement le chômage, alors que le socialisme, tel que l'interprètent les communistes, serait en mesure de l'empêcher, est fallacieux. Certes, on trouve encore beaucoup de chômage chronique en Europe du Sud. Mais le développement des économies nationales capitalistes de pays tels que la France et l'Allemagne Occidentale, la Grande-Bretagne, la Suède et la Suisse dépend de l'importation de main-d'œuvre étrangère presque autant qu'en dépend l'expansion de pays à population clairsemée comme le Canada ou l'Australie. De l'autre côté du rideau de fer, la Bulgarie est obligée aujourd'hui d'exporter de la main-d'œuvre, la Yougoslavie et la Pologne peuvent être amenées à en faire autant demain. Il existe sans doute une étroite corrélation entre le plein ~mploi d'une part et l'industrialisation de l'autre, que cette dernière soit spontanée ou forcée; mais les effets de l'industrialisation forcée de type totalitaire ne sont pas les mêmes dans tous les cas, et elle n'est absolument pas le seul facteur qui détermine le plein emploi. La formule soviétique de liquidation du chômage n'est pas susceptible d'application universelle. Cette simple ·constatation est d'un intérêt encore .plus act\lel aujourd'hui, du fait d'un ralentissement économique mo~entané qui se traduit par un accroissement du chômage aux États-Unis et au Canada. La presse soviétique ou d'inspiration communiste cherche à exploiter cette situation. Elle a lancé une nouvelle campagne de propagande pour prouver qu'en régime communiste un tel chômage n'aurait pu survenir. Une assertion aussi gratuite ne peut être ni prouvée, ni infirmée. Par contre, le chômage qui sévit dans plusieurs pays communistes européens est un fait. Ni le silence officiellement imposé sur ce sujet, ni le fait de s'en débarrasser à bon compte en qualifiant le chômage de temporaire, de technologique, de non structural, etc. ne peut mettre fin à un problème dont les populations intéressées mesurent toute la gravité et qui au cours des prochaines années, 'Sera plus que jamais à l'ordre du jour. ( Traduit de l'anglais) JAN WSZELAKI

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