]. WSZELAKI recrudescence du chômage au cours de l'aprèsguerre. En outre, la fuite vers l'Ouest, en 1956, de. plus d~ 1 ?O 000 personnes en âge de travailler qw ont latsse dans le pays leurs biens - et leurs places dans les ateliers, a eu, à une moindre échelle le même résultat que l'expulsion par la Tchéco~ slovaquie de ses. minorités. Toutefois, on ne peut ranger la Hongrie dans la même catégorie que les d~ux pays précéd~nts; bien que le chômage n'y ~1t pas e~c~r,e pris un caractère aigu, il peut y etre cons1dere comme toujours menaçant. * )f '1QU'EN. EST-IL dans les autres pays «socialistes» qw, comme la Russie d'avant 1914, souffrent depuis des générations de surpeuplement relatif et de sous-emploi, mais qui, à la différence de l'Union soviétique, n'ont pas été dotés par la nat11re de vastes terres vierges et de ressources minérales inexploitées ? · La propriété publique des moyens de production et l'économie planifiée leur ont-elles apporté les bénédictions du plein emploi et par là 1:: commencement de la prospérité? La propagande, l 1solement dans lequel on maintient ces pays à l'égard de l'Occident et la suppression de toute donnée statistique ont formé, pendant plus de dix ans, un rideau que n'a pu franchir aucune information digne de foi sur l'état du marché du travail. En Occident, nombreux étaient ceux qui se persuadaient que le chômage ayant de toute évidence disparu en Union soviétique, il en était de même dans les autres pays du bloc soviétique. D'aucuns pensaient, voire espéraient que la société communiste quel que fût le prix dont elle payait son industria~ lisation forcée, était du moins parvenue à liquider le chômage. Depuis 1956, cependant, des informations en provenance de plusieurs pays ont permis de constater qu'il n'en était rien. Yougoslavie En Yougoslavie, le chômage existe depuis longtemps. Le nombre de chômeurs inscrits, ou « personnes cherchant un emploi», était de 99 000 en 1956 (chiffre qui ne reflète pas nécessairement la réalité); sur ce nombre, 26 000 personnes seulement cherchaient du travail pour la première fois · en juillet 1957, au plus fort des travaux agricol;s et de la construction, le nombre des chômeurs était de 83 000 et en augmentation continue. 8 En 1957 également, 20 000 Yougoslaves, pour la plupart des jeunes gens, s'enfuirent en Autriche et en Italie; presque tous donnaient comme raison de leur fuite le chômage ou la crainte du chômage. Selon certains observateurs, le gouvernement yougoslave envisagerait d' «exporter» vers l'Ouest son excédent de main-d'œuvre. 0 8. Bulletin yougoslave d'information, Belgrade, octobre 1957 9. Elie Abel, de Belarad~1,.New York Times, 30 septembre 1957 ; Roscoe Drummond, washington Post, 4 octobre 1957 ; G 8 corac Bail y, The Reporter, New York_, 14 novembre 1957 ; oadan Rad1tsa, The New Leader, 3 rëvricr 1958. BibliotecaGinoBianco· 161 Bulgarie En Bulgarie, la courbe du chômage s'est relevée parallèlement à celle de la collectivisation et de l'exode massif des jeunes paysans vers les villes. Dès 1956, il a atteint les proportions d'un fléau national. En juillet 1956, le gouvernement bulgare motivait ainsi un nouveau décret : « Il est apparu que notre industrie n'est pas en mesure d'assurer le plein emploi de la main-d'œuvre rendue disponible par la mécanisation de l'agriculture, par la réorganisation désormais terminée de certaines branches de l'industrie, et par l'accroissement naturel de la population. » 10 Des crédits d'urgence furent dégagés pour assurer l'emploi supplémentaire de 31 000 travailleurs, et le régime demanda de l'aide à Moscou et à Prague. Ses arguments semblent avoir été convaincants puisque, en plus d'un crédit de 50 millions de dollars pour l'expansion industrielle, il obtint de l'Union soviétique, en janvier 1957, la promesse d'un secours sous forme de matières premières, en vue de la fabrication et de l'exportation en Union soviétique de vêtements, de chaussures et de meubles; cette mesure devait procurer du travail à 60 ou 70 000 personnes. Sans abandonner son plan orthodoxe d'industrialisation, le régime entreprit également un certain nombre de projets exigeant une nombreuse maind' œuvre, comme le développement de la production de légumes et de fruits destinés à l'exportation vers le bloc soviétique. Mais le nombre des chômeurs, d'après des rapports privés, aurait dépassé 200 000, dont 70 000 rien que pour Sofia, 11 Les mesures prises sont dès lors apparues insuffisantes, et il a fallu recourir à l'émigration. Des milliers de jeunes Bulgares se sont vu offrir des contrats de trois ans pour aller travailler dans les mines et les fermes d'État de Sibérie, du Kazakhstan et d'autres lointaines régions de l'URSS; on escomptait que leur nombre atteindrait 15 000. 12 « C'est le rêve le plus cher de notre jeunesse... le témoignage concret de son amour pour l'Union soviétique » déclarait l'Union de la Jeunesse de Dimitrov en commentant ces départs. 13 Mais des lettres privées indiquaient que les parents des intéressés et l'opinion publique y voyaient plutôt une sorte de cauchemar. De son côté, la Tchécoslovaquie se déclarait prête à accueillir 15 000 Bulgares à la condition qu'ils prennent la nationalité tchèque, condition que le régime de Sofia semble avoir rejetée ; seuls 4 000 jeunes seraient partis. Ce qui n'empêcha pas le premier secrétaire du Parti bulgare de déclarer publiquement : « Comme " on sait, le chômage, dans le système socialiste, n'a pas et ne peut avoir de caractère permanent; le nôtre n'est qu'un 10. Décret du 2 juillet 1956 Nouvelles du PrJsidi11111, Sofia, 10 juillet 1956, n° 55. _11. Revue Bu/l[are, New York 1957 n° 1 p. 18. e ch1!fres sont les P.lus bas de tous ceux Que itcnt le publications bulgares hbres et d s d pêch s n n c nsurées adrcs à la presse occidentale. 12. Dép~che de Sofia à La Voi du travail, Var vi 8 Janvier 1957. 13. Jeunesse populair , Sofia, 6 juin 1957.
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