Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

156 en partie réalisée, puisque la part des marchés kolkhoziens dans le total des ventes au détail a été réduite à peu près de moitié ces dernières , annees. Les achats de l'État aux producteurs (par contraste avec les livraisons obligatoires) à des prix qui rendent moins attrayante la vente sur les marchés kolkhoziens ont été efficaces à cet égard. Une autre mesure du même _genre est la vente «à la commission » de la production des kolkhozes (et des kolkhoziens) par le Tsentrosoïouz (Centre des coopératives). En 1953, ces ventes ne représentèrent que 70 millions de roubles, mais en 1956 elles atteignaient 7 milliards, soit à peu près un septième des ventes sur les marchés kolkhoziens. En ce qui concerne les paysans kolkhoziens, leur intervention sur les marchés kolkhoziens en tant que vendeurs fut attaquée de même, et cela par deux moyens. Nous en avons déjà indiqué un, la réduction, la stabilisation ou, du moins, le freinage de leurs exploitations privées. L'autre fut de décourager les répartitions importantes en nature par les kolkhozes. Ces répartitions ne doivent plus dépasser les besoins personnels des kolkhoziens. Les kolkhozes doivent donc vendre davantage à l'État et augmenter leurs répartitions en monnaie. La grande efficacité de cette politique ressort clairement du fait que les paiements en monnaie ont plus que doublé en 1952-56 (le pouvoir d'achat des sommes distribuées augmenta même davantage, en prix du commerce étatique. Pourtant le revenu total des paysans n'a pas progressé de plus de 41 pour cent, même selon les calculs officiels. Décentralisation de la planification. La décentralisation de la planification agricole fait l'objet d'une intense propagande (décret publié dans la Pravda, 21 mars 1955). En fait seuls les abus les plus gênants ont -été éliminés. Ce qu'on considérait comme important du point de vue de l'État est entièrement maintenu. Bien plus, avec le renforcement de l'autorité directe du Parti sur les kolkhozes la centralisation de la planification est en un sens plus grande que • • Jamais. L'État soviétique ne s'intéresse qu'à ce qu'il obtient des kolkhozes. Aussi les livraisons obligatoires et les achats gouvernementaux continuent-ils à faire l'objet d'une planification centralisée. En ce_ qui _concerne les cultures industrielles, les livraisons et les ventes sont égales ou presque à la totalité de la production du kolkhoze.- En ce qui concerne les autres produits, les livraisons et les ventes à l'État consBiblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE tituent une proportion si importantç de la production totale que tout le plan de production en est_ pratiquement déterminé d'avance. O~ ne laisse aux autorités locales et en dernier lieu aux kolkhozes eux-mêmes que la responsabilité de «décider» s'il faut semer de l'orge ou de l'avoine, quels sont les travaux à exécuter et à quel moment, etc. Mais la mainmise d·el'État va plus loin encore. L'expansion de la superficie consacrée au maïs de 3,5 millions d'hectares en 1953 à 23,9 millions en 1956 n'a nullement résulté de l'initiative des kolkhozes. Le Parti qui, par son appareil, pénètre dans tous les kolkhozes, a joué là aussi un rôle décisif. Son pouvoir est sans partage, comme l'a encore confirmé l' «adoption» universelle et quasi instantanée du plan de .. Khrouchtchev pour rattraper les États-Unis en ce qui concerne la p~oduction (par tête d'habitant) de viande et de lait, dès 1958 pour celle-ci, en 1960-61 pour celle-là. L'absurdité du plan de Khrouchtchev a été démontrée plus d'une fois. 3 Or deux jours après l'annonce du «plan » dans les journaux du 24 mars 1957, il y eut un véritable déluge de plans par régions, districts, kolkhozes et sovkhozes promettant d'atteindre et de dépasser l'objectif dans les délais prescrits et même avant. Le décret sur « la modification de la pratique de la planification dans l'agriculture» publié dans les journaux du 21 mai 1955 cite une série d'abus de la planification centralisée qui n'auraient jamais qû se produire. Aujourd'hui le dernier mot app'àrtient aux secrétaires des comités de district du Parti et à leurs subordonnés, incomparablement plus ignorants que leurs prédécesseurs. On ne peut en attendre rien de bon. Conclusion A PEU PRÈS la moitié de l'accroissement de la production agricole en 1953-56 a été obtenue par l'exploitation des terres nouvelles. Une augmentation de l'ordre de 15 pour cent dans les anciens territoires est peut-être satisfaisante pour une période de trois ans, mais elle ne saurait compenser trente-six ans d'incurie. Donc, dans beaucoup de régions et pour beaucoup de produits la situation est restée à peu près la même que dans les dernières années du règne de Staline ; même les pires conséquences de la 3. Voir notamment N. Iasny : The Soviet r956 Statistical Handbook - A Commentary, Michigan State University Press, 1957, pp. 99-102. Pour la viande, il est impossible d'atteindre le but fixé. De plus, il n'y aurait pas de demande pour tant de viande à des prix acceptables pour les producteurs. Quant au lait, il faudra probablement beaucoup plus que l'année dont rêve Khrouchtchev.

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