L'expérience • communiste L'AGRICULTURE SOVIÉTIQUE par Naoum Iasny L'AGRICULTURE soviétique marque une amélioration sensible depuis la mort de Staline. En trois ans, de 1953 à 1956, la production semble avoir augmenté de 25 à 30 pour cent.* On n'observe pas dans les autres pays des taux d'accroissement même approchants, sauf en période de relèvement après une baisse brutale. L'Union soviétique ne fait pas exception à cet égard. Il est encore difficile de se rendre compte du degré de déchéance auquel l'agriculture soviétique avait été réduite dans les dernières années du règne du «génie». Mais chaque nouvelle donnée publiée fait apparaître plus nettement à quel point la situation était désastreuse. En 1953, la production agricole atteignait tout juste le niveau de 1940 (frontières d'après-guerre). L'accroissement en un quart de siècle, depuis 1928, ne représentait que 15 à 20 pour cent. La population avait augmenté d'à peu près autant, mais celle des villes, avec sa consommation beaucoup plus importante de produits agricoles (en valeur) par tête d'habitant, s'accroissait pendant cette période de quelque 150 %. L'utilisation de produits agricoles pour d'autres besoins que la consommation personnelle s'était aussi fortement développée. Dans l'ensemble, la consommation par tête de ces produits par la population rurale et urbaine fut en 1953 sensiblement plus faible qu'en 1928, année où elle était déjà bien modeste (les paysans étaient quasi végétariens). Pendant les dernières années de Staline, la production agricole· se tro~vait * Note de l'auteur. Toutes les évaluations de l'auteur dans le présent article sont nettement indiquées ou du moins reconnaissables comme telles. Les autres données sont soit strictement officielles, soit pratiquement telles, provenant dÊe sources comme le Kommunist, principale revue du Parti l' conomie planifi,ée, revue du Gosplan (Commission d~ planification d'État) ou les Questions économiques, organe de l'Académie des scien.c_e_s_de_l'URSS.Les chiffres officiels ont été tirés, dans toute la mesure du possible, de récents annuaires statistiques, notamment /'Économie de l'URSS en 1956, Moscou, 1957, et le Courrier stati·stique, organe de l'Administration centrale des statistiques. Tenter d'étayer toutes les affirmations par des références ferait dépasser les limites de l'article. Biblioteca Gino Bianco dans un état proche de la stagnation, avec çà et là des déclins plus ou moins dangereux, notamment dans le nord-ouest, où les récoltes de lin, de grains et de plusieurs autres cultures furent désastreuses. En ces années-là, disons de 1950 à 1952, la masse des paysans kolkhoziens vivait au bord de la famine. Ceux qui pouvaient quitter les campagnes le firent. La plupart des autres ne tenaient pas à travailler pour leurs kolkhozes, et le rendement était des plus bas. Les dirigeants post-staliniens qui, à la différence de Molotov et compagnie, sont libres de parler, prétendent aujourd'hui n'être responsables en rien de l'état catastrophique auquel, en trente-six ans, le pouvoir du Parti et leurs activités personnelles (notamment celles de Khrouchtchev lui-même) avaient réduit le pays. Ce qui s'est passé dans l'agriculture depuis la mort de Staline est une rupture plus ou moins complète avec certaines méthodes. Elle porte sur des facteurs tels que les apports en maind' œuvre, machines et engrais artificiels et, chose non moins importante, les revenus des paysans. On ne saurait trop insister cependant sur le fait qu'aucun changement n'est intervenu dans l'organisation agricole. Sur des points importants, ce fut même le contraire. L'accent a toujours été mis sur l'agriculture « socialisée ». Les exploitations privées des paysans kolkhoziens n'ont pas été encouragées. A la fin, une attaque a été menée même contre le petit élevage pratiqué par les salariés. Et l'immixtion du Parti dans l'agriculture a pris des proportions inconnues même sous Staline. • Facteurs de production v Généralités. Le facteur de beaucoup le plus important qui détermina le relèvement considérable de la production agricole à partir de 1953 fut la reconnaissance, au moins partielle, de ce simple principe que les producteurs doivent ..
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