]. L. PUECH d'une paria dont les curiosités sociales et l'apostolat outrepassaient les frontières, qui prêcha aux travailleurs l' « union ouvrière », une union universelle de la classe la plus nombreuse, donc la plus forte. A côté de ses études historiques, fruits de ses laborieux loisirs - pour ainsi dire - c'est à des pr9blèmes pratiques de relations internationales que J. L. Puech consacra, dès le début de sa carrière, ses efforts quotidiens. Si le sujet choisi pour sa thèse n'aboutit à la soutenance qu'en 1907, c'est que, dès son arrivée à Paris, il s'engagea dans la propagande pacifiste, et que cette activité prit bientôt la forme d'une occupation professionnelle. DE BONNEHEURE, il avait eu l'occasion - ce qu'il tint toujours pour un insigne privilège - d'approcher . Frédéric Passy, le fondateur de l'Union interparlementaire et de la Ligue internationale pour la paix. Bientôt, Frédéric Passy lui confia le secrétariat de cette dernière association qui portait alors le titre suggestif de Société française pour l'arbitrage entre nations. Il garda cette fonction à la mort de Frédéric Passy, lorsque la présidence passa au grand biologiste et humaniste Charles Richet, une autre éminente personnalité du pacifisme dans l'intimité de laquelle J. L. Puech eut aussi la joie de travailler. Peu après, la Société pour l'arbitrage entre nations fusionna avec une association à objectifs semblables, la « Paix par le Droit», fondée dès 1897 par un groupe de jeunes Nîmois et présidée plus tard par le philosophe Théodore Ruyssen. Les fonctions de J. L. Puech furent quelque peu modifiées par ce changement, mais non point allégées. Il devint le secrétaire de rédaction de la nouvelle association, c'est-à-dire qu'il assuma, pendant toute l'existence active de celle-ci, de 1912 à mai 1940, la responsabilité d'en éditer le périodique qui porta successivement le titre d' Almanach de la Paix par le Droit, puis de Revue de la Paix par le Droit. Tous les protagonistes des idées pacifistes connaissent bien la petite revue à couverture verte à laquelle J. L. Puech prodigua ses soins pendant si longtemps. Petite par le format, mais riche par le contenu grâce aux collaborations de valeur qu'il sut obtenir. Mais si une défaillance se produisait à propos d'un article promis, il avait à remplir luimême le vide. En sus, lui revenait régulièrement de préparer, avec l'aide de sa compagne et collaboratrice Mme M. L. Puech, la « Revue des revues » et fréquemment la «Chronique» ou les « Notices bibliographiques». Ce travail d'édition, souvent fastidieux, est vital pour le mouvement dont le périodique est l'organe. Le pacifisme français a une dette de reconnaissance envers J. L. Puech pour le dévouement et la compétence avec lesquels il a accompli cette tAche essentielle. Vers 1912 encore, d'autres obligations s'imposèrent à lui dans le domaine des relations interBiblioteca Gino Bianco 109 nationales. La Dotation Carnegie pour la Paix internationale, dirigée par le Dr N. M. Butler, président de l'Université Columbia à New York, décidait d'ouvrir un Bureau européen à Paris. Le sénateur d'Estournelle de Constant en fut nommé directeur. J. L. Puech en devint le secrétairerésident, autrement dit l'administrateur effectif. Les personnalités juridiques et politiques de divers pays qui composaient ledit bureau européen se réunissaient à Paris. J. L. Puech eut ainsi à suivre de près les événements de la vie internationale, et à scruter les symptômes de la tension montante (notamment à travers les enquêtes que mena la Dotation sur des points névralgiques comme les Balkans), dans la période critique de 1912-1914, tant en sa qualité de secrétaire-résident du Bureau européen, qu'à titre de secrétaire de rédaction de la Revue de la Paix par le Droit. C'est encore vers 1912 qu'il organisa, avec l'aide de la Dotation Carnegie, une petite bibliothèque internationale, avec salle de lecture, où furent réunis des livres ayant appartenu à Frédéric Passy et à d'autres pacifistes. LORSQUE la guerre éclata, la Dotation Carnegie mit en veilleuse son Bureau européen, bien que la correspondance continuât entre Paris et New York. La Paix par le Droit s'efforça de tenir bon. Ne fallait-il pas préparer l'après-guerre, et professer hautement la nécessité de reconstruire le monde sur des fondements juridiques assez solides pour éviter le retour d'une catastrophe semblable? (L'idée d'une Société des Nations était en gestation.) Cependant son secrétaire de rédaction fut bientôt au front. Réformé à l'âge du service militaire, J. L. Puech demanda à passer devant un nouveau conseil de révision ; il fut déclaré bon pour le service et servit dans l'armée territoriale sous Verdun et dans la Somme. Il n'en préparait pas moins l' Almanach de la Paix par le Droit. Détail piquant, c'est dans les tranchées situées sous Verdun qu'il reçut d' Anatole France la réponse à la demande de collaboration qu'il avait sollicitée du grand écrivain pour l' Almanach de 1916. Évacué du front l'année suivante, pour cause de santé, il fut finalement versé dans les services auxiliaires et attaché au Service de presse et d'information du ministère des Affaires étrangères, service auquel l'avaient préparé admirablement sa culture étendue, sa connaissance profonde de l'échiquier mondial, et son expérience des méthodes de relations internationales. Après la guerre, la Dotation Carnegie ayant fermé son Bureau européen, il demeura au service de presse et d'information du ministère des Affaires Etrangères, qui lui offrait l'occasion de poursuivre - certes d'une façon différente, puisqu'à l'intérieur d'une administration française - l'œuvre de relations culturelles entre nations à laquelle il était profondément attaché. Les nombreuses notes qu'il dicta anonymement dans cc service, de 1917 à 1940 (date à laquelle il
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