IN MEMORIAM , JULES L. PUECH par Marguerite Thibert LE 2 OCTOBREdernier, à 79 ans, Jules L. Puech mourait à Castres, ville de son Tarn natal où il avait passé une partie de son enfance et de son adolescence, y ayant fait ses études secondaires. Sa disparition laisse dans la peine tous ceux qui eurent le privilège d'approcher cet homme éminemment sociable et d'apprécier - en même temps que la fidélité de son amitié et le charme de sa conversation - la profondeur de ses connaissances d'historien du mouvement social au x1xe siècle et la sincérité de son dévouement à l'idéal pacifiste : un pacifisme rationnel tendant à obtenir la paix par une solide organisation juridique des rapports entre nations. C'est vers ces deux pôles d'intérêt que se sont orientées ses activités dans un labeur incessant. Sans cloisons étanches, d'ailleurs, car des connexions étroites s'établirent constamment dans sa pensée comme dans sa vie entre ces deux ordres de préoccupations. .,*,..,,. fréquemment à collaborer pour l'étude des doctrines économico-sociales et aussi pour la propagande pacifiste. Avec Bouglé, il découvrit le foyer scintillant de pensées hardies que fut le socialisme français à l'époque romantique. Comme lui, il comprit que, jetées à foison au scandale de leurs contemporains mal préparés à les recevoir, les idées des premiers socialistes français avaient ensemencé l'avenir, qu'elles pouvaient encore nous aider à comprendre les problèmes politiques et sociaux de notre propre temps. Dès qu'il entreprend des recherches personnelles, c'est sur le plan international que J. L. Puech situe ses intérêts. Parmi les pionniers du socialisme, ce sont les internationalistes qui l'attirent surtout Il s'attaque en premier lieu à l'un des aspects de la doctrine de Proudhon - celui contenu dans l'ouvrage De la capacité politique des classes ouvrières - mais moins pour étudier la doctrine en elle-même que pour établir les liens du proudhonisme avec l'internationalisme ouvrier de l'époque. Le titre de sa thèse, le Proudhonisme dans l'Association interJULES L. PUECH était né à Labastide (Tarn) nationale des Travailleurs, ainsi que celui de l'appenen 1879, d'une famille d'industriels et de banquiers. dice qui ·la complète, le Sens de l'Internationale A l'issue de ses études secondaires, une vie confor- proudhonienne, indiquent bien sa préoccupation table s'offrait à lui immédiatement s'il eût accepté dominante. d'entrer dans l'une des entreprises prospères qui Plus tard, il s'intéressera intensément à d'autres étaient prêtes à lui faire place dans leur état-major réformateurs sociaux français, mais surtout à ceux directeur. Mais ses goûts étaient ailleurs. Il renonça qui eurent une vision universelle des problèmes à la vie facile, toute tracée par ses ascendants, pour-------s--ociaux : façonner lui-même sa destinée. 11 entreprend des - aux saint-simoniens, perceurs d'isthmes, iniétudes de droit, les mène à l'Université de Toulouse tiateurs d'un plan de réorganisation pacifique du jusqu'à la licence puis, vers 1900, part pour Paris globe sous, l'égide de l'Association, qui travailles y achever. lèrent à substituer le règne des puissances spiri11 arrivait dans la capitale l'esprit déjà orienté tuelles à celui de la force brutale et le prestige vers les questions auxquelles il allait consacrer ses des grandes réalisations industrielles au succès études personnelles. A Toulouse, il avait rencontré des conquêtes militaires; Célestin Bouglé à l'occasion d'une conférence que - à Constantin Pecqueur, le propagandiste du ce grand sociologue, tout jeune professeur alors fédéralisme, l'inventeur d'une société internamais déjà puissant animateur d'un auditoire tionale devant remplacer les puissances compétid'étudiants, était venu y donner .. Dès ce premier tives et dénommée « la République de Dieu»; contact se noua entre les deux hommes une amitié - à Flora Tristan, particulièrement, l'auteur qui se resserra d'année en année et les amena des Promenades dans Londres et des Pérégrinations Biblioteca Gino Bianco
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