Le Contrat Social - anno II - n. 2 - marzo 1958

. - •· ... rev11e!tistoriqi1e MARS 1958 et critique Jes faits et Jes iJées Vol. Il, N° 2 LA ·GRANDE ILLUSION par .A.. G. Horon . ' ' 1 DE N<?S JOURS, 1~ grand_e_ill~sion est . touJours celle qtu depuis dix ans a · · consisté à se persuader - comme la France officielle avant· 1e désastre de 1-940 _:. que « nous vaincrons parce que ·nous sommes les plus forts». On se souvient des affiches de propagàride qui illustraient cet aphorisme en résumant la philosophie des Alliés pendant la « drôle de guerre» : sur tous les murs, des mappemondes en· rouge et noir révélaient l'illusoire grandeur des prétendues Puissances, prête à engloutir la tache infime qui représentait lè territoire de l'insolent agresseur. Cependant, ballon de propagande, cette force si impressionnante sur le papier se dégonfla dès les· premiers coups de l'ennemi pourtant plus «faible». Celui-ci n'eut en effet aucun mal à déborder, sur le terrain militaire et psychologique, une ligne Maginot qui devenait désormais (du moins pour le monde anglo-américain) le symbole même d'une stratégie d'immobilisme et de suicide. Aujourd'hui on érige à grands frais - à frais astronomiques - une ligne Maginot d'un nouveau genre, non plus seulement en Europe, mai~ en Amérique et tout autour du globe. Bien entendu, la nouvelle construction se situe à un niveau très supérieur de technologie. Il n'est plus question d'aligner de simples forteresses en, béton et d'y installer des pièces d'artillerie à l'ancienne mode. On veut confier maintenant tout notre avenir à un réseau de bases ultra-modernes ou de rampes de lancement pour armes « absolues » : fusées futuristes aux caractéristiquesencore incertaines,engins interBiblioteca Gino Bianco • continentaux, satellites fragiles qui pourtant circulent déjà dans les orbites jusqu'ici réservées aux comètes et aux astres. Mais malgré toutes les différences de style, de technique, de science (ou de science-fiction), cet arsenal fantastique et inhumain ne correspond à rien d'autre· qu'à la précédente stratégie de passivité, renforcée d'un chantage réciproque à la terreur .. ·C'est l'expression matérielle d'un espoir sans espo4', la matérialisation d'un calcul qui prétend éviter l'Apocalypse en fàisant trembler d'horreur l'adversaire autant qu'on· tremble soi-même .. Il n'y a là aucun signe visible d'une résolution ·qui consisterait à agir dans le présent immédiat, avant qu'il ne soit trop ·tard, afin d'éteindre 1es flammes d'une guerre non déclarée, pas toujours «froide », et menée à sens 11nique. · · Plus que jamais, les fondements de la stratégie occidentale appellent une révision sérieuse. Il ne s'agit pas seulement des aspects purement militaires, mais aussi des principes de politique les plus généraux : la définition de la p~ et de la guerre, le concept même de supériorité et de victoire doit être réexaminé avec lucidité. Tant que l'humanité n'est pas réduite à une population muette de robots, que les armées n'ont pas été transformées en batteries d'automates pour une guerre pousse-bouton, il reste vrai que l'issue de tous les conflits nationaux ou internationaux dépend du jeu des forces morales autant que des déterminismes matériels. Le caractère, le courage et l'intelligence, l'énergie spirituelle et la confiance mutuelle entre associés sont aussi décisifs que la masse pure et simpl~, ou le

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