Le Contrat Social - anno II - n. 2 - marzo 1958

• UN ALLIÉ DES COMMUNISTES POLONAIS par Alexander Korab HITLER vient d'accéder au pouvoir. Issu d'une vieille famille polonaise aristocratique, Boleslas Piasecki est encore un tout jeune étudiant en droit de l'Université de Varsovie. Il fait ses premières armes dans l'ONR, organisation de jeunesse du parti polonais national-démocratique, de tendance conservatrice, et il y introduit l'influence des nouvelles philosophies totalitaires qui déjà règnent en Italie et en Allemagne. _En 1934, à l'âge de vingt ans, Piasecki provoque .une scission dans l'organisation dont il est membre et entraîne avec lui les éléments fascisants pour fonder la « Phalange national-démocratique». Ses partisans reconnaissent en lui le magnétisme personnel d'un chef, et même les attributs physiques d'un être destiné à symboliser un mouvement raciste et nationaliste. D'une stature impressionnante, blond aux yeux bleus, avec un visage mâle aux traits fortement ciselés, il pouvait servir de prototype à l' «aryen» des nazis, et devient en fait le miroir idéal du Slave ou du Polonais, tel que le conçoit la Phalange. Les chemises vertes Les idées phalangistes sont exposées pour la première fois dans une brochure que Piasecki publie à Varsovie en 1935, sous le titre Duch Czasow Nowych a Ruch Mlodych [L'Esprit du Siècle et la vocation de la jeunesse]. Voyant dans le bolchévisme, le nazisme et le fascisme les courants politiques dominants du xxe siècle, Piasecki sonne le glas du libéralisme, idéologie d'une époque révolue, et déclare que la Pologne, pour répondre à l'appel de l'Histoire, doit entreprendre, elle aussi, la transformation révolutionnaire non seulement de sa structure politique, mais de son caractère national. La mission historique de la Phalange, Biblioteca Gino Bianco affirme Piasecki, est de fournir à ce mouvement révolutionnaire une direction et une impulsion. L'objectif politique essentiel est de créer un État totalitaire où le pouvoir suprême appartiendra à un seul parti qui sera l'« organisation politique générale de la Nation polonaise» et que dirigeront des cadres d'élite fortement organisés. Deux années plus tard, ces idées reçoivent une formulation plus concrète dans le fameux « Programme Vert » de la Phalange. Piasecki prétend réaliser une « synthèse » du catholicisme et du fascisme totalitaire, idée dominante qui trouve son expression dans la formule du préambule : « Aller à Dieu en travaillant pour la Nation.» Le reste du programme suit de près le modèle nazi : parti unique représentant l'ensemble de la nation et investi du pouvoir suprême, économie dirigée, nationalisation des industries de base et du commerce de gros, enrégimentation des activités culturelles, expulsion des Juifs, et « p olonisation intégrale » des autres minorités nationales. Dans son organisation et sa discipline intérieures, la Phalange adhère étroitement au Führer-Prinzip des nazis, adoptant aussi l'apparat extérieur caractéristique des mouvements totalitaires. L'élément national est mis en évidence par le choix, comme insigne, du glaive de Boleslas Ier, fondateur médiéval du premier royaume de Pologne. Revêtus de leurs chemises vertes, les membres de la Phalange se reconnaissent aussi par léur forme particulière de salut, réservée aux Polonais régénérés. Cependant, malgré les efforts ·multipliés par Piasecki pour attirer la jeunesse polonaise par cette combinaison classique de pompe nationaliste et d'extrémisme social, le mouvement ne se développe pas aussi rapidement que son chef le souhaite. Alors il a recours à une autre tactique bien connue des nazis : l'organisation de groupes phalangistes de u combat », qui auront pour mission essentielle

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