Le Contrat Social - anno II - n. 2 - marzo 1958

B.D. WOLFE rence de paix ni de traité général comme après les autres guerres, mais que l'avenir serait réglé au jour le jour par les opérations militaires ellesmêmes, de sorte que si la stratégie demeurait étrangère à cette perspective, nous n'aurions qu'une paix boiteuse et injuste. Les illusions de l'alliance russe étaient telles qu'on n'accorda pas le moindre crédit à cette démonstration. Cela ne doit pas surprendre dans le cas d'une Cassandre qui n'était, en l'espèce, qu'un auteur indépendant. Mais Churchill, tout autrement placé, ne fut pas plus heureux lorsqu'il proposa d'orienter la stratégie alliée de manière à assurer une occupation et une libération communes des Balkans et de l'Europe de l'Est ; rien, pas même Churchill, ne pouvait prévaloir contre les illusions dont se berçaient les deux nations anglo-saxonnes. On sait ce qu'il advint: partout où l'armée soviétique fut la seule occupante, nous voyons aujourd'hui des pays conquis. Là où il y eut occupation commune, nous BibliotecaGinoBianco 91 trouvons aujourd'hui des pays divisés : l'Allemagne., la Corée. Enfin, là où l'Armée rouge ne put pénétrer, il reste un pays, le Japon, libre de critiquer l'ancien occupant et de décider de son propre sort. Ainsi., la nature et les fins du totalitarisme soviétique eussent-elles été mieux connues, les choses auraient pu tourner autrement pour des centaines de millions d'êtres humains. 11s'agissait certes d'une situation exceptionnelle., en ce sens que la guerre avait engendré des conditions d'une fluidité non moins exceptionnelle. Mais notre effort pour connaître et comprendre le monde totalitaire n'est à aucun moment un exercice gratuit d'abstraction sociologique ou de généralisation historique. Chaque jugement sur la nature du totalitarisme et sur l'amplitude de ses changements possibles est lourde de sens pour l'avenir de millions d'hommes. (Traduit de l'angfais) BERTRAM D. WOLFE •

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