Le Contrat Social - anno II - n. 1 - gennaio 1958

A .. BENNIGSEN tation du muridisme », le leader du PC daghestanais exécute Chamil qui est désormais un «agent » des sultans turcs et de la diplomatie anglaise, un ennemi acharné des masses laborieuses, un allié des grands féodaux, «féodal et obscurantiste» lui-même. « Son mouvement a servi les intérêts anglais et turcs. » « La conquête du Daghestan par les Russes était en effet, affirme A. Danjalov, un acte historiquement progressiste, attendu par le peuple et l'intelligentsia du Daghestan, impatients de voir s'effondrer un tyran détesté, impatients aussi de s'unir au peuple russe frère. » Et A. Danjalov conclut en dénonçant ses compatriotes, encore « subjugués par le nationalisme bourgeois», qui idéalisent Chamil, l'islam et le passé national daghestanais : « ·cette situation est intolérable. Il faut introduire l'ordre bolchévik dans le domaine de l'idéologie. » En 1951, les Voprosy lstorii (n° 9 de septembre) publient un article d' A. Fadéiev intitulé «Le muridisme, instrument de la politique agressive de la Turquie et de l'Angleterre », consacré à l'étude des relations entre les murides et les « colonialistes ». Il comprend une analyse détaillée de la politique anglaise au x1xe siècle, « politique de conquête » au Caucase et en Asie Centrale, et du rôle de « marionnettes » des << colonialistes » anglais et français joué par la Perse et la Turquie. En mai 1952 parut la brochure du professeur N. A. Smirnov, tirée à 140 000 exemplaires : La Nature réactionnaire du mouvement muridiste et de Chamil au Caucase, rédigée en pleine conformité avec les thèses de Baghirov. Cette brochure devint une directive pour les propagandistes du Parti et mérite comme telle une attention particulière. Partant, comme Baghirov, de la relativité de la doctrine lénino-stalinienne sur la question nationale, Smirnov déclare que pour apprécier correctement un mouvement national, « il importe de discerner les intérêts de classe qu'il exprime, quels objectifs il poursuit et quels buts il se propose» : L'essentiel est le caractère de classe de tout mouvement national. Tout écart de cet impératif du marxisme-léninisme conduit inévitablement à des erreurs graves, à l'idéalisation tant du mouvement dans son ensemble que de ses mots d'ordre et de ses chefs. Et Smimov se déchaîne contre les historiens qui ... ... oubliant les fondements théoriques du marxismeléninisme, idéalisaient certains mouvements nationauxréactionnaires, faisaient le jeu des ennemis des travailleurs et freinaient le développement de la lutte révolutionnaire ... Voilà pourquoi la dénonciation de la conception vicieuse sur le caractère soi-disant libérateur du muridisme et du mouvement de Chamil présente une importance d'actualité. Elle permet aux hommes soviétiques et à toute l'humanité progressiste de dénoncer impitoyablement les efforts actuels des impérialistes pour camoufler leurs plans de rapine par des tirades démagogiques et des mots d'ordre nationalistes mensongers. Analysant l'essence politique et religieuse du muridisme, Smimov reprend en les développant la Biblioteca Gino Bianco 13 plupart des arguments de Baghirov et revient une fois de plus sur l' «actualité politique du problème », en dénonçant les nationalistes «bourgeois » admirateurs de Chamil : Des œuvres étrangères à l'esprit du parti bolchévik et à la vérité historique se sont glissées dans notre littérature historique, didactique et scientifique. Certains auteurs ont fait preuve d'une confiance aveugle, indigne d'un historien soviétique, envers la littérature étrangère (bourgeoise) qui altère sciemment les faits et les événements, qui exalte la politique colonisatrice de la Turquie et de l'Angleterre et relègue dans l'ombre l'activité subversive des agents étrangers au Caucase. Pour finir Smirnov se réfère à Staline afin de proclamer que la conquête du Caucase a été pour les montagnards menacés par les « assimilateurs » turcs et persans un « bien absolu ». ... Seule la réunion avec la Russie a sauvé ces peuples de l'asservissement et de la destruction. La réunion à la Russie du Caucase avec sa population multinationale., qui gémissait depuis des siècles sous le joug du sultan et du chah, fut un événement de caractère progressiste ... Par le fait de leur incorporation à la Russie, les peuples caucasiens échappèrent au réel danger de l'extermination physique et de l'assimilation. En outre, des conditions, minima il est vrai, furent créées en vue de combler le retard économique et le morcellement politique de ces peuples, ainsi que des conditions de lutte commune avec les ouvriers et paysans russes contre l'autocratie tsariste . ... Chamil et ses naïbs trompaient les masses en assimilant les intérêts des asservisseurs anglais et turçs à ceux des simples montagnards ... La politique qui tendait à séparer le Caucase de la Russie était profondément contraire et hostile aux aspirations des peuples . caucasiens. C'est aussi dans l'esprit des thèses de Baghirov qu'a été rédigé, pour la deuxième édition de la Grande Encyclopédie Soviétique, l'article ISLAM (vol. 18 de 1953) où l'on peut lire (p. 516) : L'islam a toujours joué un rôle réactionnaire. Il a été, dans les mains des classes exploiteuses, un instrument d'oppression spirituelle des travailleurs et a été exploité par les colonisateurs étrangers afin d'asservir les p~uples d'Orient. Quant au MURIDISME, le vol. 28 de 1954 en donne une définition identique à celle de Baghirov (p. 645) : Le plus belliqueux des courants de l'islam ... C'est le même ton intransigeant qui caractérise tous les autres travaux consacrés au muridisme caucasien jusqu'à la mort de Staline et même jusqu'au xx0 congrès du Parti. On trouve ainsi, au hasard des recherches, un ouvrage collectif publié par l'Académie des Sciences de Géorgie sous la direction du professeur Ch. V. Tsagareichvili : Chamil, agent de la Turquie des sultans et des colonialistes anglais (Tiflis, 1953) ;

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