Le Contrat Social - anno I - n. 5 - novembre 1957

280 trop faible idée de son vaste savoir mis, comme disait Saint-Simon, au service '' du plus grand nombre '' ~ Souhaitons que son exemple éveille des vocations et suscite des disciples dignes de leur maître. » IL ÉTAIT NATUREL, dans le Contrat Social, de s'arrêter plus longuement sur l'« écrivain social » expression vague et insuffisante, mais la seul; qu'offre la langue fr~nçaise pour ~ifférencier cette part de la pensee et du trav?il de Maxime Leroy. Après cela, M. Jules Mih~ra, président honoraire à la Cour de Cassation, prononça les paroles les plus émou~an~es en souvenir du régionaliste que fut l'ami disparu. Cet aspect de la vie de Maxime Le:o~ r~ste un des moins connus. Membre de la Federation régionaliste française depuis_ plus d'un deII?: siècle, le Parisien alsacien avait longtemps habite Hossegor et observé notamment le sud-~uest de la France (son dernier écrit, lu à la radio le 17 octobre est sur les Landes). Ce que dit M. Mihur; sur Maxime Leroy régionaliste vaut pour tous les autres aspects de la riche personnalité intellectuelle dont on déplore la p~r~e; « Son savoir était immense et son activite s'exerça dans des domaines fort différents, mais tendant essentiellement, à travers tous ses ouvrages, à présenter un panorama social aussi objectivement que possible, avec un constant souci scientifique, tout fait de patience et de prodigieuse assimilation. Le _secret de sa réus~ite, le voici sans doute : Maxime Leroy soucieux de l'avenir était d'abord curieux du passé et c'est cette recherche attentive du passé, ces minutieuses informations dans le bouillonnement des coutumes, des métiers, des courants sociaux qui tout naturellement devaient faire de Maxime Leroy un régionaliste. Et il l'a été, dans toute l'acception du terme, en pleine efficacité. » M. Mihura rappelle le mot de Charles-Brun, fondateur de la Fédération régionaliste, définissant le régionalisme comme « la conscience d'un passé et la préparation d'un avenir », ce qui caractérise aussi Maxime Leroy et s'applique à toute son œuvre, à ses recherches, à ses travaux d'historien, de critique, de sociologue. Il souligne l'opportunité «de maintenir et de renforcer les salutaires tentatives de défense contre le péril de nivellement et d'uniformisation», opinion que partageait Maxime Leroy, « horrifié par les perspectives même encore lointaines d'une humanité de moins en moins différenciée », toujours enclin à encourager «les efforts faits pour maintenir les contacts directs de l'homme avec le coin de terre qui l'a vu naître et pour BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL empêcher les particularités ~on~ il av2it le culte de se dissoudre dans la grisaille montante de l'impersonnel ». , . D'autres amis ou collegues de Maxime Leroy ne manqueront pas, sans doute, d'apporter leur hommage à cette mémoire si chère dans les publications où ils prennent part.* Déjà M. Max Richard, dans Le xxe siècle du 28 septembre, a noté justement qu'on_oubliait, l'âg~ de _M~m~ Leroy «à le voir si Jeune d esprit, si vif, s1 attentif au mouvement des idées et des hommes » (il participait encore activement au Comité de rédaction de la revue Fédération, entre autres). «Cet homme modeste, courtois, bienveillant était un grand travailleur. Il laisse une œuvre considérable qui déborde la notoriété qu'!l s'était acquise parmi les happy few », poursuit M. Max Richard, rappelant le Sainte-Beuve de la Pléiade, les ouvrages sur Stendhal, sur Taine, sur Saint-Simon, sur Fénelon - et surtout que «Maxime Leroy, premier entre tous, a exploré en France un domaine neuf: la signification du syndicalisme. (...) Sa Coutume ouvrière reste un ouvrage irremplaçable et irremplacé. Co~plétée quelque dix ans plus tard par Les Techniques nouvelles du syndicalisme, elle trace les grandes lignes d'un droit social coutumier fondé sur les traditions ouvrières et non sur le juridisme d'État». Dans le Journal de Genève du 18 septembre, M. Henri de Ziegler dit, de la mort de Maxime Leroy : «Cette triste nouvelle affectera prof ondément les amis nombreux qu'il comptait dans notre ville. Ils espéraient l'y revoir aux dernières Rencontres internationales. Depuis douze ans, il y prenait part avec une invariable fidélité. » Le même écrivain évoque « la longue carrière de Maxime Leroy ... exemplairement laborieuse et féconde », son activité dans des domaines fort différents, ses œuvres principales, et il dépeint l'homme si humain : « Il était un causeur incomparable, et l'on ne pouvait conter mieux. Sa mémoire était un trésor de souvenirs et d'anecdotes. Mais sa bonté prof onde émoussait les pointes de sa malice. Nul ne se montrait ni plus sensible, ni plus fin. Il faudrait encore parler des dîners Maxime Leroy. Ceux qui ont eu le privilège d'y être accueillis au moins une fois savent quelles fêtes de l'esprit ils pouvaient être. Octogénaire, ce savant si humain et si discret demeurait merveilleusement Jeune, recherché par des amis bien moins âgés que lui. » Le Monde du 19 septembre, dans une notice nécrologique, a mentionné les titres de Maxime Leroy : professeur honoraire à !'École des • On li;a J;)lusloin l'article que lui consacre Hyacinthe Dubreuil. · · •

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